Tout porte à croire qu’il y aura une prolongation du délai de la transition, car les conditions, matérielles encore moins sécuritaires, voire financières ne seront pas réunies pour tenir à date échue, des élections régulières, transparentes et crédibles dont les résultats ne seront pas contestés. En effet, pour contrecarrer les sanctions de la CEDEAO Assimi Goita serait dans des bonnes prédispositions pour tendre la main aux forces vives du pays afin de mettre en place un gouvernement d’union nationale.
La classe politique et la société civile seront au cœur de cette nouvelle stratégie du Président de la Transition pour montrer à la face du monde que les maliens dans leur écrasante majorité sont favorables à une prolongation. Les partis politiques, après avoir été ignorés, voir méprisés vont-ils accepter de mordre à l’appât du gain facile en se rendant complice des sanctions contre leur peuple ? Quid de la société civile tout aussi marginalisée dans la gestion de la transition ?C’est au moment où le peuple, dans sa très large majorité, demande le respect du délai de la transition afin d’éviter des nouvelles sanctions, que certains partis politiques espèrent sur un gouvernement d’union nationale pour prolonger la transition. Quelle aberration de la part d’une certaine classe politique qui pense qu’un gouvernement d’union nationale pourrait éviter que des sanctions de la CEDEAO ne s’abattent sur le Mali en cas de prolongation.
L’organisation sous régionale ne se dédira pas surtout qu’elle reconnait avoir été très clémente dans la gestion de la crise du Mali, ce qui a d’ailleurs donné des ailes aux trois autres pays de l’espace où il y a eu coup d’Etat. Donc le combat que la classe politique doit mener c’est sans nul doute celui du respect du délai imparti pour la fin de la transition. En tout cas si le Président de la transition Assimi Goita réussit à convaincre la classe politique de la nécessité de mettre en place un gouvernement d’union nationale pour prolonger, ne serait-ce que de quelques mois la transition, cela veut tout simplement dire que cette classe politique n’est pas apte moralement à diriger le Mali et qu’il y a nécessité de procéder à son changement pour laisser place à une nouvelle génération.
Les partis politiques, après avoir été ignorés, voir méprisés vont-ils accepter de mordre à l’appât du gain facile en se rendant complice des sanctions contre leur peuple ?Un gouvernement d’union nationale à ce stade de la transition serait considéré comme une trahison du peuple de la part de sa classe politique. En effet, vouloir prolonger le délai de la transition équivaudrait à des sanctions contre le Mali de la part de la CEDEAO. Alors question quel est le leader de ce parti politique, dont la vocation première est la conquête et l’exercice du pouvoir ; qui serait prêt à être comptable des sanctions sévères contre son peuple ? Alors qu’en acceptant d’entrer dans un gouvernement dont le seul but est de prolonger la transition, c’est être complice des sanctions qui vont s’abattre sur le Mali.
Au-delà même des probables sanctions, les acteurs politiques ont-ils la mémoire courte ? Le dernier remaniement ministériel ne leur a pas permis de comprendre que les tenants actuels du pouvoir n’ont que faire d’eux ? Et qu’ils n’auront besoin des partis politiques que pour assouvir leur dessein politique. La morale, l’honneur et la dignité recommandent aux partis politiques de décliner toute offre allant dans le sens de la mise en place d’un gouvernement d’union nationale pour contrecarrer la CEDEAO. Quid de la société civile tout aussi marginalisée dans la gestion de la transition ?Tout comme la classe politique, la société civile a été elle aussi méprisée et mis à l’écart dans la gestion du pouvoir sous la transition. Elle a subi le même sort que la classe politique, donc elle ne doit pas être un faire-valoir pour servir des intérêts sordides.
En acceptant d’entrer dans un gouvernement d’union nationale pour prolonger le délai de la transition, elle aura non seulement trahi le peuple car ce dernier est en train de subir sans nul doute les sanctions de la CEDEAO, mais aussi elle se serait discréditée aux yeux des maliens qui comptent pourtant sur elle pour défendre leurs intérêts au cas où la classe politique faillira.En définitive, il est un impératif absolu pour les autorités de la transition de respecter le délai imparti pour épargner le Mali des nouvelles sanctions de l’organisation sous régionale. Youssouf Sissoko
L’alternance