Assis hier quelque part à Bamako, un retraité reçoit une alerte du service «BMS Kibaru» de la Banque malienne de solidarité (BMS.sa) l’informant que sa pension est disponible. Aussitôt se dirige-t-il vers la direction générale de l’institution financière, sise à Aci 2000. Sa surprise et son étonnement seront immenses, quand il apprendra que le Syndicat des banques et affiliés sont en grève de 72 heures renouvelables si un compromis n’est pas trouvé. Pis, le service minimum, une obligation, n’était même pas respecté à la demande des syndicalistes.
Mis devant le fait accompli, il s’indigne. «Quel que soit le motif évoqué, les syndicalistes doivent voir et savoir le bon côté des choses, surtout le côté social. Au moins, il doit y avoir un service minimum pour les clients. C’est vraiment compliqué», se lamente notre retraité, l’air inquiet.
Comme lui, cet arrêt de travail avait provoqué l’émoi et l’incompréhension chez la plupart des clients des banques grévistes. Ils étaient nombreux à se demander comment on peut décider d’aller en grève, vu la situation actuelle du pays et surtout en cette veille de fête de Tabaski. Surtout que les gens espèrent sur les salaires pour acheter des moutons pour la fête et les habits pour femmes et enfants.
Mais, leur inquiétude et mécontentement seront de courte durée. Et pour cause, le mot d’ordre de grève de 72 heures mis en exécution hier par le Syndicat des banques et établissements financiers et affiliés, a été levé dans la journée aux termes d’âpres négociations entre les parties concernées. L’information a été confirmée par le secrétaire général de la section syndicale de la Banque nationale de développement agricole (BNDA), Alassane Sanogo.
Joint au téléphone, celui qui est également président de la commission discipline de l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM), a indiqué : «Un compromis a été trouvé, un procès-verbal de conciliation signé avec le président du Conseil national du patronat, Mamadou Sinsy Coulibaly, en collaboration avec les secrétaires généraux de l’UNTM et du Synabef» (Syndicat national des banques et établissements financiers).
Cette grève qui a affecté, hier mercredi des milliers de clients, avait été décrétée pour exiger «le respect immédiat des dispositions légales relatives à la liberté syndicale et l’annulation pure et simple des décisions illégales de mutation de Mme Keïta Fatoumata Sangho».
En clair, a précisé le syndicaliste, «la nommée Mme Keita Fatoumata Sangho sera ramenée à la direction générale de la Banque de développement du Mali (BDM-SA) au plus tard le 30 septembre prochain. Elle gardera le statut et le rang qu’elle avait avant sa mutation».
Pour Alassane Sanogo, la mutation de Mme Keïta Fatoumata Sangho est une atteinte à la liberté syndicale. Une liberté qui, soulignera-t-il, doit pouvoir s’exercer afin que vivent les syndicats pour le bien de tous les travailleurs. Car sa mutation est une violation des articles 5 et 8 de la Convention collective des banques.
«La convention dit qu’un syndicaliste ne peut être muté qu’avec son consentement, d’un établissement à un autre. C’est aussi une violation des conventions et traités internationaux de l’Organisation internationale du travail (OIT) dont le Mali est signataire», a expliqué de son côté un autre syndicaliste, Cheick Oumar Diakité qui faisait le piquet à la direction générale de la BMS pour constater l’effectivité de la grève.
Babba B. COULIBALY
Source: Journal l’Essor-Mali