Depuis la nomination du Premier ministre Dr Boubou Cissé le 22 avril dernier, le Mali est sans gouvernement. Raison invoquée : la ferme volonté du président de former un gouvernement de large ouverture. Aussi, a-t-il instruit à son Premier ministre d’engager des discussions avec les groupements politiques et autres partis solitaires en vue de la formation de la nouvelle équipe gouvernementale.
Le Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) et la Coalition des forces patriotiques (COFOP) ont demandé et obtenu un préalable : la signature d’un accord politique et d’une feuille de route. Après un ping-pong entre l’opposition, la majorité et le chef du gouvernement, une mouture finale a été retenue. Celle-ci sera signée probablement ce jeudi 2 mai, à la Primature, entre les parties concernées.
D’ores et déjà, après avoir joué au dilatoire, l’URD de Soumaila Cissé, en réunion extraordinaire hier mercredi, a décidé de ne pas participer au gouvernement Boubou Cissé. Cette décision n’a pas surpris les observateurs avertis de la scène politique. En effet, au regard du statut de l’opposition qui procure à son leader, Soumaila Cissé, sécurité et stabilité financière, les témoins du microcosme politique s’y attendaient.
Ce statut de l’opposition concocté sur mesure par IBK au profit de Soumaila Cissé octroie à celui-ci un budget de 500 millions de nos francs soit près de 42 millions par mois. Ce pactole donne une hégémonie à l’enfant de Niafunké sur les autres opposants comme Modibo Sidibé, Oumar Mariko, Tiébilé Dramé et bien d’autres. Ce statut lui permet de réunir une bonne partie de l’opposition autour de sa personne. En clair, l’URD et son président fondateur préfèrent se satisfaire des 500 millions de nos francs plutôt que d’accepter des strapontins au sein du gouvernement.
L’intérêt national, l’union sacrée autour du Mali ne valent-ils mieux que 500 millions de nos francs ? Tout ce grand brouhaha pour faire partir Soumeylou Boubèye Maiga se résume simplement à ça ? On l’accusait d’être le blocage au rassemblement et à l’union sacrée. Voilà la réalité : les naïfs ont cru aux accusations non fondées, oubliant que Boubèye était un obstacle à leur ascension personnelle. En effet, après avoir réussi le départ de l’ancien Premier ministre, l’URD et ses alliés entament la seconde phase de leur logique putschiste, au regard des défis énormes qui attendent le gouvernement de Boubou Cissé.
L’URD et ses alliés, au lieu d’aider au sursaut national, ont choisi le camp de la contestation virile, pour tenter encore de donner un coup de massue au pouvoir. Une manière d’être dans le complot permanent pour prétendre réussir la chute d’IBK, avant la fin de son mandat, déjà prédite par le nouveau Cheick de Soumaila Cissé, le très respecté Chérif de Nioro. Seulement voilà : l’URD et ses alliés, qui prêtent aujourd’hui une oreille attentive à la subjectivité, oublient que notre bien aimé Bouillé Haidara n’a pas soutenu IBK, lors de la dernière présidentielle. Pourtant, Dieu a accordé un ultime mandat au président actuel. Le pouvoir c’est Dieu qui le donne, il le donne à qui il veut et au moment voulu.
Le refus de l’URD, d’intégrer le gouvernement Boubou Cissé, afin de participer à la construction nationale, est très édifiant. Il revient donc au parti présidentiel, le RPM, d’ouvrir grandement les yeux, de se ceindre les reins, de se battre pour faire face à l’adversité politique. N’est ce pas là une des moindres conséquences de sa complicité dans le départ de Boubèye de la primature ?
El Hadj Chahana Takiou
Source: Le 22 Septembre