Après 48 jours d’enquêtes menées par 19 agents à Bamako, Mopti, Sévaré, Douentza et Bounti , la Minusma vient de publier son rapport sur les frappes de Barkhane effectuées le 03 janvier dernier dans le secteur de Bounti. Le rapport accable les forces françaises d’avoir ciblé des civils et non, des éléments terroristes. « L’équipe n’a constaté sur le lieu de l’incident aucun élément matériel qui aurait pu attester la présence d’armes ou de motos tel qu’établi par le rapport des experts de la police scientifique des Nations Unies », indique le document.
Le 3 janvier dernier, les forces spéciales françaises engagées dans la lutte contre le terrorisme ont largué une bombe sur un groupe d’individus rassemblés sous un arbre dans le secteur de Bounti. Si Barkhane indiquait à l’époque avoir visé des éléments terroristes, les contrevérités des parents des victimes conjuguées aux déclarations de plusieurs mouvements ont nécessité l’ouverture d’une enquête. C’est dans ce contexte que la MINUSMA, à travers sa Division des droits de l’homme et de la protection (DDHP), a déployé « une mission spéciale d’établissement des faits du 04 janvier au 20 février 2021, avec l’appui de la Force et le soutien de la police scientifique des Nations Unies et de l’information publique en vue de faire la lumière sur les informations et allégations reçues ».
Dans le rapport publié à la suite des investigations, la mission Onusienne souligne avoir collecté ses informations en utilisant la méthodologie du Haut- commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme. Le groupe d’enquêteurs était formé de quinze (15) chargés des droits de l’homme, deux (2) experts de la police scientifique des Nations Unies et deux (2) chargés de l’information publique. La mission a ainsi procédé à des séances d’entretiens présentiels individuels avec au moins « 115 personnes et avec au moins 200 personnes lors des réunions groupées et réalisé plus d’une centaine d’entretiens téléphoniques. Elle a également analysé au moins 150 publications, notamment des communiqués et déclarations officiels, des articles de presse, des déclarations et positions d’autres acteurs et des sources ouvertes ainsi que des photographies et vidéos concernant la frappe de Bounti »,peut-on lire dans le document .
De l’avis de la mission onusienne, elle est en mesure de confirmer au terme de l’enquête, ‘’ la tenue d’une célébration de mariage qui a rassemblé sur le lieu de la frappe une centaine de civils parmi lesquels se trouvaient cinq personnes armées, membres présumés de la Katiba Serma’’.
Les victimes sont toutes des hommes âgés de 23 à 71 ans, dont la majorité habitait le village de Bounti selon le rapport d’enquête.
Et d’ajouter qu’au moins 22 personnes, dont trois des membres présumés de la Katiba Serma présents sur le lieu du rassemblementont été tués par la frappe de la Force Barkhane survenue le 3 janvier 2021 à Bounti. « Le groupe touché par la frappe était très majoritairement composé de civils qui sont des personnes protégées contre les attaques au regard du droit international humanitaire. Cette frappe soulève des préoccupations importantes quant au respect des principes de la conduite des hostilités, notamment le principe de précaution dont l’obligation de faire tout ce qui est pratiquement possible pour vérifier que les cibles sont bien des objectifs militaires » rappelle le rapport . Les enquêteurs recommandent (…)
Mahamane TOURÉ
NOUVEL HORIZON