Journaliste américain détenu 22 mois par Al-Qaida en Syrie, Theo Padnos explique que le groupe terroriste en veut spécialement à la France.
Tabassé, torturé, harcelé, Peter Theo Curtis a été retenu 22 mois en Syrie par le front Al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaida, après avoir été piégé par des militants islamistes en Turquie. Libéré le 24 août dernier, ce journaliste américain qui écrit désormais sous le nom de Theo Padnosrevient sur l’attentat qui a frappé Charlie Hebdo mercredi. “J’ai peur, explique celui qui témoigne pour la première fois en France au micro d’Yves Calvi. J’ai chialé à la manifestation place de la République à Paris mercredi”.
La menace planait sur la France
S’il est marqué par la tragédie, le journaliste n’est pas forcément surpris. “J’avais un peu peur pour les Français à cause de cette menace qui existe dans le monde entier, poursuit-il. Al-Qaida, que je connais, est spécialement en colère contre la France. Ils disent que vous avez attaqué les musulmans en France au niveau du voile. Ils disent que vous avez attaqué leur religion au Mali”, continue le journaliste.
“Quand ils étaient sur le point de me libérer, ils m’ont dit que lorsque je serais de retour, il fallait que je parle au gouvernement français pour le prévenir qu’ils allaient ouvrir une branche d’Al-Qaida en France s’ils ne changeaient pas leur politique au Mali, assure-t-il.
Sous couverture au Yémen, où Saïd Kouachi a été formé
Sous le pseudonyme de Theo Padnos, le journaliste a écrit deux livres, dontUndercover Muslim : A Journey into Yemen (Musulman sous couverture : un voyage au Yémen), récit de ses études dans une une école religieuse musulmane au Yémen, où Saïd Kouachi, soupçonné d’être l’un des deux auteurs de l’attentat perpétré contre Charlie Hebdo a été formé au maniement des armes pendant plusieurs mois en 2011. Lorsqu’il était sous couverture dans la péninsule Arabique, l’auteur a croisé beaucoup de Français dans la mosquée, “peut-être la plus grande école salafiste du monde”, selon lui.
“Les Français y vont pour s’instruire dans la religion de l’islam, explique-t-il. J’avais de bonnes relations avec eux mais ils m’ont soupçonné d’être journaliste et m’ont dit que si j’écrivais un livre sur l’éducation dans la mosquée, les Yéménites me tueraient. ‘Tu n’as pas la science’, me disaient-ils. J’ai écrit sur ça. Pour moi c’était important de m’exprimer, de dire ce qui se passe dans les mosquées et ce qu’est une éducation islamiste, car on n’était pas en train d’apprendre comment devenir terroriste”.
Source: rtl.fr