Dimanche, Guillaume Soro, le très controversé président de l’Assemblée nationale ivoirienne et ancien chef de l’ex-rébellion dite des Forces nouvelles, s’est officiellement prononcé pour la première fois sur le cas de son ancien camarade de lutte, devenu son adversaire politique, Charles Blé Goudé (aujourd’hui incarcéré dans les geôles de la Cour pénale internationale). Guillaume Soro a fait une déclaration plutôt inattendue. Les détails.
C’est ce dimanche, lors d’une réception qu’il a organisée à son domicile de Marcory Résidentiel à Abidjan, que Guillaume Soro s’est prononcé sur le sort de son ancien camarade de lutte. Cette réunion rassemblait d’anciens membres de la Fesci (Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire), dont ont fait partie Guillaume Soro et Charles Blé Goudé.
Après avoir adressé ses salutations à ses invités, Guillaume Soro a fait référence à l’ex-ministre de la Jeunesse de Laurent Gbagbo (Blé Goudé), en ces termes :
Personne ne peut être heureux de ce qui arrive à l’un d’entre nous. Parce que, on peut se retrouver nous aussi quelque part.
« Je veux saluer tous ceux qui ont permis que l’histoire se pérennise et traverse les décennies. Quelqu’un a dit qu’il y a 30 ans déjà que cette lutte a commencé. Après moi, secrétaire général, je veux saluer Blé Goudé, mon secrétaire à l’organisation qui est à la Haye. »
Et comme s’il s’adressait à tous ceux qui prédisent son possible atterrissage dans les prisons de la CPI, Guillaume Soro a poursuivi son intervention, arguant que « personne ne peut être heureux de ce qui arrive à l’un d’entre nous. Parce que, on peut se retrouver nous aussi quelque part. C’est le destin. Moi, je me suis déjà retrouvé en prison avec Blé Goudé, ici à Abidjan. Donc personne ne doit se réjouir du malheur des uns et des autres. Je le salue, il est à la Haye, je le salue, je salue mon secrétaire à l’organisation. »
Faisant cette fois-ci référence aux trois anciens secrétaires généraux de la Fesci que sont Martial Ahipeau, Eugène Djué et Jean Blé Guirao, le président de l’Assemblée nationale les a qualifiés de héros de la nation.
« Nous avons, semble-t-il, sacrifié la période la plus précieuse de notre vie pour la Côte d’Ivoire. Et il faut que ce soit reconnu. C’est pourquoi pour moi, ce sont mes aînés, ce sont des héros de l’histoire de notre pays. C’est pourquoi quand ils ont demandé à venir me voir, je les ai reçus avec beaucoup d’émotions (…) On ne peut pas comprendre l’histoire politique de notre pays sans parler de Martial Ahipeau, d’Eugène Djué, de Blé Guirao. »
Outre Eugène Djué, Martial Ahipeau et Jean Blé Guirao, d’autres anciens de la Fesci, tels que Konaté Sidiki, Mian Augustin et Jean Yves Dibopieu étaient présents à ces retrouvailles.
Un silence toujours bien gardé
Charles Blé Goudé, fidèle soutien de l’ancien président Laurent Gbagbo, est détenu à la Haye depuis le 22 mars 2014 pour des crimes présumés contre l’humanité, qui auraient été commis en 2010-2011 (meurtres, viols persécutions…) dans le cadre des violences postélectorales qui ont ensanglanté la Côte d’Ivoire.
Des rumeurs persistantes prêtent des intentions présidentielles à Guillaume Soro, qui garde soigneusement le silence autour de la question. Pour beaucoup, toutes les sorties officielles de l’ancien chef rebelle sont des opérations de charme, qui ont pour but de laver son image d’ancien chef de guerre pour le rendre plus “présidentiable”. La prochaine élection présidentielle ivoirienne se tiendra fin 2020.
Selon les indiscrétions, Guillaume Soro serait l’adversaire numéro un d’Ahmed Bakayoko, l’actuel ministre de la Défense qui lui, serait l’un des préférés du président Alassane Dramane Ouattara, dans le cadre de la future présentielle. L’avenir nous le dira.
Source:africanews