Face à l’indifférence, les oubliés de la société envisagent ce cas de figure dans un Mali où la conjoncture se fait sentir.
« La grève des mendiants » est le titre du livre d’une célèbre romancière sénégalaise.
Elle évoque un scénario imaginaire où les mendiants se font désirer dans leurs sociétés superstitieuses voire fétichistes comme le pays du Diatiguiya. Ces faits qui semblent être tirés de l’imaginaire* conduisent pourtant à la réalité bamakoise par moments.
Le changement de décor mis en avant par l’auteure correspond à certains carrefours de la capitale malienne qui transportent littéralement le lecteur dans la réalité de cette fiction. Il suffit de faire le tour de Bamako la nuit pour comprendre que les mendiants prennent parfois leurs distances.
En effet, l’absence des concernés saute à l’œil nu car plusieurs espace clés sont déserts. Ils désertent littéralement leurs endroits habituels dans le centre-ville ce qui provoque un malaise discret.
Habitué des sacrifices, le malien agit parfois dans la discrétion ou dans la nuit sur consignes occultes. L’absence des mendiants empêche finalement ceux qui désirent s’acquitter de leurs sacrifices ou qui croient réellement aux vertus de la charité envers les démunis d’agir.
Cela n’avait pas attiré l’attention aux départs mais des grincements de dents sont fréquents chez ce
Mali frileux des SRAKA nocturnes. Avec l’ampleur qu’avait pris l’opération de déguerpissements de la
Gouverneure Ami Kane, il n’est pas aussi exclu que ce soit le résultat d’un nettoyage nocturne discret des lieux publics. Cependant, on pourra constater que certains des mendiants sont tournés vers les lieux chics à l’instar de la rue princesse et affiliés. Visibles aux alentours des restaurants jusqu’à 2h du matin, ils ont des motivations gastronomiques.
Guettant les repas des clients, ils attendent que ces derniers se lèvent pour bondir sur l’assiette laissée sur la table. Parfois, certains se sont levés pour laver les mains et ont vu la table occupée par les voisins encombrants qui ont satisfait leur estomac pendant que le plat était abandonné.
Seulement la grève est parfois réelle puisqu’il arrive des jours où les mendiants affichent un visage tout autre : celui de refuser la nourriture. Une façon de dire qu’ils préféreraient avoir de l’argent puisque certains doivent rendre compte à un maître coranique qui attend ce qu’ils auront récoltés durant le périple dans la rue. On est loin et même très loin de l’application de la loi interdisant la mendicité. L’exploitation des enfants peut donc continuer sous nos cieux à visages découvert au nom de supposées règles sociétales.
Idrissa Keita
Le Témoin