La Compagnie Malienne des Textiles (COMATEX), jadis fleuron de l’industrie textile malienne, continue de lutter contre de graves dysfonctionnements. Un récent rapport de vérification de performance, mené par le Bureau du Vérificateur Général (BVG), met en lumière une série de défaillances compromettant la relance et la viabilité de l’entreprise.
Une gouvernance défaillante et une organisation fragilisée
Bamada.net-Le rapport révèle que le Conseil d’Administration (CA) de la COMATEX ne fonctionne pas efficacement. L’adoption des procès-verbaux des sessions et des états financiers accuse un retard considérable, freinant la prise de décisions stratégiques essentielles. En outre, plusieurs responsables et agents exécutent des tâches en contradiction avec leurs fonctions définies par l’organigramme et le manuel des procédures, entraînant une mauvaise répartition des responsabilités.
Le Vérificateur Général souligne aussi que l’absence d’un plan pluriannuel de performance empêche l’évaluation efficace des objectifs et la planification stratégique de l’entreprise. Ce manque de vision à long terme entrave toute tentative de redressement durable.
Approvisionnements et gestion financière : une absence de rigueur préoccupante
L’un des constats les plus alarmants du rapport concerne la gestion des approvisionnements. La COMATEX procède à des acquisitions de biens et de services sans expression formelle des besoins des services utilisateurs. De plus, aucune mise en concurrence n’est observée dans la sélection des fournisseurs, ce qui constitue une violation des principes de transparence et de bonne gouvernance.
En ce qui concerne la gestion locative, les loyers des magasins de la COMATEX ne sont pas déterminés sur la base de critères objectifs, ce qui empêche la maximisation des recettes locatives.
Une production sous-performante et des équipements vétustes
Le rapport met également en lumière l’état alarmant des équipements de production. L’usine, construite en 1968, fonctionne avec des machines obsolètes et largement amorties. Les équipements de la chaufferie, de la ventilation et de la centrale électrique datent de plus de 50 ans, rendant impossible une production compétitive.
En conséquence, la COMATEX peine à atteindre ses objectifs de production. En 2023, seulement 59,43% des prévisions de production de tissus ont été réalisées. L’absence d’un système fiable de détermination des coûts de production constitue un autre frein majeur à la rentabilité de l’entreprise.
Des recommandations pour éviter la faillite
Face à cette situation critique, le Vérificateur Général a émis plusieurs recommandations urgentes :
- Le Conseil d’Administration doit adopter rapidement les procès-verbaux et fixer des objectifs clairs à la Direction Générale.
- Le Directeur Général doit établir un plan de performance mesurable et assurer une répartition claire des tâches au sein de l’entreprise.
- La mise en concurrence des fournisseurs doit être systématisée pour garantir l’acquisition des biens et services au meilleur coût.
- Une réhabilitation des équipements de production est indispensable pour assurer la viabilité de l’entreprise.
Une relance sous haute tension
Malgré les efforts de l’État pour relancer la COMATEX, qui a bénéficié d’un appui financier de 922 millions de FCFA en 2023, les déficits financiers restent abyssaux. La perte nette de 300 millions de FCFA en 2023 et les prévisions déficitaires pour 2024 montrent l’urgence d’une réforme profonde.
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L’avenir de la COMATEX repose désormais sur la mise en œuvre rigoureuse des recommandations du BVG. L’État malien, actionnaire unique depuis 2023, doit assumer pleinement ses responsabilités pour éviter la faillite définitive de cette entreprise stratégique pour le secteur textile national.
Bamada.net suivra de près l’évolution de cette affaire et l’application des recommandations du Vérificateur Général.
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BEH COULIBALY
Source: Bamada.net