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Front anti-IB: hybridation des démocrates ou l’allégeance des républicains aux Djihadistes

Faut-il désespérer du Mali ? L’évolution ces dernières semaines de la situation socio-politique de notre pays caractérisée par le virage à 90° de vétérans pour se faire une nouvelle virginité dans le but de s’éterniser sur la scène politique, qui procure certainement des avantages, interpelle.

 

Il faut encore plus désespérer quand il s’agit d’acteurs majeurs du Mouvement démocratique qui s’alignent derrière un homme religieux soupçonné à tort ou à raison de collaboration avec des terroristes Amadou KOUFFA et Iyad Ag GHALY pour prétendre au pouvoir dans un État démocratique et laïc. En tout cas, depuis l’organisation réussie de la manifestation du 5 juin dernier, la Coalition créée autour de l’Imam DICKO ne cesse d’enregistrer des adhésions et pas des moindres. En plus des ‘’démocrates sincères et convaincus’’, à l’image de Cheick Oumar SISSOKO, Choguel Kokala MAIGA, Konimba SIDIBE et Oumar MARIKO, une seconde vague est arrivée en renfort. On cite dans ladite vague Mme SY Kadiatou SOW dite Salama ; Modibo SIDIBE l’ambassadeur Cheick Sidi DIARRA. Hybridation quand tu nous tiens !

Les prairies verdoyantes et forêts giboyeuses de Badalabougou attirent des acteurs politiques en fin de carrière, les frustrés du régime (anciens ministres), des politiciens aux oubliettes, des jeunes loups affluent vers le nouvel eldorado politique en quête d’un nouveau rebond pour certains, et une nouvelle virginité pour d’autres, sous la couverture de la lutte contre la mauvaise gouvernance dans laquelle ils ont tous pourtant grandi.
Des ‘’démocrates convaincus et sincères’’
Si la médiatisation acharnée de ces arrivées vise à prouver l’émergence du désormais Mouvement du 05 Juin, une certaine opinion est dubitative quant à la pertinence des nouvelles recrues qui portent un coup de déjà-vu à ce mouvement qui se veut une incarnation du changement.
Parmi les politiques emblématiques à faire allégeance, Cheick Oumar SISSOKO, cet ancien formé dans les légions communistes de l’ULTGK (Union de lutte Tiémoko Garan KOUYATE) était jusque-là un très respecté acteur du Mouvement démocratique avec les Pr Mani CAMARA, Koaourou DOUCOURE, Me Mounjtaga TALL, Tiébilé DRAME. Les Oumar MARIKO et l’ancien ministre Konimba ont été formés dans le même moule. Le CNID, l’une des premières associations de l’ère démocratique est l’émanation de ces responsables politiques, qui prêtent aujourd’hui allégeance à un religieux. Où va donc le Mali ?
Mme SY Kadiatou SOW, une figure importante du Mouvement An tè A Bana, et Présidente de la Plateforme ‘’Anw Ko Mali Dron’’ n’est pas également une inconnue du Mouvement démocratique. Salama, comme l’appellent les intimes, a milité au Parti Malien du Travail (PMT), d’obédience marxiste-léniniste, dans la clandestinité. Avec l’Union soudanaise RDA, ses acteurs sont à l’origine de la création de l’ADEMA.
Aujourd’hui, le MIRIA qui demande la dissolution d’une Assemblée nationale mise en place, il y a moins de trois mois, est loin d’être un tout venant. Il est sorti des entrailles de l’ADEMA/PASJ, dont la plupart des fondateurs sont issus des rangs du Parti Malien pour la Démocratie et la Révolution (PMDR).
Ignore-t-il les dispositions de l’Article 42 de la Constitution qui précisent : « L’Assemblée nationale ne peut être dissoute dans l’année qui suit ces élections » ?
Allégeance des démocrates
Voici donc des acteurs du Mouvement démocratique qui s’alignent derrière un homme accusé d’avoir fait allégeance à des salafistes comme Iyad et Amadou KOUFFA, dont la doctrine ne fait l’ombre d’aucun doute : l’application de la Charia. À la suite de la volonté exprimée des autorités de négocier avec ces extrémistes, depuis 2013, un enregistrement sonore en langue Tamasheq, prêté à Iyad Ag Ghali ces propos : « nous n’avons pas pour le moment la possibilité d’arrêter les combats. S’il est nécessaire que nous ne nous attaquions pas aux pays voisins, il n’y a aucun problème, la charia l’accepte, quelles que soient leurs croyances. Mais que personne n’espère nous faire dire des bêtises. Il faut que cette idée n’effleure l’esprit de personne. Celui qui veut négocier avec nous, doit d’abord accepter que nous sommes des musulmans, qu’il ne cherche pas à nous faire renier nos convictions. Parce que dans l’esprit de tous les États qui nous environnent, ils n’acceptent la négociation que si tu cries haut et fort que tu reconnais la constitution nationale ».
L’imposture
Des politiques qui prêtent à allégeance à des supposés collaborateurs de ces salafistes peuvent voir rapidement se coller le qualificatif d’imposteur pour des postes par des observateurs de la scène politique.
Ceux qui, hier, étaient dans le politiquement correct, les Cheick Oumar SISSOKO, les Salama, Konimba, Choguel Kokala MAIGA… deviennent des hybrides dans ce cas, dans le sens de la définition de l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubèye MAIGA (SBM). Le 10 février 2019, lors d’un atelier de l’Alliance Ensemble pour le Mali (EPM), il soutenait : « Je voudrais dire que nous ne devrions pas perdre de vue que nous sommes dans une démocratie où le jeu se mène. Il se mène quelques fois de manière malicieuse et maligne (si je peux dire). Parce que tout le monde voit bien que je l’ai dit au moment de l’EID.
Il y a des gens qui, chaque fois qu’ils sont vaincus sur un théâtre, changent de théâtre, mais toujours avec le même objectif. Comme vous tous, j’ai vu la théâtralisation assez lisible par rapport à l’appui que le Gouvernement s’est fait le devoir d’apporter à l’organisation d’une prière destinée normalement à appeler à la paix et à la réconciliation.
Franchement, on n’a rien vu de fondamentalement bizarre. C’est dire que l’État a toujours soutenu toute initiative de citoyens qui disent agir pour la paix. Donc, quand l’État a été informé que le Haut conseil voulait organiser une journée de prière pour la paix et la cohésion, bien sûr nous avons fait ce qu’il fallait faire. Quand il nous est apparu que ce n’était pas une initiative unitaire, tout en maintenant le principe de l’appui, nous avons revu le niveau de l’appui.
Parce que même quand c’est des individus, nous les appuyons. Même quand c’est pour des objectifs strictement personnels. Maintenant le reste, franchement, on n’est pas plus impressionné de ça. Comme je l’ai dit souvent, nous avons à faire à des acteurs hybrides qui poursuivent le même objectif politique, sous différentes facettes. Mais, c’est le même objectif politique… »
Face à eux, c’est au pouvoir et à ses soutiens de faire preuve de vigilance.
Une alliance de contre nature ?
L’Imam, qui semble mettre la quantité avant la qualité en matière de critère d’adhésion à son mouvement, ignore-t-il le jeu caméléon de ces hybrides ? Le 7 juillet 2019 lors du lancement de la CMAS, il n’a pas manqué de pointer un doigt accusateur sur les acteurs démocratiques pour avoir ‘’trahi les Maliens’’.
« (…) Le seul problème que nous avons aujourd’hui au Mali, c’est celui de la gouvernance. (…) Ce sont les acteurs du 26 Mars qui ont détourné les idéaux de la démocratie au Mali. (…) Mon problème, c’est ceux qui ont trahi le peuple malien. C’est à eux que je m’adresse. Ce peuple malien qui a mené une lutte farouche pour avoir une révolution en 1991. Cette révolution a été confisquée. Tous les problèmes que le Mali vit aujourd’hui sont les conséquences de cette confiscation.
À la date d’aujourd’hui, ceux qui sont nés après mars 91 ont 30 ans et ils n’ont pas de repère. Parce que la révolution a été confisquée. Une autre orientation a été donnée. Cette orientation qui a été donnée qui a mis le pays dans cet état.
Le Malien, qui n’a pas versé une goutte de sang pour avoir l’indépendance et la souveraineté internationale, a versé beaucoup de sang, a perdu beaucoup de vies, il y a eu beaucoup d’atrocités pour qu’il y ait cette révolution du 26 mars.
Mais, c’est parce que cette révolution a été confisquée, les objectifs ont été changés, on lui a donné un autre contenu. Ç’a donné aux Maliens le résultat que nous avions aujourd’hui », a déclaré l’Imam Dicko.
Moins d’une année après, le 5 juin 2020, le même DICKO s’allie avec certains acteurs clés du Mouvement démocratique pour exiger la démission du Président de la République. Où se trouve la cohérence dans la démarche de « l’éclairé » Imam, s’interroge Sambou SISSOKO ?
Il s’agit en tout état de cause de soutiens qui le condamnent à mort autant qu’il les a condamnés à mort par son sévère réquisitoire.

Par Sidi DAO

INFO-MATIN

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