C’est l’homme d’Etat en action même s’il n’est pas le Président de la République. Dans notre parution du 28 aout dernier, nous parlions déjà suffisamment du culminant point d’honneur de M. Soumeylou Boubèye MAIGA, notamment sur son succès dans l’organisation de la présidentielle 2018.
Décidemment, l’homme que l’on surnomme également l’homme des situations difficiles répond bien aux qualités que l’on lui attribue. A l’entame de ce second mandat d’IBK, le plus chaud dossier est sans doute la grève des magistrats. Face à cette épineuse question, l’on a encore beaucoup appris de lui. Les initiatives et les méthodes envisagées sur la gestion de la grève, de la demande d’avis adressée à l’instance judiciaire suprême sur la légalité de la grève en passant par le décret de réquisition, Soumeylou Boubèye Maïga a su donner une évolution au droit positif malien tout court.
Au nom de la nécessaire préservation de l’équilibre général du pays dans un effort de solidarité partagé, le chef de l’Administration malienne qui occupe indéniablement la position d’homme d’Etat semble gagner le pari de son stratagème.
Le mouvement de grève des magistrats, déjà mal parti à un moment de campagne électorale semble maintenant épuisé tant de par sa durée que de par les mesures de rétorsion initiées par le chef du gouvernement. Le stratège l’avait d’ailleurs affirmé durant sa tournée en 5ème région: « L’assurance que je peux donner, c’est que le Gouvernement continuera de prendre tous les moyens légaux et règlementaires pour faire en sorte que les citoyens aient droit aussi à tous les services publics ». Et le premier ministre a été on ne peut plus convainquant : « Je ne veux laisser aucun doute qu’en l’état actuel, le Gouvernement ne peut faire aucun effort financier supplémentaire parce qu’il serait insoutenable pour le pays et notre responsabilité, c’est de préserver l’équilibre général du pays dans un effort de solidarité partagé ».
Il n’a cessé de rappeler toujours que les défis que son gouvernement a à relever demandent à chacun de donner un peu de lui-même, même si le droit de grève est un droit constitutionnel mais qui s’exerce dans le cadre de la loi.
Aujourd’hui, le stratège SBM est en passe de gagner son pari sur la gestion de ce dossier. Les magistrats qui attendaient beaucoup du magistrat suprême, comme sous ATT, dans la gestion de leur dossier ont vu un cuisant revers.
Contre toute attente, le chef de l’Etat a rencontré le conseil supérieur de la magistrature. A l’issu de cette rencontre qui a été élargie au PM, au ministre de la justice et au Président de la cour suprême a abondé dans le même sens que son employé, SBM, même si sur le volet sécuritaire, il s’engage à envoyer dans les meilleurs délais 122 agents à travers les différentes juridictions en attendant le triplement de cet effectif. Il aurait répété mot à mot les termes de son PM.
En effet, sur le volet financier, IBK dit ne pouvoir faire aucun effort financier non seulement parce qu’il n’y a pas d’argent, mais aussi la crainte de l’effet domino. Que par contre entre décembre à janvier à venir, il y aura une revue générale de la situation salariale de tous les agents et que cette revue tiendra compte de la particularité du cas des magistrats, avant de demander à ses interlocuteurs de lui faire un minimum de confiance. Sur la réquisition,
il dit être d’accord et solidaire avec son PM, estimant que les magistrats ont refusé d’observer le service minimum en violation de la loi et que c’est ce qui a amené son PM à agir de la sorte.
Des dernières évolutions de ce dossier, se dessine une victoire du PM SBM. Une importante rencontre a eu lieu, la semaine dernière entre les deux syndicats et le Garde des Sceaux à sa demande.
Le Ministre de la justice leur a fait d’abord la restitution de la rencontre entre le Président de la République et les membres élus du Conseil Supérieur de la Magistrature.
À cette occasion, il leur a fait comprendre que le Chef de l’État s’est engagé à améliorer les conditions de vie et de travail des magistrats; que, de même, le Président de la République à invité les Syndicats à lui faire confiance. Le Ministre a dit estimer que cela constitue un engagement plus important qu’un accord écrit obtenu du Gouvernement. Le Ministre a proposé de lever sans condition le mot d’ordre de grève sur la base de cet engagement présidentiel. Enfin, il a insisté sur le fait que l’Exécutif tient aujourd’hui à ce que l’on sorte dans les meilleurs délais de cette crise; que c’est pour cela qu’il invitait les Syndicats à faire une déclaration unilatérale pour lever le mot d’ordre de grève.
En réponse, les syndicats ont exprimé au Garde des sceaux leur gratitude pour l’initiative de cette rencontre. Ils lui ont, d’entrée de jeu, fait comprendre que, comme le gouvernement, la magistrature tient à une sortie de crise et à l’apaisement du climat social. Mais que cela doit intervenir dans des conditions durables et surtout honorables pour les deux parties.
Les Syndicats ont fait savoir qu’ils acceptaient la main tendue du Chef de l’État mais qu’ils voudraient au préalable un certain nombre de mesures d’accompagnement à savoir que :
1- Le Premier ministre rapporte son Décret de réquisition qui porte atteinte à l’indépendance du Pouvoir judiciaire ;
2- Le gouvernement adopte le tableau synoptique à lui proposé par les syndicats suivant les modalités dégagées par le même document relativement à la question sécuritaire ;
3- Le Gouvernement s’engage à adopter la nouvelle grille avec comme plancher 700 et comme plafond 2500 avant fin février 2019 ;
Selon les sources, la délégation syndicale, après avoir exprimé sa disponibilité au dialogue, a pris congé du garde des sceaux sur cette position et a rendu compte aux deux bureaux qui ont décidé, compte tenu de la délicatesse de la question, d’en saisir l’Assemblée Générale qui sera convoquée à cette fin le jeudi 25 octobre 2018 à la Cour d’appel de Bamako. L’on peut spéculer déjà sur une toute prochaine levée de mot d’ordre des syndicats à l’issu de cette AG.
Daniel KOURIBA
Source : Le Renard