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Grève illimitée des magistrats : Des torts partagés entre gouvernants et grévistes

Quand le gouvernement et les magistrats s’empoignent en un triste et désolant bras de fer, le peuple (le contribuable) n’a que ses yeux pour pleurer. Non sans avoir dénoncé l’incurie et les bêtises de l’un et des autres.

Selon plusieurs experts jurisconsultes de la trempe des Kéba Mbaye, la déontologie et l’éthique du magistrat ne doit, en principe lui permettre d’aller en grève illimitée. Si le Bénin vient de légiférer dans ce domaine en limitant le temps maximal de grève possible aux juges à un mois dans l’année, la France a déjà restreint le droit de grève à ce corps sensible de l’Etat de droit. Faut-il rappeler qu’il n’y a pas d’Etat sans justice, encore moins d’Etat de droit sans un fonctionnement normal de l’institution judiciaire.

Au Mali, nos magistrats se font trop bruyamment entendre. C’est au point qu’ils cumulent, ces trois dernières années, plus de 3 mois de grèves ! C’est le comble ! Comment comprendre qu’ils aient pu commencer la nouvelle série d’arrêts de travail à seulement quatre jours du premier tour de l’élection présidentielle du 29 juillet 2018 ? Que disent-ils de ce que les spécialistes du Droit du travail appellent les « opportunités temporelles de la grève » ? N’ont-ils pas fini par prêter le flanc pour être qualifiés de « manipulés politiques » par le gouvernement ? Quid de l’attitude du gouvernement,qui peine à faire des propositions concrètes par rapport aux revendications financières de ces magistrats ?   

Il semble que derrière la volonté de dialogue affichée par les hautes autorités à propos de la grève illimitée des magistrats, se cache la malice de châtier les juges « manipulés par l’opposition ». Des intentions de représailles cachées ? Le nouveau ministre de la Justice, Tiéna Coulibaly, aurait, de bonne source, reçu instruction d’un proche collaborateur du président de la République, président du Conseil supérieur de la magistrature, de sévir contre ces « magistrats inconscients ».

Après la lettre-réponse des 2 syndicats de la magistrature à celle du ministre des Finances du Mali, sentant le risque de divulgation de certains scandales, la présidente de la Cour constitutionnelle du Mali, Manassa Danioko et son conseiller, Fatoumata Diall ont entamé des concertations en compagnie du ministre de la Justice à la demande du président de la République. Ce, afin de trouver une solution à l’amiable avant le début du mois d’octobre 2018. Le président a accepté les doléances des deux syndicats et demande à Mme Manassa Danioko de sauver la face du gouvernement en obtenant des deux syndicats des compromis sur la forme. Cependant les listes des bureaux des deux syndicats seraient disponibles au cabinet du président de la République… Et la prochaine réunion du Conseil supérieur de la magistrature, attendue à la fin de la grève pourrait prononcer des sanctions contre des magistrats syndiqués jugés… « opposants »

Les pourparlers entre les syndicats de la magistrature et nos religieux ont échoué ce mercredi 26 septembre 2018. Seid Chérif Ousmane Madani Haïdara, président du groupement spirituel des leaders religieux à la tête d’une délégation composée de l’imam Kokê Kalé de la grande mosquée, ont rencontré les magistrats afin qu’ils suspendent leur grève. Après 2 h 30 mn de discussions, les deux syndicats de la magistrature ont finalement opposé leur refus de suspendre leur mot d’ordre de grève. Les deux syndicats ont respectueusement demandé aux émissaires de bonne foi d’aller rencontrer le chef de l’Etat IBK, qui selon eux, est le seul à avoir la solution à la présente crise.

En outre, la rencontre entre les deux syndicats et le président de la Cour suprême, a permis à Nouhoum Tapily de dénoncer la tentative éhontée de chantage orchestrée par ses collègues.

 

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