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Gouvernance : les périls du système ‘‘D’’

En faisant une fixation sur la crise du Centre dont il faut convenir qu’elle est d’une extrême gravité, les acteurs divers (Gouvernement, société civile, partis politiques) s’exposent à un retour de bâton de l’équation Kidal presqu’intacte, pourtant en passe de passer aux oubliettes. Le système ‘’D’’ comme diversion ne manquera pas de faire des ravages. Analyse.

Il ne s’agit pas de mettre dans la balance la situation du Centre où s’installe un cycle de violence et celle de Kidal où, certes, l’Armée n’est pas en belligérance avec les Mouvements signataires, mais la souveraineté de l’État est virtuelle.

Toutefois, le fait est qu’une préoccupation a chassé une autre. L’attention nationale est détournée de l’équation de Kidal qui persiste, depuis plus de 50 ans. La preuve : le 6 avril dernier, les populations de ladite localité, comme les années précédentes, ont manifesté pour célébrer l’anniversaire de la proclamation de l’indépendante d’une prétendue république de l’Azawad. Cet attentat à la souveraineté, à l’unité nationale et à l’intégrité du territoire n’a eu que quelques échos que sur les réseaux sociaux. La énième provocation est passée dans l’indifférence quasi-générale, parce que coup sur coup, le pays a été éprouvé par des horreurs qui ont atteint le summum : Dioura où l’Armée a perdu plus de 20 soldats ; Koulogon où 36 civils ont été massacrés ; Ogossagou où le bilan macabre s’élève autour de 170 victimes auxquels il faut ajouter des dizaines de blessés.

Ainsi, la crise du Centre sert d’exutoire parfait.

Pourtant, cette célébration de l’indépendance que certains mettraient bien sur le compte des élucubrations de quelques illuminés, ne saurait rester anodine ; d’autant plus qu’elle renforce le sentiment d’indépendance chez beaucoup de personnes confortées par l’absence de l’Etat leur permettant de donner libre cours à tous leurs fantasmes. Cela sert-il les intérêts de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali ? Assurément pas. Au contraire, cette donne imprime la marche de l’écrevisse à l’extension de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire national. Le pire scénario serait une souveraineté sacrifiée.

De même, l’on n’est jamais allé au-delà des supputations quant à l’exploitation suspecte des ressources minéralogiques au nord par des puissances étrangères ; mais, il est certain que la cristallisation de l’attention sur le Centre laisse le champ libre à ces éventuels exploitants.

Mais, il n’y a pas qu’au Nord et au Centre que le système ‘’D’’ fait recette.

En effet, suite à la marche organisée à l’initiative de l’Imam Mahmoud DICKO, le Président de la République, en recevant les membres de LIMAMA, n’a pas non plus résisté à la tentation d’y avoir recours : « alors quand on voit cela et qu’au-dedans, on veuille maintenant monter les forces nationales contre elles-mêmes, on se pose des questions ». Le rapprochement avec le cheval de Troie auquel il est fait allusion autorise à croire que l’ennemi est également de l’intérieur et qu’il pourrait avoir les traits de tous ceux qui dénoncent la mauvaise gouvernance sécuritaire qui a culminé dans les événements tragiques de Koulogon et de Ogossagou. Ce qui a fait sortir de ses gonds un responsable politique, ancien ministre et ancien candidat à l’élection du Président de la République : « les dirigeants séparatistes organisent des cérémonies pour célébrer la fête de l’indépendance de l’Azawad, pendant ce temps, les Maliens se divisent au Sud et les autorités maliennes qualifient ceux qui critiquent cette situation de cheval de Troie, c’est-à-dire des traîtres ».

Ce qu’il faut dire, c’est que quelque puisse être par ailleurs les motivations inavouées de l’Imam DICKO en organisant la marche du 5 avril dernier pour dénoncer les massacres de civils, l’impressionnante mobilisation est forcément à la mesure du sentiment d’insatisfaction générale. Les 30 000 (selon les sources sécuritaires) ou les 500 000 (selon des sources organisationnelles) marcheurs n’étaient certainement pas tous mobilisés uniquement pour réclamer la sécurité au Centre, mais pour réclamer la sécurité pour eux-mêmes, ‘’pour améliorer les conditions de vie de la population malienne, pour satisfaire aux revendications des syndicalistes, des enseignants, des cheminots, les revendications des élèves et étudiants, en somme pour satisfaire aux revendications du peuple pour plus de justice sociale, pour plus de paix et pour plus de sécurité’’. C’est la racine du mal qu’il faudrait traiter, le vrai défi à relever par les pouvoirs publics, au lieu de divertir l’opinion nationale et internationale.

Pour y parvenir, ils pourraient s’approprier les 3 ‘’D’’ évoqués par François DELATTRE, Ambassadeur de la France au Conseil de sécurité des Nations-Unies lors du point de presse des Ambassadeurs Co-présidents du Conseil de sécurité en mission au Mali les 22 et 23 mars 2019 : « en parlant en tant qu’Ambassadeur de France, on sait tous que la solution, l’issue, le succès de notre démarche n’est pas seulement militaire, il est aussi politique, il est lié au développement, ce qu’on appelle en France les trois D qui doivent s’articuler Défense-Diplomatie-Développement pour traiter pas simplement les symptômes, mais les causes profondes des crises et pour appuyer les solutions politiques viables sans lesquelles on sait tous qu’il n’y a pas de stabilisation et de développement durable ».

PAR BERTIN DAKOUO

 

Source: info-matin

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