Toujours pas de dénouement heureux entre le gouvernement et les syndicats de magistrats du Mali. Le Sam et le Sylma ont été reçus le week-end dernier par le Garde des Sceaux. Malgré sa bonne volonté de convaincre les magistrats, le ministre de la justice Tiéna Coulibaly n’a pu faire bouger les lignes. Car les grévistes ont une fois de plus montré leur détermination à aller jusqu’au bout de leur lutte pour avoir gain de cause.
Lors de cette rencontre, le ministre de la justice leur a fait d’abord la restitution de la rencontre entre le président de la République et les membres élus du Conseil supérieur de la magistrature. À cette occasion, il leur a fait comprendre que le chef de l’État s’est engagé à améliorer les conditions de vie et de travail des magistrats ; que, de même, le président de la République a invité les Syndicats à lui faire confiance.
Le ministre estime que cela constitue un engagement plus important qu’un accord écrit obtenu du gouvernement. M. Tiéna Coulibaly a proposé de lever sans condition le mot d’ordre de grève sur la base de cet engagement présidentiel. Enfin, il a insisté sur le fait que l’exécutif tient aujourd’hui à ce que l’on sorte dans les meilleurs délais de cette crise ; que c’est pour cela qu’il a invité les Syndicats à faire une déclaration pour lever le mot d’ordre de grève.
Les grévistes posent des conditions
En réponse, les syndicats ont fait comprendre que, comme le gouvernement, la magistrature tient à une sortie de crise et à l’apaisement du climat social. Mais que cela doit intervenir dans des conditions durables et surtout honorables pour les deux parties. Ils ont fait savoir qu’ils acceptaient la main tendue du chef de l’État, mais qu’ils voudraient au préalable un certain nombre de mesures d’accompagnement : 1- le Premier ministre abroge son Décret de réquisition qui porte atteinte à l’indépendance du Pouvoir judiciaire ; 2- le gouvernement adopte le tableau synoptique à lui proposé par les syndicats suivant les modalités dégagées par le même document relativement à la question sécuritaire ; et enfin 3- le Gouvernement s’engage à adopter la nouvelle grille avec comme plancher 700 et comme plafond 2500 avant fin février 2019.
En réaction à ces contre-propositions, le ministre a estimé que les syndicats ne doivent pas assortir leur acceptation de l’engagement présidentiel de ces conditionnalités. La délégation syndicale, après avoir exprimé sa disponibilité au dialogue, a pris congé du Garde des Sceaux sur cette position et a rendu compte aux deux bureaux qui ont décidé, compte tenu de la délicatesse de la question, d’en saisir l’assemblée générale qui sera convoquée à cette fin le jeudi 25 octobre 2018 à la Cour d’appel de Bamako.
Le Sam et le Sylima invitent les magistrats du Mali à l’union sacrée, à la sérénité et à la plus grande vigilance. Ils les rassurent que plusieurs démarches sont en cours aussi bien pour consolider l’apaisement amorcé, que pour une sortie responsable et honorable de la présente crise. Le Sam et le Sylima rappellent enfin que le mot d’ordre de grève reste maintenu et expriment à toutes et tous leurs sentiments militants.
André Traoré
Soleil Hebdo