Sur un site d’extraction de la terre pour faire du banco, sorte de pisé, matériau de construction traditionnel, utilisé presque partout au Mali, sous un soleil qui brûlerait même la peau d’un éléphant, ceux qui font ce travail dur, s’acharnent, dans une atmosphère de ruche ou de termitière.
La matière est extraite des champs moyennant paiement au propriétaire du site. C’est une activité, qui est une source de revenus non négligeable pour les propriétaires des champs. Elle permet aussi de rendre le champ plat, en même temps, qu’elle le débarrasse des mauvaises herbes.
La chaîne d’exploitation du banco nourrit bien des personnes, des propriétaires de champs, aux manœuvres, en passant par les charretiers et les conducteurs de tricycles …Une chaîne qui commence de son extraction au champ et finit au crépissage pour lequel il est utilisé. Ce matériau sert aussi faire de briques pour construire une maison. Mais, très souvent, cette activité ne dépasse pas deux mois de l’année (du 1ermai au 31 juin). La raison ? C’est pendant l’hivernage que les cultivateurs labourent leur champ.
Ibrahim Touré est gérant des champs sur lesquels les charretiers et les conducteurs de tricycles viennent extraire du banco. « Chaque chargement d’une charrette ou tricycle coûte 250 Fcfa et, par jour, ma recette varie entre de 25 000 à 35 000 Fcfa. Les propriétaires des champs m’ont engagé pour ce travail parce qu’ils ont confiance en moi et ils savent aussi que je suis cultivateur », dit Touré. Selon le gérant des champs, l’extraction du banco ne concerne que certains champs qui sont élevés et qui contiennent une espèce d’herbe, communément appelé en langue songhoy (baw), qui est très nocif pour la culture du paddy.
Ibrahim Lamine Diallo, lui, est propriétaire d’un tricycle. Il nous raconte qu’auparavant, il transportait le banco à l’aide d’une charrette. Avec le revenu tiré de cette activité, il a acheté un tricycle. M. Diallo, confirme qu’un seul chargement de banco s’élevé à 250 Fcfa et, il le revend à 4000 ou 5000 Fcfa, selon les quartiers. « Le travail du banco est fatiguant parce qu’il faut l’extraire et le charger. Souvent, je peux faire cinq tours dans la journée mais la population est pauvre et elle dit que le banco coûte très cher », nous raconte-t-il.
« Grâce à ce travail, je parvenais à payer la scolarité de mes enfants que j’avais inscrit dans des écoles privées de la ville. Malheureusement, ceux-ci ont tous abandonné. Aujourd’hui, ils travaillent avec moi », poursuit l’homme.
Quant à Souma, le porte-parole des charretiers, il déclare : « Cela me fait 20 ans dans ce travail. J’ai construis une maison en banco, à partir de ce travail. Je me suis marié grâce à cette activité qui m’a aussi permis d’inscrire dans une Medersa mes enfants dont je paie les frais de scolarité, chaque de fin de mois. J’ai quatre ânes que j’ai achetés aussi avec l’argent tiré du banco, pour ne citer que ces avantages que je tire de l’extraction du banco ».
Abdoulaye habite au quatrième quartier. Il vient d’acheter trois chargements de banco avec les charretiers à 15 000 Fcfa. « Je l’ai acheté pour le crépissage de ma maison. Après chaque saison de pluie, une maison doit être crépie. Pour préparer le banco (du pétrissage au crépissage), j’ai payé au maçon, 5000 Fcfa par jour et 2000 Fcfa au manœuvre », ajoute Abdoulaye.
Un adage Songhoy dit : « la maison en banco ne refuse jamais le banco ». En cette période à Gao, à l’approche de la saison pluvieuse, l’activité principale de ceux et celles qui habitent dans des maisons en banco, c’est le crépissage.
A Gao, l’un des plus importants édifices historique et touristique est construit en banco : la mosquée et le Tombeau des Askia. Et également des habitations dont la majeure partie est en banco, souvent sur deux niveaux.
AT/MD
(AMAP)