Pour essayer de reprendre en main sa ligne de défense, plus que jamais malmenée pendant deux semaines par la polémique des emplois présumés fictifs des membres de sa famille, François Fillon a tenu le lundi 06 février une conférence de presse. Comme l’on pouvait le redouter, celle-ci (qui ne serait certainement pas la dernière) n’aurait visiblement pas pu causer l’électrochoc nécessaire pour convaincre le monde de la presse mais aussi et surtout rassurer ses partisans du parti “Les Républicains” de son innocence suite aux polémiques sur les emplois présumés fictifs de son épouse Pénélope et de ses enfants.
« Tous les faits évoqués sont légaux. Rien ne me fera changer d’avis, je suis candidat à l’élection présidentielle », a tranché François Fillon. Pourtant à soixante-treize jours de la présidentielle, à cause du « Pénoloppegate », l’homme a atteint le point d’inflexion de sa courbe de sympathie qui est désormais descendante. A part quelques rares affidés, il perdrait crucialement la confiance d’une quantité d’élus de sa famille politique. Dont des ténors ne seraient plus favorables à sa candidature.
Une position qui risque de s’aggraver par la piètre intervention de François Fillon qui ne s’est contenté, au cours de sa conférence de presse, que d’accuser. Notamment, en dénonçant un « lynchage médiatique », pour ne pas dire un procès médiatique contre sa personne, accusant le gouvernement d’avoir « organisé la fuite des informations » qui l’accablent et en mettant en cause le Parquet financier qui « ne serait pas l’instance habilitée » à traiter son dossier. Ce, sans pour autant pu fournir des preuves tangibles de son innocence. Toutes choses qui ne contribuent point à ouvrir l’horizon politique en sa faveur pour affronter sereinement la future présidentielle.
Ce qui est encore évident, eu égard au fait qu’au lieu de fournir à l’opinion, aux médias et aux élus indécis de sa famille politique, des arguments très solides pour dissiper leurs inquiétudes, le jusque-là candidat unique de la coalition de Droite et du Centre français, ne s’est borné qu’à faire des excuses auprès des français pour avoir « légalement employé » les membres de sa famille. Une pratique qui, selon lui, est très courante mais désormais décriée par l’opinion. Un fait immoral dont le candidat Fillon continue de minimiser la portée pour la suite des évènements, pour qu’il se montre plus que jamais résolu à maintenir vaille que vaille sa candidature. De sorte que, tout en ignorant les sondages qui lui sont désormais défavorables, l’homme très intrépide annonce une nouvelle page de campagne.
Or pour l’intérêt supérieur de sa famille politique, le bon sens voudrait que François Fillon renonce à sa candidature afin que soit remis en selle un autre candidat. C’est-à-dire, accepter le plan « B » proposé par certains ténors de la Droite et du Centre. Tout comme ce qu’avait connu comme sort, Dominique Strauss Khan, pourtant candidat naturel de la Gauche (battant tous les records de sondage à la veille de la présidentielle de 2012).
Un candidat potentiellement sérieux qui, pour avoir été inculpé et emprisonné pour viol aux USA, aura été recalé par le parti socialiste s’étant contenté du coup, du candidat François Hollande. Ce dernier, comme on l’a vu, a pourtant remporté l’élection présidentielle avec brio.
Gaoussou Madani Traoré