Pour dénoncer la réélection « frauduleuse » du Président sortant Ibrahim Boubacar Kéïta, malgré un bilan véreux et conspué reconnu par tous les Maliens, les partisans du Chef de file de l’opposition Soumaïla Cissé ont battu le pavé, le samedi dernier, à Bamako.
De la place de la Liberté à l’esplanade de la Bourse du travail, des dizaines de milliers de manifestants ont marché, le samedi dernier à Bamako. Ils sont venus de tous les horizons de la capitale le samedi à Bamako pour répondre à l’appel des leaders de l’opposition afin de dénoncer les fraudes et la malversation des résultats qui ont, selon les manifestants, permis la réélection du Président IBK à l’issue des deux tours du scrutin présidentiel du 29 juillet et du 12 août derniers. Depuis la proclamation des résultats définitifs, le 20 août par la Cour Constitutionnelle, déclarant IBK « Président » au sortir du second tour au Chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé, une dizaine de candidats dont Mohamed Aly Bathily, Mountaga Tall, Choguel Kokala Maïga, Moussa Sinko Coulibaly et une grande partie de la société civile, réunis autour du Chef de file de l’opposition, manifestent pratiquement tous les deux semaines contre la « fraude et les bourrages d’urnes» qui ont émaillé le processus électoral avec conspiration du Ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation et la Cour Constitutionnelle. Aussi, ils ont dénoncé les arrestations arbitraires qu’ont subies certains de leurs compagnons de lutte.
Sur les banderoles et autres parcantes des manifestants, on pouvait lire, entre autres, des messages d’indignation et de slogans frisant la colère comme : « Soumaïla Cissé, Président ; IBK dégage!» « A bas le Président de fait », « Non à la fraude » … Les organisateurs de ladite marche ont évoqué une énième fois les raisons de leur lutte qui s’inscrit dans le cadre républicain et patriotique : «Au moins 25.000 personnes ont répondu à l’appel de notre Coalition de l’espoir pour réclamer le respect du vote des Maliens et la souveraineté nationale du peuple », a déclaré Tiébilé Dramé, Directeur de campagnes du candidat Soumaïla Cissé lors de son allocution.
Selon Soumaïla Cissé, le Chef de file de l’opposition, candidat de la plateforme Ensemble Restaurons l’Espoir, tous les efforts seront déployés pour exiger le respect strict des normes électorales. «La lutte continue, pour la liberté d’expression, contre la fraude, le bourrage des urnes et la falsification des résultats. Nous ne pouvons pas continuer à vouloir construire une Démocratie sur du mensonge, sur la fraude, sur des malversations de l’administration », a-t-il déclaré tout en mettant en garde contre le risque d’une « Assemblée monocolore », à l’issue des législatives prévues pour les 25 novembre et 16 décembre prochains.
Cas des plaintes contre les membres de la Cour Constitutionnelle
En déclarant « réélu Ibrahim Boubacar Kéïta » pour un second quinquennat nonobstant la demande de la récusation de la Présidente de la Cour Constitutionnelle, Manassa Dagnoko, et les requêtes aux fins d’annulation du scrutin formulée avec toutes les preuves à l’appui par plusieurs candidats à l’élection présidentielle dont Soumaïla Cissé et Oumar Mariko, les neuf sages de la Cour Constitutionnelle devaient rendre leur démission d’office pour forfaiture dira Me Mohamed Aly Bathily, l’un des Avocats des candidats contestataires. Même si beaucoup estiment que ces plaintes n’iront nulle part, les manifestants tiennent toujours à la loi: «Nous allons nous battre pour l’aboutissement des plaintes introduites contre les membres de la Cour Constitutionnelle », a rassuré Mohamed Youssouf Bathily alias Ras Bath, porte-parole du Collectif pour la Défense de la République.
Selon les plaignants, c’est le Ministre chargé des Élections qui a fait pression sur les juges constitutionnels en faveur du Président IBK. Ce, en violation flagrante de l’Article 8 de la Loi organique qui fait injonction aux membres de la Cour Constitutionnelle de ne donner aucune consultation sur les questions relevant de la compétence de la structure. Donc, c’est la Cour Constitutionnelle qui s’est écartée de la loi à travers une lettre circulaire irrégulière et inappropriée autorisant l’utilisation des procurations sur la base d’une liste communale, toute contraire, à la disposition prévue par la loi qui l’oriente vers le même Bureau de vote, dont le mandataire et le mandaté doivent, tous deux, relever.
Seydou Konaté
LE COMBAT