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Francophonie : la France fait-elle cavalier seul ?

Analyse. Qualifiée de « belle et grande cause » par François Hollande, la francophonie ne mobilise guère les foules dans l’Hexagone, contrairement à la plupart des autres pays concernés. Et il y a fort à parier que le 20 mars, Journée internationale de la francophonie instaurée en 1998, ne fera pas exception. L’intérêt pour cet espace linguistique a toutefois semblé croître au vu des chiffres sur son envergure à travers le monde, et des projections annonçant sa formidable expansion en Afrique.

 

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« La francophonie, c’est 220 millions de locuteurs. Mais à terme, dans trente ans, il y en aura plus de 700 millions. C’est un enjeu considérable, à la fois pour laculture mais aussi pour l’économie et pour la politique », a répété M. Hollande lors de ses voeux au corps diplomatique, mi-janvier. L’Organisation internationale de la francophonie (OIF), l’entité qui regroupe 57 Etats ou gouvernements « ayant en commun l’usage du français », anticipe que l’Afrique, où vivent actuellement environ la moitié des francophones du monde, en rassemblera environ 85 % en 2050. A trois conditions, sujettes à aléas.

La première est que ce continent garde ses taux de natalité élevés – ils risquent de s’infléchir en raison de la croissance des classes moyennes dans de nombreux pays. La deuxième est que la scolarisation y progresse à grands pas.Or le système éducatif public est défaillant dans beaucoup de cas. Il faudra ensuite que le français soit consolidé – au Sénégal seul un tiers de la population le parle – et demeure une langue enseignée. Ce n’est plus le cas au Rwanda, qui a abandonné le français en 2011, du primaire à l’université, au profit de l’anglais.

SON AVENIR SE JOUERA EN AFRIQUE

Le français régresse en Europe et dans toutes les organisations internationales où il est langue officielle, mais son avenir se jouera en Afrique, où il est en concurrence avec les langues locales, avec l’anglais et aussi l’arabe, via les écoles coraniques. La France, fortement engagée militairement au Mali et en République centrafricaine, vient de prendre différentes initiatives qui se voudraient en pointe sur plusieurs plans.

Ministre déléguée à la francophonie, Yamina Benguigui a organisé, début mars à Kinshasa, le deuxième Forum mondial des femmes francophones, qui a rassemblé un millier d’entre elles, en majorité africaines. Dans cette même capitale de la République démocratique du Congo (RDC), M. Hollande avait pourtant ostensiblement boudé, lors du sommet de la francophonie de 2012, son homologue Joseph Kabila – propulsé au pouvoir en 2001, puis élu à l’issue de scrutins contestés –, en raison du peu de cas qu’il faisait des principes démocratiques et des droits de l’homme. Force est de constater que, depuis ce sommet, seuls des progrès de façade ont été enregistrés à ces chapitres.

Lors de ce forum, Mme Benguigui a annoncé la création d’un fonds pour la scolarisation des filles jusqu’à 16 ans. « Je veux pouvoir imposer par la francophonie ce droit-là, a-t-elle déclaré, pour contribuer à faire tomber de fait les mariages précoces et les mutilations sexuelles. » « Quand une fille est allée à l’école jusqu’à 16 ans, a-t-elle estimé, elle ne prendra pas son couteau tranchant pour exciser sa propre fille ou sa nièce parce qu’elle saura que cela n’est ni dans l’islam ni dans les autres textes religieux, et que ce n’est qu’une coutume qui a perduré. »

FINANCEMENTS EN BAISSE

La scolarisation pour tous au primaire est un objectif auquel travaillent des organisations multilatérales comme l’Unesco ou le Partenariat mondial pour l’éducation, mais la ministre souhaite « trouver des moyens supplémentaires »auprès des Etats francophones et des partenaires privés afin de jouer « un rôle d’accélérateur ». L’Agence française pour le développement a déjà engagé, depuis 2012, plus de 700 millions d’euros dans des programmes de scolarisation.

L’autre initiative que s’apprête à lancer Mme Benguigui est, elle, financée à hauteur de 3,95 millions par la France : baptisée « 100 000 formateurs pour l’Afrique », elle vise à fournir une formation à distance, via Internet, aux élèves instituteurs ou professeurs dans 8 pays d’Afrique. Cette initiative concurrence un programme lancé en 2008 par l’OIF de formation des maîtres à distance (Ifadem) auprès de 10 pays francophones, avec de bons résultats.

La France chercherait-elle à faire dorénavant plutôt cavalier seul en matière de francophonie ? Sa contribution volontaire à l’OIF, destinée à financer ce type de programmes, a diminué de moitié en trois ans, passant de 21 millions en 2011 à 10 millions cette année.

D’une manière générale, Paris a réduit ses financements aux opérateurs de la francophonie, parmi lesquels la dynamique Agence universitaire de la francophonie – 776 établissements à travers le monde –, pionnière dans les formations à distance diplômantes. La subvention de la France au réseau privé des Alliances françaises (au nombre de 812 dans 135 pays) a baissé de 15 % en trois ans. Les établissements scolaires français à l’étranger (481 dans 131 pays) ont, eux, perdu 416 millions d’euros en 2014.

« La langue française n’appartient pas à la France », répète à l’envi François Hollande. Dès lors, s’allier pour des actions communes avec d’autres contributeurs de la francophonie moins endettés (Canada, Québec, Belgique etSuisse) pourrait faire sens.

source : maliactu

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