Après 100 jours de période de grâce, certes émaillés de résurgence de vieilles affaires retentissantes qui ont pollué l’atmosphère, le gouvernement de large ouverture dirigé par le Dr Boubou CISSE fait face à sa première épreuve de force et à sa première crise de confiance. Pas qu’avec les jeunes « radicaux » de Kati qui ne veulent rien céder, pas qu’avec les jeunes bloqueurs de route de Kolokani, Djidjeni, Diéma, Nioro, Nara, Kita, Kéniéba, Kayes et d’autres localités qui s’apprêtent à leur emboiter le pas, mais avec l’opinion malienne.
Ce qu’on appelle l’affaire de la RN1, RN2, RN3, RN4… n’est pas que la faute d’une presse ou de réseaux sociaux, en mal de sensation, qui œuvrent à envenimer les choses à travers le prisme déformant de leurs propres opinions. Il est aussi la résultante d’une politique de dissimulation de la vérité que les Maliens abhorrent par-dessus tout. Il est la conséquence d’une communication spectacle et de mise en scène servie à satiété à travers ses canaux (médias et réseaux sociaux) qui se rendent compte qu’ils ont été complices d’une manipulation gouvernementale, à travers le lancement trompeur des travaux de la route Kati-Kolokani-Djidjeni.
Ce scandale routier, ajouté à d’autres (grève des diplomates), qui oblige le gouvernement à écourter ses congés, n’est que la rançon de l’incompétence et de l’imprévoyance des équipes successives à mener à bien le programme pourtant clair, réaliste et réalisable du Président IBK.
Mais bien pire, il est la traduction concrète de l’incapacité, du peu de respect et de considération envers les populations.
Émile de Girardin (homme politique et journaliste français) sur les fondements de la gouvernance et son art avait dit : « gouverner, c’est prévoir ; ne rien prévoir, c’est ne pas gouverner (…). L’art de gouverner, c’est l’art de vaincre les difficultés ; l’art de vaincre les difficultés, c’est l’art de choisir les hommes selon leur aptitude : et cet art, c’est le secret de toute grandeur, c’est l’explication que donne l’histoire de l’éclat des plus illustres règnes ».
Quand on n’a pas les moyens, on fait la politique de ses moyens. Donc, rien, absolument rien n’obligeait le gouvernement agir comme il l’a fait. Si faute de moyens financiers pour prendre en charge le coût, le gouvernement a dû renoncer à reconstruire la route Kati-Kolokani-Didieni et opter pour sa réhabilitation progressive pour un montant de 78 milliards, qu’est-ce qui empêchait le même gouvernement à dire aux populations qu’il arrête « pour des raisons financières. Suite à des tensions de trésorerie, l’entreprise n’a pas perçu la totalité de l’avance de démarrage qui devait lui permettre de continuer les travaux » ?
Mais comment les Maliens peuvent-ils croire à la sincérité et à la bonne foi du gouvernement lorsqu’après un tel pourrissement de la route et de la situation, sa principale préoccupation est plutôt le manque à gagner pour ses caisses et non le calvaire qu’endurent, depuis des années, les populations ? Comment un gouvernement peut-il convaincre les populations de ses difficultés de trésorerie lorsqu’il affirme qu’il tire 2,5 milliards par jour d’une route ? Route dont il chiffre la reconstruction à 350 milliards ?
On ne gouverne pas les populations avec les mensonges et des chimères. Les populations ont largement muri. Une petite opération d’arithmétique permet de comprendre qu’avec 2,5 milliards par jour, le gouvernement tire 912,5 milliards par année de 365 jours de cette route. Donc, plus de deux ans et demi qu’il n’en faut pour sa réparation. Alors qu’on trouve autre chose pour convaincre les usagers de cette route. En tout cas, tout sauf ‘’pas d’argent’’.
PAR BERTIN DAKOUO
Source: info-matin