Tu sais, cousin, j’aime de te voir tiré à quatre épingles. Dans ton boubou, que tu es beau ! Je voudrais te dire que tes magnifiques boubous te vont à ravir. Ils me laissent pantois et me font rêvasser dans le même temps. Et pas que moi seul !

Je ne saurais dire autant de tes costumes. Nonobstant leur griffe, tes costumes ressemblent bizarrement à un sac, dans lequel ta beauté est comme ensevelie. Peut-être que tu penses ainsi pouvoir cacher ton bedonnant ventre. Il ne pouvait l’être autrement, ton ventre, puisqu’il supporte tellement de délices de la mondanité. C’est le fruit de la belle vie, en un mot comme en cent.

Je sais que tu n’es plus jeune, à beaucoup près, sinon tu aurais choisi des costumes près-le-corps qui auraient eu l’avantage de dessiner ta belle silhouette. Cela dit, cousin, il ne faut pas avoir la tête près du bonnet (se mettre en colère). Je t’assure, avec ton physique, de belles créatures féminines auraient craqué sur toi, cousin adoré. Je sais aussi que, du haut de ton trône de pacha, tu n’as qu’à demander pour être servi. Tu as une sacrée chance, mon cousin d’amour.

C’est vrai, je le reconnais, je suis un peu jaloux de toi. Mais je reste sur le constat que notre beauté d’épouse devrait te recommander vivement tes boubous stylés, qui ont fait chavirer l’âme de tant de play-boys…
Autant te le dire, tu es dans ton «costard» comme dans un sac. Je sais que tu comprends mieux la langue de Molière que moi, pour que je veuille te dire ce que cela veut dire. L’élégance s’offusque du défaut de goût.

Cousin, s’il m’arrivait de participer à une course en sac (divertissement public, dans lequel on fait courir, pour un prix, des gens dont les bras et les jambes sont enfermés dans un sac), tu peux en être sûr, je penserais à t’emprunter un de tes costumes pour l’utiliser comme sac. J’aurais ainsi belle et fière allure. Au contraire de toi, dans ton costume stylé, mais trop ample pour mettre en valeur ton physique d’enfer !

Issiaka SISSOKO

Source: Le Reporter