Le gouvernement rwandais a libéré samedi dernier Victoire Ingabire, un chef de l’opposition qui a purgé six ans d’une peine de quinze ans d’emprisonnement après que le président Paul Kagame ait exercé son pouvoir de grâce.
Ingabire, qui dirige le parti d’opposition FDU-Inkingi non enregistré, a été libéré avec d’autres prisonniers, dont le chanteur Kizito Mihigo, emprisonné en 2015 pour avoir comploté pour tuer Kagame. Ils font partie des 2140 prisonniers dont le ministère de la Justice avait annoncé vendredi l’élargissement.
Condamnée à quinze ans de prison l’opposante en avait purgé six. Elle est sortie de prison avec un air très enthousiaste et un large sourire. Flanquée de son avocate, Gatera Gashabana, elle a déclaré à l’attention des journalistes que sa libération, conjuguée à l’élection de deux parlementaires de l’opposition au début du mois, est « un espoir pour l’ouverture de l’espace politique », a-t-elle déclaré, remerciant le président de lui accorder sa miséricorde.
En effet Victoire Ingabire et Kizito Mihigo ont écrit, à plusieurs reprises, au président de la République pour lui demander la grâce présidentielle, les dernières lettres datant de juin 2018. Cette grâce présidentielle a été accordée à plus de 2 000 prisonniers y compris Victoire Ingabire et Kizito Mihigo. C’est en rapport avec leur demande de pardon. Cela n’a donc rien à voir avec toute autre considération.
A la question de savoir ce qu’il répond à ceux qui disent que ces mesures ont été prises pour améliorer l’image du Rwanda, en termes de démocratie, au moment où le Rwanda brigue le secrétariat général de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), Olivier Nduhungirehe se défend ainsi : « Ils diront toujours cela. Or, le fait est que nous avons eu des demandes écrites par les deux prisonniers. A moins qu’ils n’insinuent que les deux prisonniers sont en connivence avec le gouvernement. Vraiment, leurs considérations sont ridicules », estime-t-il, avant d’admettre que Kizito Mihigo a pourtant demandé pardon depuis le jour de sa présentation devant la justice.
« Même Victoire Ingabire a demandé pardon depuis longtemps. Ce n’est pas parce que vous demandez pardon que vous allez l’avoir immédiatement. Cela est examiné et considéré. Et le moment venu, la décision est prise », a ajouté le secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe.
YAWO ATIAH
Source: Le Pays