Durant la semaine écoulée, les établissements privés soufflaient le chaud et le froid avec l’immixtion quotidienne de l’AEEM qui compromet sérieusement l’année scolaire en cours.
Déjà sur Facebook, une consœur évoluant désormais dans une structure sous-régionale touchant le monde rural publiait un document de la faitière estudiantine. Son commentaire était le suivant : « L’école de mes enfants, âgés de 6 ans et 4 ans, vient de m’informer que l’AEEM est partie les mettre à la rue !!! C’est quoi encore le problème avec cette association ? Qu’est-ce qu’ils gagnent en faisant cela ? », s’interrogeait-elle, indignée et surprise.
Si beaucoup ont plus ou moins pris la chose à la légère, elle a fini par avoir raison de tous à travers cette alerte. D’autres mères de famille ont publié le fameux « ordre de mission » durant la même semaine déplorant l’objet : sortie nationale au nom de la grève des enseignants !
Alors que l’AEEM disait arrêter les cours du lundi 25 au mercredi 27 février, elle vient de récidiver le jeudi matin pour un délai de 72 h. Conclusion : la semaine du 25 au 29 février 2019 a été sevrée de cours au détriment des enfants maliens : consternation générale des parents qui mettent d’énormes fonds pour les frais de scolarité devenus exorbitants.
L’éducation est l’essence même du développement humain. Sans elle, le développement ne peut se faire sur une base solide et large ni durable. Il y va de la qualité des ressources humaines d’un Mali qui sort tant bien que mal d’une crise multi-sécuritaire.
Pourtant, vu la persistance des grèves déclenchées par les 9 sections syndicales de l’enseignement public, force est d’admettre que par faute d’efforts intrinsèques du côté de l’actuel ministre de l’Education nationale, Abinou Témé, et de son équipe, l’école malienne continue avec ses crises et débrayages. Ce qui fait que le bon déroulement de l’année scolaire 2018-2019 est totalement compromis. Le débat est devenu une affaire nationale et les réseaux sociaux en sont d’importantes tribunes de discussions.
Au fil des mois, la situation de l’éducation malienne est devenue de plus en plus préoccupante. Et pour cause, après la période de grève de dix jours déclenchée par les syndicats des écoles publiques, du fondamental à la formation professionnelle en passant par le secondaire, les enseignants signataires de l’accord du 15 octobre 2016 ont lancé un autre mot d’ordre de grève de 13 jours au complet.
Elle partait du mercredi 13 février dernier jusqu’au 1er mars 2019 sur toute l’étendue du territoire national. Le préavis de cette grève a été déposé il y a moins d’un mois sur la table du gouvernement. Situation inconfortable pour les parents d’élèves qui ne cachent plus leur mécontentement teinté de frustrations d’ensemble et légitime. Même les autorités de l’Education nationale doivent avoir le même ressenti sachant que les syndicalistes, ont précisé que tant que leurs revendications ne sont pas satisfaites, il n’y aura pas d’école publique cette année.
Sauf qu’on est sorti de ce cadre pour contaminer celui du privé. Sans ménagement, les sections locales de l’AEEM dans les quartiers de la capitale bamakoise s’en sont donné à cœur joie. Chaque matin aux environs de 9 h, ils prennent d’assaut les complexes scolaires privés des 6 communes et mettent les apprenants des lieux à la rue sans ménagement. Les enfants sont ainsi dans la rue ignorant parfois les effets néfastes de ces sorties intempestives surtout en juste milieu d’année scolaire.
L’ampleur de la crise amène à s’interroger sur le fait qu’elle fasse office de préoccupation réelle chez le ministre de l’Education nationale, Abinou Témé. On pourrait même se demander si le chef de l’Etat et son Premier ministre n’ont pas fait une erreur de casting. En effet, il faut noter que la présente grève succède à celle qui a porté sur une durée de 10 jours.
Les syndicats qui communiquent le plus sur ce bras de fer déclarent à qui veut l’entendre que les négociations amorcées avec le gouvernement ont toutes échouées. Sur les 10 points de revendications, on a quatre qui furent pris en compte ; à savoir : la régularisation administrative et financière des enseignants sortants des grandes écoles, le plan de carrière des enseignants et les indemnités de déplacement.
Cette arrivée « légitime » de l’AEEM à l’école privée aux fins de « réguler » dénote que ces grèves permanentes risquent fort de faire révolter les parents d’élèves à l’échelle nationale. De plus en plus, des voix se font entendre et on pourrait aller vers un divorce entre parents d’élèves et école malienne. Pression supplémentaire pour département de tutelle qui se doit de conjuguer ses efforts avec celui de la Fonction publique et du Travail pour sortir l’école malienne de cette crise qui n’a que trop duré. Le risque imminent à moyen terme reste celui de l’année blanche.
Conséquence qui se fait de plus en plus sentir chez les élèves et leurs parents à tous les niveaux. Le gouvernement a intérêt à relancer les négociations pour sauver ce qu’il reste de l’école malienne. N’oublions pas les régions du Nord et du Centre abritant plusieurs écoles fermées depuis 2017, à cause de l’insécurité. La balle est désormais dans le camp de qui de droit afin que soit sonnée la fin… de la récréation !
Idrissa Keïta
Le Point du mali