Le royaume chérifien a décidé de former 500 imams maliens à l’enseignement Malikite en vue de promouvoir un islam de paix et de tolérance au Mali. Le premier contingent est même déjà parti. Sauf que l’offre est jugée discriminatoire dans certains milieux Wahhabites du Mali lesquels dénoncent même une atteinte à la laïcité de la part de l’Etat.
L’annonce a été faite par le Roi du Maroc, Mohamed VI, le 19 septembre 2013 à l’occasion de l’investiture du président Ibrahim Boubacar Kéita. Le royaume chérifien dans le cadre de la promotion d’un islam de paix et de tolérance au Mali, après la grave crise à connotation religieuse que notre pays a connue, entend former les 500 imams à l’enseignement Malikite. Depuis, un accord entre les deux pays a formalisé la promesse royale avant que le ministre délégué chargé des Affaires religieuses et du Culte ne lance un appel d’offre.
Suite à cet appel d’offre, le premier contingent des 500 boursiers a été constitué et est depuis quelques semaines en terre marocaine.
Le courant Malikite étant désigné, ce sont donc les imams issus des approches « Tidianiya » et Soufisme qui sont donc concernés. Les Wahhabites se sont sentis exclus et certains ne manquent pas de dénoncer cette attitude de l’Etat malien.
Pour ceux-ci, qui ont préféré garder l’anonymat, le gouvernement malien ne devrait pas accepter ces genres de bourses qui posent les germes d’une division au sein de la religion musulmane dans notre pays.
« Oui à des bourses pour des imams, mais pas au profit du seul courant Malikite », disent certains. Ils expliquent qu’en acceptant une telle offre, l’Etat malien descend dans l’arène religieuse et montre sa préférence pour le courant Malikite. Toute chose qui est contraire aux principes de la laïcité de l’Etat lesquels recommandent une strict neutralité de l’Etat en matière de religion, disent-ils.
« La formation de 500 imams n’est pas mauvaise en soi. Mais, choisir spécifiquement un rite ou une tendance doit avoir des conséquences fâcheuses. De mémoire, le Royaume chérifien est dominé par la tendance wahhabite. Alors, pourquoi le choix entre tel ou tel rite pour une simple formation ? Si un autre pays venait à proposer une formation à l’endroit des musulmans maliens des rites wahhabites, l’Etat peut-il refuser ?», s’interrogent certains.
A en croire d’autres, la plupart des imams du premier contingent n’avait pas de mosquées.
Dans tous les cas, ces Wahhabites qui ne partagent pas cet avis de l’Etat pensent que le gouvernement devrait exclure la question de courant ou de rite dans cet accord car, ce serait un précédent dangereux si dans l’avenir le même Etat venait à refuser une formation proposée par un autre pays visant une autre tendance, comme le wahhabisme par exemple.
« Quoi qu’il en soit, ce coup est déjà parti, mais encore faudrait-il que l’Etat corrige les erreurs du passé. D’accord pour la formation, mais que l’Etat ne se laisse pas piéger par des questions de tendance. Depuis la nuit des temps, les différentes confréries musulmanes cohabitent sans le moindre heurt. Que l’Etat ne créé pas des problèmes là où il n’y en a pas », ont conclu nos interlocuteurs.