Malgré la désolidarisation du Syndicat National de L’Education et de la Culture, la semaine dernière a été marquée par une grève de cinq jours déclenchée par des groupes de syndicats d’enseignants qui ne parlent plus le même langage que le gouvernement. Il s’agit du SYLDEF, du SYNEB, du SYNTEC, du SYNEFCT et de la FENREC.
Désemparés, les parents d’élèves haussent le ton, d’autres tentent de réconcilier les parties pour une résolution de la crise. Entre la problématique de la bonne volonté d’agir et la capacité économique de supporter les revendications, une analyse de la situation s’impose.
Depuis, la chute du régime de l’UDPM et l’arrivée de la démocratie, notre système éducatif a perdu ses repères. De la baisse de niveau des élèves à l’abandon des parents, en passant par l’effritement de la qualité des enseignements et au manque d’autorité dans la gestion des affaires scolaires, l’école malienne tâtonne. Au regret de le constater, cette école constitue aujourd’hui une « honte » nationale. A qui la faute ? Les avis sont divers et partagés. Mais le moins que l’on puisse dire, c’est que chaque acteur a sa part de responsabilité dans cette affaire. L’élève n’est plus au centre des préoccupations du système éducatif. L’enseignant qui est dans son droit de revendiquer multiplie son combat de la survie, à la faveur des luttes syndicales.
Pour ce qui est de la récente grève des enseignants, nous avions mené une enquête pour éclairer la lanterne de nos lecteurs. Les rumeurs tuent la bonne information. Le grand point de désaccord, l’uniformisation des indices de salaire par rapport à la sous-région. Sur ce point, les grévistes estiment que l’enseignant malien subit un mauvais traitement comparativement à certains collègues des pays voisins dont l’économie est moins forte que celle du Mali. AC, un responsable du SYNEB (syndicat national de l’éducation de base), raconte : « quand on prend le Burkina Faso, un enseignant fonctionnaire de catégorie A, a pour plafond de grille 2850. Mais, quand tu prends un enseignant malien de la catégorie A, le plafond de sa grille salariale est de 985. La différence est très grande. Et pourtant, le Mali est économiquement plus riche que le Burkina. Le Mali est le troisième pays le plus riche de l’UEMOA. Ce n’est pas pour rien qu’on nous attribue ce titre. Nous sommes troisième producteur de l’or dans le continent et premier en coton dans la sous-région. Nous nous posons la question de savoir à quoi servent ces indicateurs. Où vont les bénéfices de ces richesses. L’économie malienne est à mesure de supporter nos doléances. Au gouvernement, nous avons donné un indicatif d’indice. On a dit pour l’enseignement secondaire, catégorie A, d’amener le plafond de la grille indiciaire à 3500. Et pour le fondamental, on a dit 2500. Mais il n’est pas dit que nous allons avoir obligatoirement les 3500 et les 2500. Au Mali, nos professeurs du supérieur n’ont même pas plus que 3000 points. On ne peut pas dépasser ceux-ci. C’est des indicatifs que nous avons donnés pour qu’on puisse discuter à partir de là. Mais le gouvernement a catégoriquement refusé. Il y a une mauvaise volonté de la partie gouvernementale. L’Etat peut toujours négocier. Le gouvernement ne veut même pas discuter par rapport à ce point. En termes de perspectives, je ne peux pas vous dire, si nous allons envisager une grève illimitée. Il y a plusieurs méthodes légales pour aboutir aux revendications. Nous n’allons pas prendre des actes qui ne sont pas conformes à nos textes. Après l’évaluation de la grève sur le territoire national, nous allons organiser un meeting pour informer la base de ce qui s’est passé entre nous et le gouvernement. C’est la base qui décidera du dépôt d’un préavis de grève illimitée, ou d’une marche pacifique ou autre action .Et nous serons obligés d’exécuter l’avis de la base.».
Du côté du département de l’Education nationale, c’est le règne de la colère. Des instructions fermes ont été données aux directeurs d’académies de relever les noms des grévistes afin de procéder à une retenue sur leur salaire. La fédération des parents d’élèves est ainsi interpellée au même titre que les plus hautes autorités à privilégier la négociation et le dialogue. C’est seulement sur la table de négociation qu’un accord durable peut aboutir.
La rédaction
Source : La Lettre du Peuple