Au Mali, les lignes semblent commencer à bouger. Les citoyens réclament de plus en plus l’avènement d’une véritable démocratie.
Les autorités maliennes semblent ignorer jusque-là les signaux d’alertes qui ont commencé à germer depuis un bon moment de part et d’autre le pays. Longtemps accroupis sous le poids des tyrannies déguisées en démocratie, le peuple réclame désormais le règne d’une véritable démocratie.
Il n’y a pas de démocratie sans liberté d’expression ni de souveraineté populaire. Prenant conscience de cet état de fait après plusieurs années de maintien dans les geôles de l’obscurantisme qui n’est autre qu’un état de « sommeil dogmatique », les citoyens maliens, notamment la jeunesse qui constitue la majorité de la population, semble commencer à exprimer le désir de sortir de cette situation qui bouche toutes les voies du développement de la nation.
En effet, longtemps victimes des discours de politiques supermen leur promettant à la fois ciel et terre lors de leur campagne, de leur serment de prise de fonction ou dans leur Déclaration de politique générale, le peuple tyrannisé semble se réveiller pour réclamer de lui-même sa part. Il n’est jamais trop tard pour bien faire tant que nous sommes toujours animés par une bonne volonté. A la croyance aveugle, au suivisme, se substitue de plus en plus un bras de fer. Quelle chose normale si nous savons que ce peuple meurtri a tant supporté depuis des années ! Les vampires n’avaient l’intention que de le vider de tout son sang afin qu’on le déclare mort d’anémie. Faudrait-il alors dire que les théories diffusées durant des années sur la citoyenneté active commencent à donner des fruits ?
En tout cas, depuis les années 2017, les mouvements se multiplient de plus en plus pour réclamer des droits. Ce qu’a reconnu et félicité le président de la République en 2019 lors du premier anniversaire de son second mandat. À travers cette multiplication des manifestations, le peuple n’entend point imposer aux dirigeants des charges insupportables dans la mesure où il reste conscient qu’ils ne sont pas des supermen, mais exprime juste son désir de voir de vrais démocrates au pouvoir qui reconnaissent les droits de leur peuple et mettent tout en œuvre pour leur respect et leur renforcement.
En effet, un chef démocrate n’est pas un superman pour être en mesure de résoudre tous les maux dont souffre son peuple, mais il se doit de gouverner en véritable démocrate en adoptant une « politique rationnelle » consistant à agir sur les maux dont souffre le peuple ici et maintenant. À côté de cela, le peuple ne doit pas être relayé au second plan mais il doit bénéficier de toutes les considérations en tant que veilleur et non initiateur des politiques publiques.
Au Mali, cette levée de bouclier est salutaire mais reste encore disproportionnée par le fait des agissements spontanés sous forme de bêlement des moutons. Le pire encore, c’est les actions menées dans le seul but de se renflouer les poches en se servant d’autrui comme du bétail.
Le peuple malien a soif de démocratie et exprime son désir. Il ne veut plus de dirigeants supermen capables de tout faire à la fois alors qu’ils sont incapables de faire bouger les lignes. Il faut des dirigeants capables d’agir sur le présent afin d’apporter des changements. Ces mesures sont nécessaires si nous savons que cette jeunesse victime d’un complot d’État depuis des années constitue une bombe qui risque d’éclater et de tout bousiller. Aux dirigeants de voir !
Fousseni TOGOLA
Source : Le Pays