Lors de cette énième comparution devant la Cour pénale internationale, après déjà des années de détention, la culpabilité de l’ex-président Laurent Gbagbo pour crime contre l’humanité dans la crise postélectorale ivoirienne n’arrive jusqu’à présent pas à s’édifier clairement. Les avocats de la défense qualifient avec brio le dossier du procureur manque de fiabilité.
Après la demande de son acquittement lors de la dernière séance, avant même de comparaitre à la barre pour la défense, le sort de Laurent Gbagbo risque d’être à nouveau remis à l’incertitude. Les avocats de la défense ont évoqué un manque de fiabilité du dossier du procureur, en évoquant la problématique d’accessibilité à des sources fiables en période de crise. L’avocat de la défense, Me Jennifer Naouri, citera en exemple le permis d’inhumer d’une victime, établi par la mairie d’Abobo en ces termes : « Ce permis d’inhumer est daté du 3 mars 2011. Comment est-il possible qu’un permis d’inhumer ait été délivré le 3 mars 2011, alors que la mairie était fermée ? Ce document qui pouvait paraitre authentique est, à l’évidence, un faux qui a l’air d’un vrai. Et si ce permis d’inhumer est un faux, qu’en est-il des autres documents qui ont le cachet de la mairie d’Abobo ? ».
Un autre point que la défense remet en question est la proximité entre les autorités ivoiriennes et l’équipe du procureur, comme explique ici encore Me Naouri : « Il ressort clairement que le procureur a collaboré étroitement avec les autorités ivoiriennes pour mener ses enquêtes dès 2011. Nous savons que Jean-Pierre Mignard, avocat d’Alassane Ouattara, a remis au procureur, le 21 mars 2011, donc en plein milieu de la crise, un rapport sur la situation humanitaire en Côte d’Ivoire, établi à la demande d’Alassane Ouattara ».
La défense va jusqu’à pointer du doigt le manque de rigueur du procureur dans le traitement de ce dossier car selon Naouri, les vidéos n’ont pas été authentifiées : « Ce sont des montages », « certaines pièces sont falsifiées ». Une remarque qui provoquera chez les partisans fidèles à l’ancien président Gbagbo, dans la salle d’audience, un grand soulagement en guise d’espoir.
ISSA DJIGUIBA
Source: Le Pays