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GABON : LA DECLARATION DE LA VACANCE DE POUVOIR NE CONSTITUERAIT PAS POUR MOI LA SOLUTION AU PROBLEME DU GABON.

Après l’instauration du monolithisme politique en 1968, le Gabon s’y était accommodé pendant vingt deux ans, et à ce que l’on sache, sauf meilleur avis des spécialistes des relations franco-gabonaises, aucun citoyen de ce pays n’avait saisi la France pour solliciter le retour au pluralisme politique. Elle l’a décidé de son chef et, au sommet de la Baule, l’a imposé aux Etats africains de son ancien giron colonial. Maintenant que nous y sommes, la France devient la première puissance occidentale, à la surprise générale, à s’ériger en véritable fossoyeur des processus électoraux en Afrque, en nous imposant une démocratie au canon qu’elle gère de mains de maître, nommant des Chefs d’Etat à sa solde, au mépris de la vérité des urnes, des chefs d’Etat qu’elle finit par broyer à la fin du processus, quand elle n’y trouve plus d’intérêt.

Le Président Léon Mba Minko n’étant plus d’une grande utilité, un coup d’Etat fut instrumentalisé contre lui en 1964, le conduisant à une mort précipitée trois ans plus tard.

Pour se débarrasser du Président Omar Bongo Ondimba, une procédure dite des biens mal acquis fut initiée de toutes pièces contre lui en France. Plongé dans l’humiliation de constater qu’il avait, quarante deux ans durant, servi fidèlement un maître qui, à la fin du processus, le recompassait d’une monnaie de singe, le Président succomba également de chagrin deux ans plus tard.

Dès la troisième année du premier mandat du Président Ali Bongo Ondimba, la France libéra contre lui ses soldats impérialistes. Pierre Pean, Robert Bourgi, RFI, France 2 et autres, chacun y allait de sa partition. Partout dans le monde, il était peint comme l’un des derniers dictateurs féroces restés au monde, ne possedant ni état civil, ni filiation familiale réelle. Il n’en fallait pas plus pour détruire son baromètre de popularité, tant sur le plan intérieur qu’à l’étranger. Comment s’étonner alors que ses résultats à l’élection présidentielle d’Août 2016 furent des plus catastrophiques?

C’est à ce moment, que la France trouva d’intérêt à l’imposer au canon au Peuple Souverain, bien entendu, après l’avoir contraint à réconsidérer en faveur des entreprises françaises, tous les marchés préalablement attribués à d’autres entreprises étrangères. Comment ne pas se laisser foudroyer par un accident vasculaire cérébral (AVC) dans des telles circonstances?

En attendant de trouver une autre victime à sacrifier le moment de la fête venu, la France et ses complices, font à nouveau le choix d’exposer la Nation gabonaise à une énième humiliation, en présentant au monde un Ali Bongo Ondimba s’embarquant dans l’avion au Maroc avec un bras droit visiblement paralysé, et se retrouvant quelques heures plus tard, à l’aeroport Leon Mba, avec le même bras, cette fois-ci, d’une parfaite motricité, ignorant totalement comment la paralysie pouvait affecter son pied droit en épargnant le bras du même côté.

Je suis étonné, sinon meurtri, de constater que dans ce contexte, les leaders de l’Opposition et de la Majorité s’activent à trouver chacun à la France, le prochain coq à sacrifier sur l’hotel de ses intétêts.  http://malijet.co/afrique/ali-bongo-de-retour-au-gabon-apres-plusieurs-mois-de-convalescence-au-maroc Je pensais que le canard devrait s’inquiéter de voir égorger un coq. Mais, dans mon pays, les gens se bousculent pour êtres les prochaines victimes, certains ayant d’ailleurs hâte de voir la vacance du pouvoir déclarée, pendant que d’autres la souhaitent différée, même de un ou deux ans, le temps de trouver, de leur côte, le meilleur coq sportif à livrer à l’abattoir de France.

Que la vacance de pouvoir soit déclarée maintenant ou non, importe peu pour le pouvoir en place, sa seule et unique mission étant de trouver à la France le prochain Président à sacrifier.

Que la vacance soit déclarée maintenant ou non, importe peu pour l’Opposition, son seul et unique rôle étant d’engager des dépenses colossales pour participer aux élections qui servent à donner la légitimité au candidat choisi par la Majorité pour le nom et le compte de la France. Pour récompenser cette Opposition de son rôle, la France acceuille ses exilés politiques et leur attribue le Trocadero pour s’amuser, sans danger, sous contrôle de ses services de renseignement, fermant les yeux sur la situation de certains leaders assignés à résidence surveillée ou emprisonnés.

Que la vacance du pouvoir soit déclarée maintenant ou non, importe peu pour le Peuple gabonais, son seul et unique rôle étant de fournir à la France de la chair à canon pendant les échéances électorales présidentielles, sa voix dans l’urne n’ayant aucune valeur.

Dans quel intérêt l’Opposition menerait-elle alors le combat pour la déclaration de la vacance de Pouvoir, qui se solderait par une élection présidentielle anticipée, organisée dans les mêmes conditions que les précédentes?

Nous sommes ici devant le triste constat du Président tchadien Idriss Déby Itno ” C’est toujours la France qui fait, c’est toujours la France qui crépite et c’est toujours la France qui est derrière” Ce constat est aussi celui de l’Union Européenne qui, dans l’une de ses résolutions en faveur du Peuple souverain du Gabon, demandait à la France de jouer un rôle constructif dans le fonctionnement des institutions de l’Union. En d’autres termes “Cesse de torpiller les efforts de l’Union Européenne au Gabon”. Ce constat est enfin celui du Vice-Premier ministre du Gouvernement italien Luigi Di Maio, qui accuse, à tort ou à raison, la France d’appauvrir l’Afrique.

C’est sous l’action de cette même France, agissant masquée, que le Gabon a perdu plus de mille citoyens dans des conflits postélectéraux depuis 1990. Aujourd’hui, après trente ans d’expérience démocratique malheureuse, je pense arrivé le temps de nous (Majorité, Opposition et Société Civile) asseoir avec la France, pour retracer les sillons de notre marche commune. Il n’y a aucune solution politique durable qui vaille dans ce pays sans une discussion franche et sincère avec la France, les différentes réceptions de la Présidente du Sénat en France n’augurant pas grand-chose de durable pour ce beau pays, qui n’a commis pour seul faute que d’être doté d’innombrables ressources naturelles.

Je serais d’avis pour qu’un temps de trêve politique soit consacré à aplanir nos divergences politiques, afin que la présidentielle de 2023, ne nous apportent plus son lot des tueries à l’arme de guerre, d’exilés et prisonniers politiques, d’assignation à résidence surveillée, de confiscation des libertés publiques, de fraude électorale, etc.

Loin de moi l’idée de lancer un appel d’empire, je voudrais simplement avoir la faiblesse de penser que c’est aujourd’hui que la France doit se réconcilier avec les Peuples de son ancien giron colonial, parce que demain, il sera peut-être tard, voire trop tard.

Nestor Bingou, Magistrat,
Ancien Procureur de la République

Source: Bamada.net

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