Le Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) a organisé, le dimanche 28 octobre 2018, dans l’après midi, au Palais de la culture de Bamako, un grand meeting, pour dénoncer la gestion actuelle du pays par les tenants du pouvoir. Selon les responsables du FSD, la panique inonde Koulouba car rien ne va plus au Mali. « Des centaines d’écoles sont fermées, des centaines de centres de santé sont fermés, le panier de la ménagère se vide dangereusement, le prix du carburant continue de prendre l’ascenseur de manière incompréhensible, les communautés maliennes s’affrontent à coup d’armes de guerre au nord comme dans le centre du pays. Personne ne peut s’aventurer en dehors des grandes villes au risque de se faire tuer. Le Nord et le centre du Mali sont caractérisés par l’absence totale de l’État. Les caisses de l’Etat sont vides », a souligné le chef de file de l’opposition malienne, l’honorable Soumaïla Cissé, un des responsables du FSD. Et d’ajouter que le projet de découpage du territoire national est une bombe à fragmentation. Aux dires des responsables du FSD, à partir d’aujourd’hui, la résistance s’impose car disent-ils, pour le Mali, aucune révolte ne sera de trop.
Plusieurs personnalités ont pris part à ce premier meeting organisé par le Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD). Parmi elles, on peut citer, le président de l’Union pour la République et la démocratie (URD), l’honorable Soumaïla Cissé ainsi que son épouse Astan Traoré, des candidats à l’élection présidentielle de 2018 comme Me Mountaga Tall, Choguel Kokalla Maïga, Moussa Sinko Couliblay, Mohamed Ali Bathily. On notait également des responsables des partis politiques comme Djibril Tangara du FCD, Oumar Hamadoun Dicko du PSP, Modibo Sangaré de l’UNPR, Sidi Touré et Me Hamidou Diabaté du Parena, Nouhoum Togo du Pdes. Il y avait Me Hassane Barry du barreau malien, l’ex patron du CICB, Paul Ismaïl Boro et bien d’autres. « Non à la partition du pays ni aujourd’hui, ni demain » ; « Non au régime de la fraude et de la corruption », c’est ce qu’on pouvait lire sur les banderoles affichées dans la grande salle du palais de la culture où se tenait le meeting.
C’est à 17h 30 minutes que la manifestation commença réellement. Ainsi, après l’exécution de l’hymne national du Mali et l’explication du manifeste du FSD par Nouhoum Togo, le chef de file de l’opposition, l’honorable Soumaïla Cissé a fait une déclaration dans laquelle, il fustige l’attitude du régime dirigé par Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). « Merci d’être venus si nombreux à ce premier meeting organisé par le Front de la Sauvegarde de la Démocratie. Je voudrais saluer particulièrement la Coalition des Forces Patriotiques et la Coalition Contre la Partition du Mali (IGDAH, MALI TÉ TILA) leur marquer toute la disponibilité du FSD pour des actions communes dans un très proche avenir. Merci à toutes et tous, car cette mobilisation est la preuve vivante de votre attachement indéfectible à la Démocratie, à la liberté mais surtout la preuve de votre passion et de votre amour pour le Mali », a-t-il dit.
Avant d’ajouter que le Mali a encore connu cette semaine et la semaine dernière de nouvelles victimes d’actes terroristes, barbares et inhumains au Nord, au Centre et même au poste de contrôle de Koala non loin de Kolokani. Selon lui, pour le Mali aucun sacrifice n’est et ne sera de trop, aucune révolte ne sera de trop. A ses dires, l’injustice et l’impunité ont engendré la colère des maliens. « Les marches et les manifestations des maliens de l’intérieur et de la diaspora de ces deux derniers mois contre les fraudes massives et dysfonctionnements de toutes sortes lors des dernières élections présidentielles attestent si besoin en était du rejet de ce régime par notre peuple », a-t-il dit. Soumaïla Cissé a fait savoir que la dernière mission de bons offices dépêchée par le Président Buhari, Président de la conférence des Chefs d’Etat de la CDEAO l’atteste.
« Le régime autocratique, clanique, anachronique et boulimique qui agonise lentement depuis deux mois, criminalise le pays et instrumentalise sa partition, ce régime est clairement en train d’échouer gravement dans son rôle, hérité de la fraude, de la corruption et de la prévarication, à sauver le Mali de la débâcle et de son dépeçage, de réunir son peuple autour d’un soupçon, pour ne pas dire brouillon, de programme et de redistribuer les richesses, qu’il a longtemps dilapidées et pillées, aux populations, devenues misérables, mendiant presque leur survie chaque jour. La seule vision de ce pouvoir, tantôt honteusement monarchique, surtout à l’étranger, tantôt terriblement oppressif et répressif à l’intérieur, sa seule vision est devenue « très court-termiste» ! Préserver le trône, privatiser l’économie, manœuvrer dans l’ombre, le secret et la compromission, espérer un miracle. Nul miracle en vue, car rien ne va, rien ne va plus dans notre pays ! La panique inonde Koulouba et noie désormais tout le pays », a souligné Soumaïla Cissé. A l’en croire, le pays vit dans l’incertitude totale.
« Des centaines d’écoles sont fermées, 175 000 élèves admis au DEF ne sont toujours pas orientés au grand désespoir de leurs parents. Levez-vous parents d’élèves, il s’agit de l’avenir de la Nation ! Des centaines de centres de santé sont fermés. Le panier de la ménagère se vide dangereusement. Le prix du carburant continue de prendre l’ascenseur de manière incompréhensible. Les communautés maliennes s’affrontent à coup d’armes de guerre après des millénaires de cohabitation fraternelle et pacifique au nord comme dans le centre du pays. Personne ne peut s’aventurer en dehors des grandes villes au risque de se faire tuer », a-t-il déploré.
L’opposition menace d’appeler à la désobéissance civile
Il a fait savoir que le Nord et le centre du Mali sont caractérisés par l’absence totale de l’État et les populations abandonnées à elles-mêmes. « Les caisses de l’Etat sont vides, même les agents de la Présidence sont privés de leurs précieux tickets d’Essence. Et pour couronner ce constat alarmant, lourdes menaces de partition secrète et perverse du pays, démembré dans ses composantes territoriales et administratives, mutilé dans ses spécificités locales, dépouillé de ses ressources et de ses pratiques traditionnelles. Cette situation ne peut plus continuer ! Notre Mali ne sera plus notre Mali, si les Magistrats, les enseignants, les élèves et étudiants, les personnes handicapées, les veuves éplorées de nos soldats, les ouvriers, les opérateurs économiques, les médecins et autres agents de santé poursuivent dans la douleur et dans la rue des revendications légitimes. Je tiens solennellement à dire aux tenants illégitimes du pouvoir et à la communauté internationale que le projet de découpage du territoire national qu’ils tiennent en main est une bombe à fragmentation qui va dévaster et détruire à jamais notre pays », a martelé Soumaïla Cissé.
Il a précisé que ce projet n’a fait l’objet d’aucune consultation ni de la société civile ni de la classe politique ni des principaux intéressés. Pour lui, ce découpage n’a rien à voir avec l’accord d’Alger, il déstabilisera durablement le Mali, a-t-il ajouté, s’il ne fait pas l’objet d’un large consensus. Quant au report des élections législatives, l’orateur a suggéré des reformes consensuelles du système électoral malien. Par ailleurs, il a invité les autorités du pays à trouver une solution aux conditions de vie déplorable des maliens vivants en Angola.
« Nous sommes des centaines de milliers, réunis et animés dans la clarté de nos opinions, dans l’exigence de justice et dans la grandeur de notre morale citoyenne, à nous battre afin que notre Mali vive en paix. C’est pourquoi je lance encore une fois un appel solennel à tous les Travailleurs de tous les secteurs, Femmes, Jeunes et Vieux, Citoyens, Patriotes et Démocrates convaincus à se joindre à la lutte résolument enclenchée au sein du Front pour la Sauvegarde de la Démocratie », a-t-il dit.
Enfin, Soumaïla Cissé dira qu’il est temps d’agir car l’heure est grave. L’ex ministre Mohamed Ali Bathily abonde également dans le même sens en disant qu’il est temps d’agir à travers des manifestations, des marches et d’exiger de la Cour Suprême du Mali à trancher la requête de l’opposition sur la fraude électorale et sur la violation de la loi par la Cour Constitutionnelle.
En outre, il a demandé la démission du ministre Mohamed Ag Erlaf. Par ailleurs, il a fait savoir que le FSD va appeler à la désobéissance civile conformément à l’article 121 de la constitution malienne du 25 février 1992. Quant à Choguel Kokalla Maïga du MPR, la résistance est un devoir pour les maliens car il y a un danger pour la partition du Mali. Il a souhaité à ce que les reformes au Mali fassent l’objet d’une large concertation. « Non à la trahison, non à la partition », a-t-il lancé.
Pour sa part, le Général Moussa Sinko Coulibaly a indiqué que IBK est un président qui n’est pas élu. Il a invité les Maliens à faire en sorte que la démocratie malienne ne meurt pas. Abdel Kader Maïga de Gao lama, Youssouf Maïga qui représentait les travailleurs et les travailleuses du Mali, le représentant de l’Association Kaoural, Oumar Abdou Touré dit Ladji, Mme Fatoumata Dissa, représentante des femmes ont tous dénoncé la mauvaise gestion du pays.
La dernière allocution du meeting a été faite par le porte-parole du Collectif pour la défense de la République (CDR), Mohamed Youssouf Bathily dit Ras Bath. Selon lui, IBK n’en peut plus. A cet effet, il a invité l’UNTM (Union nationale des travailleurs du Mali) et les commerçants du Mali à s’assumer face à la situation du pays. Ras Bath a déploré l’état de la route Bamako- Kayes, et le manque de matériel à l’hôpital de Kayes. A ses dires, l’Etat a une dette intérieure de plusieurs milliards de FCFA. «Le Mali est menacé dans son fondement. A partir d’aujourd’hui, la résistance s’impose ! A bas le voleur ! A bas le président incompétent, A bas l’irresponsabilité », a conclu Ras Bath.
Aguibou Sogodogo
Source: Le Républicain