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Fragilisation de l’État malien : Quand les institutions de la République se résument à deux personnes, l’Imam Mahmoud DICKO et le Cherif de Nioro

Ce n’est plus un secret pour personne, la faillite de la classe politique a entraîné une crise de confiance généralisée entre les populations et les hommes politiques, donnant lieu à une prééminence de certains acteurs religieux sur les institutions de la Républiques du Mali.

Depuis l’avènement de la démocratie au Mali en 1992, la classe politique malienne a progressivement perdu tout crédit da la part des populations. En effet, profitant de l’attribution des postes en fonction des rôles et alliances politiques, la plupart des hommes politiques maliens ont passé le clair de leur temps à des malversations financières avec leur lot de fausses promesses, de chimères, brisant ainsi les attentes légitimes des citoyens. Les seuls cadres d’échanges vifs entre élites politiques et populations restent les campagnes électorales, qui en réalité ne sont que des propagandes électoralistes.

Cet état de fait a carrément brisé la confiance entre les politiques et le peuple, laissant place à un vide dans lequel s’est engouffrée la religion, la nature ayant horreur du vide. De ce fait, le monde religieux, principalement musulman, est devenu un électorat potentiel non négligeable. Les personnalités influentes de ces grands courants religieux sont devenues des véritables faiseurs de roi car bénéficiant de la confiance des populations avec des discours qui répondent à leurs aspirations.

Cette conquête effrénée de l’électorat a favorisé une immixtion dangereuse de certains acteurs religieux dans les hautes affaires publiques. Aujourd’hui, trois ténors religieux sont devenus incontournables dans la gestion du Mali, l’influent Imam Mahmoud DICKO, son mentor, le Cherif de Nioro et le prêcheur et non moins Président du Haut Conseil Islamique du Mali (HCI), Cherif Ousmane Madani HAIDARA, contribuant ainsi à un affaiblissement irréfragable de l’Etat et de ses institutions.

Si le troisième revendique une certaine distance par rapport au terrain politique et une nette neutralité vis-à-vis de la gestion de l’Etat, les deux autres ont fini par mettre sur la place publique leur ingérence dans la politique et dans la gestion au plus haut sommet de l’Etat, attesté par des faits palpables et vérifiables. L’Imam Mahmoud DICKO n’a-t-il pas clamé haut et fort qu’il a transformé des mosquées en QG de campagne. Et à la question du Cherif de Nioro, de savoir qui a amené Dr Boubou CISSE à la Primature, DICKO a confirmé à qui veut l’entendre que c’est lui qui l’a proposé. Les nominations dans la haute sphère de l’Administration et à des postes sensibles se font sur proposition ou consultation de ces deux personnages religieux, aux humeurs desquels les affaires normalement judiciaires sont souvent tranchées, se substituant ainsi aux institutions constitutionnelles de la République. Si ce n’est nullement de leur faute, force est aujourd’hui de constater que c’est un véritable danger que la gestion d’un pays soit l’apanage d’individus n’ayant aucune prérogative légale ou constitutionnelle, fussent-ils des légitimités religieuses jouissant d’une grande respectabilité auprès des populations.

Ces crises récurrentes ne sont que les conséquences du non-respect des textes, de l’impunité et de la trop grande place accordée au social qui outre-passe son champ naturel et dont le seul coupable reste l’homme malien.

MD 

Source: Journal le Pays-Mali

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