Avec quatre sortants et six entrants, le nouveau gouvernement de Soumeylou Boubèye Maïga suscite de vives réactions au sien des partis politiques. L’URD et le Parena dénoncent son caractère pléthorique et le contexte de la nomination du Premier ministre, alors le parti au pouvoir le Rassemblement pour le Mali (RPM) salue le PM démissionnaire, Abdoulaye Idrissa Maïga et son équipe pour les résultats obtenus. Aussi, le RPM réitère son soutien “indéfectible” au président IBK ainsi qu’à son chef de gouvernement.
Composée de 36 membres, le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga n’a placé sa confiance en certains ministres d’Abdoulaye Idrissa Maïga au sein de la nouvelle équipe gouvernementale.
Il s’agit de Me Mohamed Aly Bathily, ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et des Affaires foncières, Abdoulaye Diop, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Me Kassoum Tapo, ministre des Droits de l’Homme et de la Réforme de l’Etat, et Ly Taher Dravé, ministre de l’Elevage et de la Pêche.
En plus des 30 membres de l’ancienne équipe, Soumeylou Boubèye Maïga a choisi Moulaye Baba Boubacar, Zoumana Mory Coulibaly, Mme Kane Rokia Maguiraga, Cheick Sidiya Sissoko et Mme Kadidiatou Coulibaly Sangaré.
Le Rassemblement pour le Mali soutien le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita dans ce changement opéré autour de la soupe gouvernementale. Dans un communiqué, qui date le 31 décembre 2017, signé par le président du parti, Dr. Bocary Tréta, le parti salue le PM démissionnaire, Abdoulaye Idrissa Maïga et son équipe pour les résultats obtenus. Aussi, le RPM réitère son soutien “indéfectible” au président IBK ainsi qu’à son chef de gouvernement.
Alors son challenger, l’URD fait le constat avec amertume que ce remaniement, intervenu sur fond de crise au sommet de l’Etat, est loin de répondre aux aspirations légitimes du peuple malien dans la mesure où il a consisté à augmenter inopportunément le nombre des départements ministériels, par des chevauchements et des interférences inextricables entre eux.
La violation du quota des femmes
En plus de ses inquiétudes, l’URD émet des doutes sur l’efficacité d’un tel gouvernement fruit d’une alchimie plus qu’improbable. “Le parti déplore une fois de plus la marginalisation des femmes et la violation de l’article 1er de la loi n°2015-052 du 18 décembre 2015 portant mesures de promotion du genre dans les fonctions nominatives et électives, qui dispose : à l’occasion des nominations dans les institutions de la République ou dans les différentes catégories des services publics au Mali, par décret, arrêté ou décision, la proportion des personnes de l’un ou de l’autre sexe ne doit pas être inférieure à 30 %. Cette fois encore, les femmes sont au nombre de 9 (25 %) sur un effectif pléthorique de 36 membres, ayant enregistré l’arrivée de 6 nouvelles personnalités et 5 départs”.
Pour l’URD, le nouveau gouvernement qui comprend 30 membres du précédent ne peut que reproduire malheureusement toutes les tares reprochées aux différents gouvernements qui se sont succédé ces quatre dernières années. “A travers un tel signal le président de la République démontre clairement qu’il n’en peut plus à tel point qu’il est incapable de tirer les leçons des échecs de ses gouvernements précédents. Face à la situation catastrophique du pays, le gouvernement doit s’atteler sans délai à lutter efficacement contre l’insécurité et la précarité qui sont le lot quotidien de nos braves populations. Puisque que notre pays a besoin d’un cap, d’une vision claire pour plus de bonheur, d’équité et de justice. C’est pourquoi l’URD invite le peuple malien au rassemblement autour des femmes et des hommes qui incarnent le mieux les valeurs de la République et de la démocratie et capables de restaurer l’espoir pour ce vieux pays de dignité…”
Le parti du Bélier blanc a aussi réagi. Pour le Parena, ce 5e Premier ministre et le 7e gouvernement en quatre ans d’exercice du pouvoir d’Etat du président de la République n’indiquent rien quant à la souffrance du peuple. “Rien ne dit que ce Premier ministre et ce gouvernement seront les derniers du quinquennat qui prendra fin le 4 septembre 2018. Les vrais détenteurs du pouvoir au Mali, toujours à la manœuvre, ont imposé un gouvernement à leur dévotion. Nul doute que les affaires continueront de plus belle. Ce 7e gouvernement, comme les précédents, est, à l’évidence, incapable de répondre à l’ampleur et à la gravité de la crise malienne, qu’il s’agisse de l’impasse du processus de paix, de l’embrasement du Centre ou de la mauvaise gouvernance. En quatre ans, le Mali, pays en guerre, dont l’existence est menacée, a eu six ministres de l’Administration territoriale, cinq ministres de la Défense et cinq ministres de la Justice…”
“L’instabilité gouvernementale chronique est l’illustration d’un manque criard de vision du président IBK et d’une profonde crise politique. L’échec du président saute à l’œil nu. Quel dramatique gâchis”, souligne le parti.
Pour le Parena, “la solution à la dégradation continue de la situation ne réside pas dans le remaniement ministériel permanent, mais dans un remaniement présidentiel. Pour ce faire, nous lançons un vibrant appel à la convergence de toutes les forces démocratiques et patriotiques de l’intérieur comme de l’extérieur”, déclare le parti de Tiébilé Dramé.
Salif Tall, militant de l’Adéma/PASJ se lâche. A l’image des autres Premiers ministres, Soumeylou Boubèye Maïga n’aura pas la main libre avec une équipe pléthorique composée selon les humeurs. “Les Maliens ne doivent pas attendre mieux à cette équipe. Le salut du Mali ne viendra pas forcément de ce gouvernement”, parie-t-il.
Bréhima Sogoba
Source: L’Indicateur du Renouveau