Suite aux événements douloureux qui ont frappé la Communauté musulmane du Mali dont l’assassinat de l’imam Abdoulaziz Yattabaré, le samedi 19 janvier 2019, le Collectif des associations musulmanes du Mali a organisé un grand meeting, le samedi 26 janvier 2019, au Palais de la Culture de Bamako pour exiger du gouvernement l’application de la peine de mort au Mali. « L’homicide volontaire est impardonnable et doit être sanctionnée par la peine de mort. La peine de mort revêt toute sa pertinence et son caractère dissuasif dans le cas de l’homicide volontaire. Devant la gravité de la détérioration de la situation sécuritaire avec son cortège de morts au quotidien. Nous en exigeons des pouvoirs publics l’application de la peine de mort au Mali », précisent les organisateurs de ce meeting.
La grande salle Bazoumana Ba Sissoko du Palais de la culture, Amadou Hampaté Ba de Bamako était pleine à craquer le samedi dernier dans l’après midi. Plusieurs personnalités ont pris part à ce grand meeting dont le président du Collectif des associations musulmanes du Mali, Mohamed Kimbiri, l’imam du quartier Sabalibougou de Bamako, Modibo Konaté, le jeune secrétaire général du Mouvement Kontao, Mohamed Kébé. Sur les affiches, on pouvait lire : « trop c’est trop », « Non à l’abolition de la peine de mort », « Non au moratoire sur la peine de mort », « Oui à une loi pour l’application de la peine de mort au Mali ». Au cours du meeting, une déclaration a été lue par le président du Collectif des associations musulmanes du Mali, Mohamed Kimbiri. «Conscients de la dégradation gravissime de la situation sécuritaire du Mali, caractérisée par une floraison effrénée et incontrôlée des crimes odieux et d’assassinats ciblés avec préméditation. Constatant avec regret et amertume que depuis un certain moment, les auteurs de certains crimes et assassinats lâches et odieux sont libérés en toute impunité comme monnaie d’échange de quelques otages Européens : Pierre Camate en 2011 et Serges Lazarevic en Décembre 2014. Préoccupés fortement par l’amplification de la dégradation sécuritaire et la banalisation des assassinats de ces derniers moments consécutifs aux récents assassinats odieux, et crapuleux dont celui de l’imam Abdoul Aziz Yattabaré à Bamako et de l’imam du village de Djeri dans la commune de Pignari (cercle de Bandiagara). Ebaubis et abasourdis devant ces crimes gratuits et insensés, les membres du Collectif des associations musulmanes du Mali dénoncent avec la dernière énergie que le Peuple malien attendant un sursaut patriotique en faveur du rétablissement de la peine de mort », a déclaré Mohamed Kimbiri. Avant d’ajouter que les autorités maliennes se sont littéralement mises au service des cartels occidentaux. Dans sa déclaration, le Collectif des associations musulmanes du Mali s’est disposé à collaborer étroitement et efficacement avec tous les segments de la société civile pour l’application de la peine de mort au Mali, seul remède contre les crimes odieux, les assassinats ciblés et prémédités. Pour Mohamed Kimbiri, les Maliennes et Maliens partageant les valeurs véritablement humanistes et doivent s’unir contre l’abolition de la peine de mort. Il exige le maintien de la peine de mort au Mali. « Les raisons d’une telle position tiennent à ce qui suit : Dieu a prescrit à l’homme la préservation de droits essentiels et sacrés : la préservation de la vie ; la préservation de la foi ; la préservation de l’esprit ; la préservation des biens ; la préservation de l’honneur et de la dignité ; La préservation de ces droits sacrés, principalement la vie sur laquelle reposent tous les autres droits, constitue la véritable justice. C’est donc confirmé que la vie humaine est sacrée, qu’elle est inviolable. Celui qui aura porté atteinte à cette vie, par ce fait même, désacralise sa propre vie et justifie ainsi d’en être privé pour garder à la vie son caractère sacré », a martelé le président du Collectif des associations musulmanes du Mali.
«Adhérons tous aux différentes manifestations pour l’application de la peine de mort au Mali »
A ses dires, celui qui tue délibérément une personne a d’abord démérité de sa propre vie individuelle et ensuite de la vie en société. « L’homicide volontaire est impardonnable et doit être sanctionnée par la peine de mort, afin d’assurer une sanction proportionnelle à la faute, une justice équilibrée gage de stabilité sociale. La peine de mort revêt toute sa pertinence et son caractère dissuasif dans le cas de l’homicide volontaire », a souligné Mohamed Kimbiri. Pour lui, une peine d’emprisonnement, fût-elle à perpétuité, ne peut rendre justice aux ayant droits des innocentes victimes d’un meurtrier. Et d’ajouter que l’abolition préserve la vie du criminel, celui qui a violé la sacralité de la vie, aux dépens de la vie de la victime. A l’en croire, l’abolition désacralise et expose davantage la vie humaine et la sûreté de la personne à la violation suprême, tout en étant une usurpation de fait par l’Etat du pardon, qui est un droit légitime de la famille des victimes. Il a fait savoir qu’un Etat, en tant qu’autorité ne peut pardonner à la place des ayant droits. Aux dires de Mohamed Kimbiri, la condamnation à la peine de mort soulage profondément les ayant droits de la victime qui seront ainsi enclins, avec le temps, à se contenter d’une condamnation passive du criminel à la peine de mort, pour ensuite adhérer à la vertu de la tolérance qui caractérise le peuple malien. « L’abolition totale et absolue fragilise notre armée, ses stratégies et son système de défense nationale ; L’abolition totale et absolue rend vain le sacrifice suprême du soldat citoyen et patriote, qui aura ainsi perdu la vie pour la survie du mauvais citoyen coupable de trahison et de forfaiture ; L’abolition totale et absolue supprime l’attachement aux valeurs martiales et dévalorise le drapeau national, pour lequel, il ne sera plus nécessaire de mourir, à plus forte raison sanctionner ceux qui l’ont bafoué. Au bénéfice de ces considérations, Maliennes et Maliens véritablement humanistes doivent se mobiliser et de s’unir contre l’abolition déguisée de la peine de mort par un moratoire. Devant la gravité de la détérioration de la situation sécuritaire avec son cortège de morts au quotidien, nous en exigeons des pouvoirs publics l’application de la peine de mort au Mali », a affirmé le président du Collectif des associations musulmanes du Mali. Et d’ajouter que le maintien de la peine de mort dans le Code pénal pour les cas les plus graves tels que l’homicide volontaire. Il a souhaité le maintien en l’état de la peine de mort dans le Code de justice militaire. « Enfin, la peine de mort étant une question relevant essentiellement de la conscience individuelle de chaque citoyen, Maliennes et Maliens véritablement humanistes doivent se mobiliser et de s’unir contre l’abolition déguisée de la peine de mort par un moratoire et réclament aux différents segments de la Société civile du Mali d’organiser à travers des mécanismes d’alerte et d’anticipation des actions de sensibilisation ; et de mobilisation pour son application. Pour une société de justice et de solidarité ; Pour un Etat fondé sur des valeurs véritablement humanistes et conformes à nos traditions séculaires ; Pour l’unité nationale et l’intégrité territoriale assurée par une armée forte. Adhérons tous aux différentes manifestations pour l’application de la peine de mort au Mali ! », conclut la déclaration du Collectif des associations musulmanes du Mali. Par ailleurs, la plupart des intervenants ont exprimé leur amertume face au cas d’assassinat enregistrés au Mali ces derniers temps.
Aguibou Sogodogo/ Moussa Samba Diallo
Source: Le Républicain