La rencontre mobilise de grands intellectuels capables d’ausculter le continent dans ses problématiques majeures, dans ses vrais défis, afin d’éclairer la voie menant à l’émergence
Les travaux de la 20è édition du Forum de Bamako ont démarré hier au Centre international de conférences de Bamako sous la haute présidence du président de la République. Ibrahim Boubacar Keïta était, pour la circonstance, entouré du Premier ministre, Dr Boubou Cissé, des membres du gouvernement, notamment la ministre de la Culture, Mme N’Diaye Ramatoulaye Diallo. Étaient aussi présents le président de la Fondation Forum de Bamako, Abdoullah Coulibaly, le patron de la Minusma, Mahamat Saleh Annadif et plusieurs invités du Mali et d’ailleurs.
Cette édition qui durera jusqu’au 22 février porte sur le thème : «Quelle Afrique à l’horizon 2040 ?».
Le président de la République a salué toutes les délégations et tous les participants qui ont fait le déplacement pour rehausser l’éclat de cette 20è édition du Forum. «Il me fallait de venir vous saluer et vous dire à quel point ce pays vous doit d’être avec lui en ces temps de malheurs», a dit le chef de l’État.
Ibrahim Boubacar Keïta a rappelé que le «forum de Bamako, c’est l’amitié, la convivialité». Au fil des ans, a-t-il ajouté, le forum s’est imposé. Auscultant le continent dans ses problématiques majeures, dans ses vrais défis et même parfois dans ses faux départs, a développé le chef de l’État, le forum a passé en revue les préalables, les conditions et ainsi que les voies et moyens d’une Afrique qui émerge au lieu de sombrer. «Cette année encore, il a déjà commencé à se pencher sur le bilan et les perspectives du continent», a-t-il soutenu, ajoutant que l’Afrique n’a pas le choix. Ou elle se relève et fait un pas décisif sur la voie de l’émergence qui n’est plus facultatif mais impératif ou elle sombrera pour de bon et ce, dans un contexte de sauvage compétition pour la performance, a encore indiqué le président Keïta pour qui les conclusions de ces assises seront utiles en ces temps où l’obscure cherche à éclipser la lumière.
Le président de la Fondation Forum de Bamako a, dans son allocution, expliqué que les États africains, en l’occurrence ceux du Sahel, se sont trouvés brutalement confrontés à une double fragilité face à une crise sécuritaire sans précédent. D’une part, le défi de mener un combat contre une guerre asymétrique et, d’autre part, les difficultés de mobiliser les ressources pour faire face à l’effort de guerre, a expliqué Abdoulah Coulibaly.
L’ÉNORMITÉ DES DÉFIS- Aussi, en plus de ses propres défis, l’Afrique se positionne dans un monde instable, un monde emballé donnant l’inquiétante impression d’un naufrage collectif. «Plus de monopole. Point de certitudes durables. Partout des défis : changement climatique, recul du multilatéralisme, poussée démographique, déliquescence des États, querelles d’hégémonie, menace nucléaire, terrorisme, conflits armés, question migratoire, famine, pandémies, montée du populisme et radicalisation de certains mouvements religieux», a-t-il déploré.
Malgré l’énormité des défis à relever, l’Afrique regorge de jeunes talents qui fondent à croire avec beaucoup de raisons que le prochain Einstein sera africain, a prédit Abdoulah Coulibaly. Se disant sûr que l’Afrique de demain est pleine de promesses, il a remercié le Chef de l’État pour sa vision holistique et sa lecture lucide et pragmatique de tout ce qui peut servir le Mali, l’Afrique et contribuer à rapprocher les peuples du monde. Abdoulah Coulibaly a aussi salué l’initiative de l’Institut panafricain des sciences mathématiques (AIMS) qui a donné naissance au Next Einstein Forum (NEF) afin de sélectionner et récompenser les plus méritants des jeunes scientifiques du continent.
Le patron de la Minusma a indiqué que le forum se tient dans un contexte régional et international porteur de défis, mais aussi d’espoir pour les pays du continent et de la sous-région dans leur marche vers un développement durable inclusif. Pour lui, le thème de cette édition est davantage une interpellation adressée à tous les Africains, surtout à la jeunesse, ainsi qu’aux amis et aux partenaires de l’Afrique. Cette interpellation vise -, selon Mahamat Saleh Annadif, de les insister à saisir les opportunités pour une Afrique de demain prospère. Il a réitéré l’engagement des Nations unies à soutenir les efforts des gouvernements et de leurs partenaires dans le renforcement de la culture pour la paix et le développement.
Les thèmes : «Les grandes perspectives à l’horizon 2040 ; quelle gouvernance mondiale dans un avenir proche, ont été développés respectivement par le directeur de l’Institut des futurs africains (IFA), Pr Alioune Sall et le directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), Pascal Boniface. L’ancien Premier ministre guinéen, Kabinè Komara, s’est lui aussi penché sur les enjeux stratégiques de l’eau à l’horizon 2040».
Aminata Dindi
Sissoko
Source: Journal l’Essor-Mali