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Gouvernance et sortie de crise : Que vaut un dialogue national sans l’opposition ?

Le « dialogue national inclusif » se prépare et pourrait se tenir sans l’opposition et d’autres forces politiques contestataires du régime IBK. Un tel forum ne serait-il pas alors un gâchis ? Une débauche d’énergie sans grand résultat ?

 

Les assises nationales, qui ont été pendant longtemps réclamées à cor et à cri surtout par les opposants, se préparent lentement mais sûrement. Ces concertations nationales, que le président Ibrahim Boubacar Keïta veut les plus inclusives possibles se feront sans l’opposition malienne.

La semaine dernière, l’opposition a annoncé que  les conditions de sa participation à ce forum ont été catégoriquement rejetées  par le Comité d’organisation et le Triumvirat des Facilitateurs.  « Notre exigence d’évaluer, à toutes les étapes du Dialogue, « l’utilité et l’inclusivité » dans la représentation paritaire de tous les participants, s’est butée à la volonté ostentatoirement affichée par les tenants du pouvoir de noyer le débat et la participation de l’opposition politique qui, sur plus de 500 participants, n’avait reçu qu’une vingtaine d’invitations »,  a déclaré le FSD dans  un communiqué.  Ce regroupement politique d’opposants a alors dénoncé les entorses faites au principe «  d’inclusivité » lors de la validation des termes de référence du dialogue.  « Nos représentants n’ont pu prendre part qu’aux travaux de trois groupes de travail annoncés à la plénière d’ouverture de l’Atelier, un quatrième Groupe de travail a été constitué sans qu’ils puissent y participe », fustigent les opposants.

Par ailleurs, les responsables du FSD  estiment  que l’atelier  de validation des TDR n’a  pas intégré les questions de fond constituant les principaux paramètres de la crise multidimensionnelle que traverse le pays.  Ces questions sont relatives, à en croire Soumaïla Cissé,   aux  raisons du blocage dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issue du processus d’Alger, en vue de sa nécessaire relecture, l’opportunité et la pertinence de la révision constitutionnelle en ce moment crucial d’aggravation de l’insécurité,  et l’absence de l’Etat à Kidal et sur des pans entiers du territoire national.

Les partis et mouvements politiques membres du FSD ont  déploré  plusieurs failles constatées dans la démarche traditionnelle des rencontres de ce genre.  Avant d’ajouter que  ces insuffisances témoignent à suffisance du bien-fondé de leurs  réserves, et   à accorder du crédit aux assurances données çà et là. « Nous sommes donc au regret de constater que nos espoirs d’un véritable Dialogue national inclusif, franc, sincère, démocratique et participatif, s’amenuisent de jour en jour », ont-ils expliqué.   Avant de souligner   que   « la  Nation recherche, au travers de cet exercice, une ultime opportunité pour faire le point de la crise multidimensionnelle, et de définir les fondements d’un Mali nouveau ». Ainsi,  à cause de ces failles cette frange importante de la classe politique malienne annonce qu’elle ne va pas participer au reste du processus du Dialogue tel que conduit actuellement par les plus hautes autorités du pays. Faut-il rappeler que d’autres partis politiques de l’opposition comme les FARE Anka Wuli de l’ex-Premier ministre Modibo Sidibé, la Ligue démocratique pour le changement de Moussa Sinko Coulibaly et d’autres formations politiques ou sociales (exemple de la CMA) sont aussi dans cette dynamique de non-participation à ce dialogue dans le format actuel de sa préparation….Aux dires de l’honorable Soumaïla Cissé, « la sortie de crise passe forcément par un dialogue sincère, global, inclusif, interactif, dynamique et transparent avec l’ensemble des forces vives de la Nation ». Quand tout semble conduire vers un dialogue que boycotteront certains acteurs maliens, le chef de l’Etat, garant de l’unité nationale devrait-il laisser faire ?

Dès lors, on se pose des questions sur la pertinence de la tenue d’un dialogue national sans une participation des opposants. Etant entendu que ce forum s’est aussi imposé dans la conscience nationale suite aux multiples contestations, manifestations contre le pouvoir. Et plusieurs observateurs ont fini par se rendre compte de l’impérieuse nécessité de faire asseoir les forces vives du pays autour de la même table pour réfléchir à la thérapie pour le sortir de cette mauvaise passe. Quel intérêt aura alors des discussions nationales dites inclusives si elles ne rassemblent pas les grands courants politiques du microcosme national. Ne serait-il pas là un gâchis ou une simple perte de temps ? Cela en aura tout l’air !

Kassoum TOGO

Mali Horizon

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