Le Mali, à l’instar des autres pays du monde entier, célèbre la journée nationale de souvenir aux victimes d’accidents de la circulation routière, le 18 novembre de chaque année. Pour honorer la mémoire les victimes des accidents de la route dans notre pays, le ministère de l’Équipement et des transports à travers l’Agence nationale de la sécurité routière (Anaser) a décidé d’organiser une marche le lundi dernier pour honorer la mémoire des victimes.
Cette journée coïncidait avec la fin des activités de la 11e édition de la semaine nationale de la sécurité routière ponctuée par une caravane de sensibilisation et de formation des chauffeurs et conducteurs routiers.
Selon le ministre de tutelle, Abdoulaye Koumaré, le chagrin et la détresse des victimes d’accidents de la route sont d’autant plus intenses que la plupart d’entre eux sont jeunes et que beaucoup de ces accidents pouvaient être évités.
Mais ce que le ministre-Général feigne d’ignorer, c’est que son département peut tout son temps à organiser des fora, des ateliers et autres conférences sur la sécurité routière, tant que les recommandations ne sont pas suivies d’actes concrets, c’est peine perdue ; tant que les usagers continueront à faire la sourde oreille et à fermer les yeux, rien ne servira d’accuser la route. C’est nous qui tuons ! Pas un seul jour sans que l’actualité ne nous interpelle sur l’inconséquence et la cupidité, la stupidité et l’irresponsabilité de certains responsables de l’administration publique, de certains transporteurs, mais aussi la bêtise des passagers, passifs et dociles.
Cela est d’autant plus vrai que l’état de nos routes et le non-respect du Code de la route ne sont pas toujours à l’origine des accidents routiers.
À l’origine du mal, il y a d’abord la délivrance frauduleuse de reçus de visite technique pour des véhicules ne répondant pas aux critères requis. D’où ce triste constat de voir que la plupart des engins, qui sont mêlés dans les accidents de la route, se trouvent en mauvais état avec des systèmes de freinage défectueux, dépourvus du moindre système de sécurité.
La raison d’une telle inconséquence est connue de tous : le népotisme et la recherche du gain facile.
À cette irresponsabilité de certains responsables, s’y ajoute la bêtise des passagers.
Oui, ces passagers inconscients et tolérants qui acceptent rester debout dans un car ou une Sotrama plein comme un œuf, après avoir payé au tarif normal, simplement parce qu’ils sont pressés d’arriver, parce qu’il ne veulent pas attendre le prochain ou la prochaine. Ces passagers debout qui acceptent descendre et marcher pour franchir le poste de police et rejoindre en catimini le car qui attend à quelques mètres de là. Ces passagers qui exultent et sont dans l’extase quand le forcené de chauffeur appuie sur l’accélérateur pour atteindre la vitesse de la mort.
Il y a des compagnies ici au Mali dont le simple nom évoque la vitesse et l’indiscipline (je n’en citerai pas un seul) et il y a des gens qui ne jurent que par ces compagnies où les passagers sont traités comme du bétail. Quand un car de 70 places transporte 90 personnes, voire plus, et roule à 120 km, 140 km/ heure, sans qu’un seul passager ne lève le petit doigt pour dénoncer le suicide collectif, à qui d’autre voulez-vous jeter l’anathème ? Quand un véhicule de transport en commun transporte au vu et au su, des bidons d’essence, d’huile ou autres produits inflammables, a-t-on vraiment besoin d’être un charlatan pour prévoir l’irréparable ? Question de bon sens !
Nous sommes d’abord les premiers complices et les premiers responsables, les premières victimes. Personne n’est obligé d’entrer dans un car cabossé et plein à craquer, parfois rempli de chèvres, de vaches et d’hommes, sans compter les bagages.
Personne n’est obligé d’emprunter une compagnie dont la première qualité est la vitesse, la vitesse folle, celle qui mène à la mort. Personne n’est obligé de se taire quand la sécurité des passagers est menacée par le mauvais comportement du conducteur ou d’autres passagers. Certains chauffeurs, parfois des apprentis, conduisent en état de somnolence, pire parfois dans le «ciel» et pour parler comme l’homme de la rue : « ils se saoulent ou se droguent » avant de prendre le volant, à bord d’un véhicule mal en point, sans phare et presque sans frein, mais en règle avec sa visite technique.
Le comble, lorsque vous interpellez un chauffeur sur son excès de vitesse, vous êtes parfois même pris à partie par les autres passagers. On vous traitera de donneur de leçons, avant de vous lancer que vous n’étiez pas obligé de prendre ce car. Mais où allons-nous dans ce pays ?
C’est incroyable ! En vérité, c’est pitoyable et même lamentable de voir tous ces passagers en danger, rigoler à gorge déployée ou somnoler la bouche ouverte dans ces tombeaux roulants, sans le moindre soupir.
En tout cas, que, tous, nous prenions conscience en faisant en sorte que nos routes ne soient plus le théâtre de spectacles macabres en respectant certaines lignes de conduite comme le souci de l’intégrité (pour les responsables) et d’esprit civique (pour les conducteurs et les passagers).
Par Mohamed D.DIAWARA
Source: Info-Matin