Les dirigeants algériens ne cessent de considérer le Mali comme le maillon faible dans la lutte contre Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI). Alger dénonce le faible engagement du gouvernement malien contre la menace terroriste, d’où ses réticences à partager les informations indispensables à la coopération régionale. La relation complexe de l’Algérie avec le Mali tient aussi à ce qu’elle est réputée avoir offert son soutien à certains groupes armés touaregs. Or Alger a toujours imposé sa médiation dans la conclusion des accords de paix des années 1990 et 2006. Rappelons qu’Al-Qaïda est créé, en 1988 par Ben Laden. Sa première opération se déroule, en 1989 avec des anciens combattants islamistes étrangers (Algériens, Égyptiens, Yéménites, Bosniaques, etc.)
Les connivences entre AQMI et Iyad Ag Ghali
Iyad Ag Ghali est un terroriste hybride, trafiquant, chef religieux, criminel et politicien. Ancien leader de la rébellion touarègue de 1990, Iyad a été converti au fondamentalisme islamique vers 1998, comme d’autres touaregs ifogha, par le mouvement d’origine indienne tabligh, présent à Kidal.
En 2012, n’ayant pu réussir à diriger le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), créé fin 2011, contrôlé par des militaires revenus de Libye et ne pouvant pas être Amenokal (chef traditionnel) des Ifoghas, il créé son propre mouvement touareg islamiste Ansar Dine. Le charismatique Iyad disposait d’une quadruple légitimité: fortune considérable acquise dans les trafics et les libérations d’otages, haute noblesse locale (lignage guerrier ifogha), chef spirituel local des Tablighs et prestige militaire de leader rebelle.
Il devient comme en 1990, le personnage clé de la rébellion de 2012: stratège et clé de voûte entre Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) et les autres groupes armés, qu’ils soient Touaregs (MNLA), Arabes (Mouvement islamiste arabe-MIA) ou pluriethniques à dominante peulh (Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO), groupe dissident d’AQMI, la brouille étant liée au partage inégal des rançons entre Arabes algériens et Noirs maliens. C’est en 2012 que les Peulhs ont rejoint le MUJAO pour se protéger des Touaregs Daoussak qui avaient alors adhéré au MNLA.
Algérie, France et Iyad Ag Ghali: Iyad Ag Ghali aurait de fortes accointances avec la France et l’Algérie
Il est arrivé à Tamanrasset à l’âge de sept (07) ans avec ses parents, poussés vers le Nord par la sécheresse des années 1970 au Mali. Après avoir obtenu la nationalité algérienne, il y travailla en tant que mécanicien dans une entreprise du bâtiment. Il quitte la ville à la fin des années 1980. Puis, y retourne à plusieurs reprises, notamment en 2006, Iyad Ag Ghali portait une longue barbe, lors des funérailles de l’ancien Amenokal du Hoggar. Il s’est fanatisé avant même qu’il ne soit Consul du Mali à Djedda, en Arabie Saoudite. Bien qu’allié aux djihadistes, Iyad a été plusieurs fois à Alger, y est bien connu pour avoir vécu à Tamanrasset.
La France serait son fournisseur en équipement militaire (attaque de la délégation de Moussa Mara à Kidal, en 2014, les armes utilisées portaient la marque du fusil français FAMAS. Une piste d’atterrissage en terre battue en plein désert est utilisée par les services secrets français, depuis les années 1990, pour évacuer les blessés touaregs en direction de Niamey ou pour autres besoins.
Et Amadou Kouffa dans tout cela ?
Le Front de libération du Macina serait une branche locale d’Ansar Dine, dirigée par le prédicateur peulh Amadou Kouffa, qui aurait adhéré à la Jamma Tabligh, depuis 2004 et aurait effectué à ce titre un séjour au Pakistan. L’apparition du groupe État islamique (EI) dans un paysage terroriste se référant essentiellement à Al-Qaïda. Le groupe Al-Mourabitoune de Belmokhtar s’est ainsi récemment scindé en deux, dont une faction a rallié l’EI, avec Abou Walid el-Saharaoui, émir de l’État islamique au Grand Sahara (EIGS). Iyad Ag Ghali aurait aussi rencontré cet émir, en 2018.
La mise en œuvre de l’accord d’Alger sera source de partition du Mali
Elle prévoit que les présidents des régions, dotés de larges pouvoirs seraient directement élus au suffrage universel au lieu de l’être par l’Assemblée régionale. Ceci devrait être vigoureusement dénoncé comme source d’éclatement du Mali. Le sondage Afrbaromètre de 2017, sur 1 200 Maliens interrogés, montre que déjà 38% d’entre eux pensent que leur pays sera amputé à l’avenir (77% le pensent à Gao).
Selon la Fédération internationale des Droits de l’homme (FIDH), en 2016, il y a eu 385 attaques terroristes au Mali, ayant coûté la vie à au moins 332 personnes dont 207 civils et, au cours du premier trimestre de 2017 au moins quarante-cinq (45) attaques terroristes ayant causé la mort de 110 militaires.
Rassemblées par la Rédaction
Inter De Bamako