Il y a quelques semaines, la Grande-Bretagne a été secouée par l’onde de choc du référendum pour l’indépendance de l’Ecosse. En Espagne, c’est la Catalogne qui pousse pour appeler son peuple à se prononcer sur l’indépendance ou non. Avant ces deux exemples, c’est l’Ukraine qui a vu une partie de son territoire s’émanciper par les urnes puis par les armes. Ce qui s’est passé en Europe n’a pourtant rien d’inédit. Depuis des lustres, de petites entités ont toujours cherché à se détacher pour moult raisons d’entités plus grandes. Pourtant, on croyait cette tendance dépassée. L’époque contemporaine a plutôt été traversée, sur les cinq continents par une volonté exprimée par les pays, de cheminer ensemble à travers des unions économiques et politiques. Cette option a été fortement encouragée par les grandes institutions internationales qui ont créé les conditions du rapprochement des pays de la planète.
Malgré toutes ces bonnes intentions, le démon de la division guette, notamment en Afrique. Aux foyers sécessionnistes ou séparatistes qui existent ou ont existé depuis fort longtemps, il y a de nouvelles entités qui chaque jour crient de plus en plus fort leur désir d’émancipation. Si jusqu’ici, les revendications étaient en général assez mesurées, désormais, elles ont pris un tour offensif. Dans certains cas, elles sont soutenues électoralement (au Soudan du Sud, le pays a accédé à l’indépendance en 2011). Dans d’autres cas, les séparatistes prennent les armes (c’est le cas au Mali, avec le Mouvement national pour la libération de l’Azawad). Dans l’un et l’autre cas, le résultat est le même : la remise en question de l’idéal d’intégration. Dans un monde en pleine restructuration supra-nationale, la montée de l’agitation séparatiste sur le continent apparaît dès lors comme une vraie hérésie. A tout le moins, il y a de l’inconfort à faire cohabiter le développement du nationalisme séparatiste- il divise et partitionne les Etats sur des bases ethnique, religieuse et linguistique-, et l’union, mieux, la fédération des Etats-nations multi-ethniques, multi-linguistiques, économiquement et politiquement intégrés.
L’Afrique fait ainsi face à un énorme défi. Comment éviter de ramer à contre-courant de l’histoire ? La réponse à cette interrogation est loin de couler de source. En tout cas, face à la poussée séparatiste, il importe de comprendre les motivations des différents acteurs d’une part, et d’analyser la réponse apportée aux revendications séparatistes, d’autre part. Il n’est pas inutile de rappeler que la mondialisation, dans son acception la plus large qui devait donner naissance à un monde heureux, est en butte aux crises (économique, financière, politique) et à la croissance des inégalités. Dans ces conditions, on appréhende mieux l’exacerbation des nationalismes et la volonté de repli sur soi ou d’indépendance de certains peuples. Pour autant, rien ne justifie la violence observée dans la plupart des revendications sur le continent. Davantage, il importe de promouvoir une politique constructive de la nation dans les Etats multi-ethniques hérités de la colonisation. Susciter un peuple-nation ne serait-ce pas la panacée contre les séparatismes et les sécessions ? De l’enclave de Cabinda à la Casamance, en passant par l’est libyen et le nord du Mali, l’Afrique se pose des questions et doit y trouver des réponses en urgence.
source: www.cameroon-tribune.cm