Les différents marchés de la capitale sont inondés progressivement de ces fruits locaux très juteux et moins chers
A chaque période, ses réalités et à chaque saison, ses produits. Actuellement, la saison sèche qui s’est installée chez nous est marquée par des journées très ensoleillées avec des températures qui frôlent les 40° Celsius à l’ombre. C’est pourtant la période des mangues par excellence. Sous les hangars des marchés, dans les ruelles de la capitale, on trouve des étals de mangues de diverses variétés.
Chaque jour, des dizaines de camions déversent leurs cargaisons de mangues. Dans le négoce des mangues, les propriétaires de vergers sont apparemment les grands gagnants, eux qui négocient directement avec les grossistes. Lesquels, à leur tour, alimentent les filières des demi-grossistes et des détaillants. Chaque jour, ce sont des camions qui déchargent des tonnes de fruits. Les mangues arrivent pour la plupart des grands vergers de la Région de Sikasso, de Koulikoro, de Ségou et des environnants de Bamako.
«C’est dans le Wassoulou et dans le Mandé que nous partons chercher les mangues. Dans ces zones, nous les achetons à des prix vraiment abordables. Par exemple, la variété «Nougourouni» est vendue dans les vergers entre 5 et 10 FCFA l’unité. Cependant, il faut tenir compte des frais de transport. Sans oublier que le produit est périssable. Nous la cédons à nos clients entre 25 et 35 Fcfa l’unité», confie Adama Sidibé, assis sur son tas de mangues au Marché de fruits de N’Golonina. C’est le moment des bonnes affaires, les vendeuses achètent avec les grossistes pour les revendre sur place aux détaillants qui n’en prennent pas en grande quantité. Ainsi la mangue qui est cédée dans le verger entre 5 et 10 Fcfa se retrouve au prix de 50 Fcfa à 100 l’unité pour le consommateur. Mme Diaratou Koné est vendeuse de mangues à Banankabougou. Elle explique son quotidien:«Nos mangues proviennent des vergers de Baguinéda, de Sikasso, de Siby et de Ouéléssébougou. Ici, nous en avons plusieurs variétés et les prix sont fixés en fonction des variétés et des lieux d’approvisionnement. Il faut noter que cette année, le prix de la mangue connaît une hausse particulière. Les propriétaires de verger nous disent que les manguiers n’ont pas bien donné à cause de la faible pluviométrie. Nous vendons donc en fonction de la disponibilité», a détaillé notre interlocutrice. Mais pour certaines professionnelles comme Sali Doumbia, c’est peut-être parce que les manguiers ne produisent plus comme avant. «La mangue coûte cher, c’est une réalité, mais cela est imputable à la production qui chute d’année en année. Moi, j’ai constaté que ce sont nos manguiers qui sont devenus moins productifs. D’abord à cause des aléas du climat, mais aussi à cause de l’âge de nos arbres. Aujourd’hui, pour déguster une bonne mangue, il faut débourser entre 100 et 250 FCFA», a-t-il témoigné.
Mme Assétou Diarra fait le choix d’exposer ses mangues au bord de la route menant à Faladié et attend patiemment les clients qui sont pour la plupart des automobilistes qui se garent pour s’approvisionner. Dès qu’une voiture ralentit, on la voit aussitôt courir avec une étonnante vélocité pour accrocher l’éventuel acheteur. Ici, le panier de mangues est cédé entre 500 et 1000 FCFA. Notre interlocutrice explique qu’à chaque saison de mangue, elle s’adonne à ce commerce. «Nous nous approvisionnons tous les jours à partir de Sanankoroba. Très tôt le matin, je m’installe ici et cela jusqu’au soir. Les plus grosses des mangues sont dans les paniers que je vends à 1000 FCFA, tandis que les plus petites remplissent les paniers de 500 FCFA», indique la commerçante.
Les zones de production privilégiées. Il faut dire que ce sont les variétés locales qui sont les plus appréciées des consommateurs surtout pendant la période de grande chaleur, mais ils s’accommodent bien à cette nouvelle situation de cherté. La nouveauté de cette année, c’est le volume des arrivages sur Bamako, de plus en plus faible. Les négociants s’installent habituellement dans les alentours du stade du 26 Mars, au niveau des marchés de grossistes de fruits de Bozola, des marchés de fruits de Médine et des marchés de Banankabougou. Cette année, le flux est relativement faible.
Dramane Sacko est négociant de produits de saison. Il explique qu’il s’agit surtout d’un commerce saisonnier. «D’habitude, je suis acheteur et je sillonne l’intérieur du pays à la recherche de produits frais pour ravitailler la ville de Bamako et les autres Régions du pays. La Région de Sikasso et une partie de celle de Koulikoro sont les zones de production privilégiées», raconte-t-il.
Il ajoute que cette année, à cause, certainement, des facteurs climatiques, les mangues connaissent une production en baisse. «Il faut dire que Bamako est habituellement inondé et nous y enregistrons beaucoup de pertes. Cette année, nous nous sommes donc intéressés aux marchés de l’intérieur. Aujourd’hui, j’ai 4 camions de mangues en partance pour Gao et Tombouctou. Trois autres camions se dirigent vers Kayes. Les affaires marchent», détaille M. Sacko, visiblement satisfait.
Cependant, la valorisation des productions fruitières de notre pays reste avant tout une activité génératrice de petits revenus. Le potentiel est immense mais s’avère sous-exploité. Ainsi, dans les zones de grande production comme la Région de Sikasso, faute d’unité de transformation, des tonnes de mangues pourrissent chaque année dans les vergers.
Mariam B. Barry
Source: Essor