Après plus de 2 mois de grève, le gouvernement a décidé de “réquisitionner” les magistrats. La décision a été annoncée par la ministre du travail et de la fonction publique, mardi 09 octobre à la télévision nationale. Selon elle, la Cour suprême, saisie par le gouvernement, a confirmé le caractère “illégal” de cette grève. Suite à cette décision, les magistrats ont porté plainte contre le Premier ministre et certains membres du gouvernement pour “haute trahison” et “complot contre la sûreté de l’État”.
Au terme du décret lu à la télévision nationale par la ministre du travail et de la fonction publique, Diarra Raky Talla, les premiers présidents de cours, les présidents de chambre, les procureurs généraux et avocats généraux des cours, ainsi que les présidents des tribunaux de grande instance sont tous réquisitionnés pour reprendre le travail.
Dans sa déclaration, le gouvernement avance que le mouvement, entamé le 25 juillet, « ne respecte pas le service minimum ». Depuis plus de 70 jours, « les audiences ne se tiennent pas, les actes ne sont pas délivrés, bref, la justice est totalement à l’arrêt ». Ainsi, pour justifier sa décision, il affirme que la Cour suprême, saisie par le Premier ministre, a confirmé « le caractère illégal de la grève des magistrats » la semaine dernière.
De leur coté les deux syndicats des magistrats rétorquent que cette consultation n’est “pas conforme à la loi”. Selon eux, le chef du gouvernement ne peut consulter la Cour suprême qu’uniquement sur des projets de loi ou de décret. En conséquence les grévistes ont décidé mercredi soir 10 octobre lors d’une assemblée générale extraordinaire de ne pas se soumettre à cette injonction « illégale ».
Ils durcissent le ton et demandent la démission du premier ministre, du ministre du travail et de la fonction publique et celui de la justice, garde des sceaux. Aussi les magistrats récusent le Président de la Cour Suprême et engagent les syndicats à porter plainte contre lui pour forfaiture et violation de son serment.
Les deux syndicats des magistrats réaffirment leur détermination à poursuivre le mouvement. Ils estiment que cette décision « illégale » ne peut nullement entraver leur mouvement de grève avant la satisfaction totale de leurs doléances.
Bourama Kariba Konaté, secrétaire à la communication du SAM :
A Bamako, cette réquisition des magistrats est diversement appréciée. Si pour certains les conditions qu’ils jugent “dérisoires” des magistrats justifient leur mécontentement et la poursuite de la grève. D’autres estiment en revanche que leur refus du service minimum est “une violation du Code de travail”.
Source: studiotamani