Le vendredi dernier, 5 juin 2020 des Maliens (entre 300 à 500 mille), venus de partout, ont bravé la chaleur, défié la COVID-19, pour déverser leur trop plein de bile contre le régime en place, sur l’Avenue de l’Indépendance.
Nous ne sommes pas du tout surpris par ce rejet collectif du régime par une grande majorité du peuple malien, simplement déçu par un homme, qui, dans la réalité, n’a jamais su rien gouverner.
Mais si l’actuel Président du Mali, Ibrahim Bouacar Keïta, n’avait pas été élu, en 2013, pour que son aura soit démystifiée, le Mali serait aujourd’hui dans une crise encore plus grave.
Pour notre part, et connaissant les carences intellectuelles de l’homme, mais surtout sa légèreté à gouverner, nous l’avons prévenu en 2012 de ce qui pouvait arriver, si jamais, il ne parvenait pas à combler les attentes des Maliens. Notre entretien s’est tenu, un après-midi vers 16 heures, au domicile de l’homme à Sébénikoro devant témoin : Boubacar Touré dit ‘’Bou’’, actuel chef de Cabinet d’IBK.
Le même jour dans la matinée, notre démarche citoyenne nous a conduit au domicile de l’Imam Mahmoud Dicko. Nous avons attiré son attention sur le choix du futur Président. Nous lui avons remis un document de 144 pages qui dressait le portrait-robot d’un mauvais président. Allez savoir aujourd’hui si l’Imam ne regrette pas son soutien à un mauvais candidat en qui il a eu sincèrement foi !
Il peut y avoir conflit entre hommes de religion à l’esprit fragile et hommes politiques à l’esprit trompeur, mais point entre science et religion. Leurs mondes respectifs sont distincts et leurs méthodes différentes. Mais science et religion se fondent toutes les deux sur des logiques. Seulement la logique des hommes politiques se trouve dans leur capacité à cacher la vérité à grand nombre de citoyens dans le seul dessein d’accéder au pouvoir. Par contre la logique des hommes de religion se situe dans un fatalisme selon lequel c’est Dieu qui choisit le Président et non les hommes. Inexact et archi faux… !.
Pour rappel la gestion d’IBK à la Primature, du 4 février 1994 au 7 septembre 2000, a été une gabegie sans précédent. Sa gestion de l’Assemblée Nationale a été tout aussi mauvaise.
Comment le Mali peut-il améliorer sa gouvernance ?
Revenons à une définition simple : la gouvernance est l’exercice de l’autorité publique au nom de la population qu’elle représente. Une gouvernance est bonne si elle respecte deux valeurs essentielles : d’une part, l’inclusion, qui signifie que tout citoyen doit être traité de façon égale face à la loi et dans l’accès aux services de base, d’autre part la «responsabilisation» des gouvernants, c’est-à-dire le fait qu’ils doivent rendre des comptes.
Prenons la corruption : ce n’est qu’un symptôme de la mauvaise gouvernance qui découle du manque d’implication de la société dans la gestion publique et de non-responsabilisation des élus. Il faut traiter le problème à la source. Cela ne sert à rien de mettre dix personnes en prison ou de traiter le problème par la simple mise en place d’une commission anticorruption.
Le Mali est victime de vicissitudes de tous ordres.
Les populations sont non seulement confrontées, de façon quotidienne, à des calamités naturelles (sécheresse, inondations régulières), à des conflits frontaliers et fonciers interminables, mais sont de plus en plus pauvres, au regard de la mauvaise gouvernance (détournement des deniers publics, corruption, tribalisme, népotisme, irresponsabilité des gouvernants) en vigueur dans le pays depuis 2013. Voilà pourquoi on observe, un peu partout, des crises sociales et des mouvements sociaux (émeutes de tous genres, guerres civiles et asymétriques, grèves des enseignants et des médecins), nonobstant les violences d’État encore perpétuées au grand dam des principes démocratiques.
La corruption, un obstacle au développement
La corruption est un problème mondial. Pourtant, elle affecte bien plus les populations pauvres en détournant des fonds indispensables à l’éducation ou à la santé. Mais la corruption ne se limite pas au vol de fonds là où ils sont le plus nécessaires ; elle est également la cause d’une gouvernance défaillante qui peut à son tour encourager les réseaux criminels organisés. Les vols à main armée à Bamako et dans le reste du pays reflètent à suffisance l’emprise de la corruption sur la sécurité dans notre pays.
La corruption affecte chacun d’entre nous et peut mener à :
- Moins de prospérité : la corruption freine la croissance économique, nuit à l’Etat de droit et entraîne un gaspillage de compétences et de précieuses ressources. Lorsque la corruption est omniprésente comme c’est le cas au Mali, les entreprises hésitent à investir face au coût nettement plus élevé de l’activité économique. La corruption fragilise également les structures de sûreté et de sécurité telles que les services de police. Enfin, elle empêche les populations, les pays et les entreprises de réaliser leur potentiel.
- Moins de respect des droits : la corruption met en péril la démocratie, la gouvernance et les droits humains en affaiblissant les institutions publiques sur lesquelles se fondent les sociétés justes et équitables.
- Moins de services : la corruption détourne des fonds destinés aux services essentiels que sont notamment les soins de santé, l’éducation, l’accès à l’eau potable, l’assainissement et le logement. La corruption des fonctionnaires constitue une entrave majeure à la capacité du gouvernement à satisfaire les besoins fondamentaux des citoyens.
- Moins d’emplois : lorsque l’attribution des postes ne relève pas du mérite mais du népotisme, ce sont des perspectives qui se ferment. Pour les pauvres, les femmes et les minorités, la corruption se traduit souvent par un accès encore plus restreint à l’emploi.
Lutter contre la corruption par l’engagement citoyen
Il existe de nombreux obstacles à la dénonciation de ces pratiques par les citoyens, notamment le manque de confiance dans la capacité des institutions à faire face à la corruption; des canaux de communication imprécis ou peu fiables; l’absence ou la mauvaise application des lois protégeant les lanceurs d’alerte ; ou le simple fait que les citoyens connaissent mal leurs droits et comment les exercer.
Des organisations telles que Transparency International gèrent des centres anti-corruption qui apportent soutien et assistance aux victimes et aux témoins par l’entremise d’un réseau d’avocats, de chercheurs et de militants. Avec l’aide de ces centres de conseil anti-corruption, les citoyens peuvent unir leurs forces, prendre une position ferme contre les pratiques de corruption dont ils sont témoins, et exiger une gouvernance transparente et responsable.
Prévenir et combattre la corruption est un processus aux multiples facettes qui requiert la synergie de l’ensemble des secteurs et des membres de la société, incluant les gouvernements, les médias, le secteur privé et les organisations de la société civile. Etant donné que la corruption sape les droits fondamentaux des citoyens (y compris le droit d’être en bonne santé, d’être éduqué et d’avoir une gouvernance responsable et transparente), il est essentiel que tous les secteurs de la société reconnaissent et assument leurs responsabilités à leur égard.
La grande marche du vendredi dernier, traduit, à notre compréhension, cette prise de conscience par le brave Peuple du Mali qui s’est trompé dans son choix à élire son Président.
Abdoul Karim Dramé Journaliste Indépendant
Source : Le Challenger