Les détails de la rencontre de Ryad n’ont pas encore été définitivement finalisés mais il ne fait aucun doute qu’elle constitue une aubaine pour le G5 Sahel qui peine encore à boucler son premier budget. Sur les 423 millions d’euros prévus, le gap est encore de près d’une centaine de millions d’euros alors qu’il ne s’agit que de l’enveloppe nécessaire pour la première année de l’opération militaire conjointe qui piétine encore. Il va falloir combler le budget et surtout mobiliser davantage de fonds pour les prochaines années car l’initiative qui comporte un autre « développement » en plus de la réponse militaire est partie pour s’étaler sur plusieurs années.
A Ryad, les dirigeants du G5 Sahel pourront donc mobiliser de nouveaux partenaires du Golfe notamment les alliés de l’Arabie Saoudite comme les Emirats arabes unis qui se sont également engagés pour une enveloppe de 30 millions d’euros.
Au Sahel, une nouvelle coalition pour épauler le G5 Sahel
Le plaidoyer d’ Emmanuel Macron auprès de l’Arabie Saoudite est donc en train de payer. C’est en tout cas ce que l’on met en avant à l’Elysée où l’on se réjouit de « la logique d’engagement opérationnel des Saoudiens et d’autres pays sur la prise en compte et la lutte contre les vecteurs du financement du terrorisme et de l’extrémisme ». Il faut dire que l’Arabie Saoudite est déjà engagée dans une vaste coalition internationale de lutte contre le terrorisme dans laquelle tous les pays membres du G5 Sahel se sont alignés. A priori, l’engagement de l’Arabie Saoudite peut s’inscrire dans cette logique qui rejoint également la lutte que mène la France contre le financement du terrorisme.
Des enjeux communs qui s’amplifient davantage avec la pression qu’est en train de mettre le chef d’Etat français pour une opérationnalisation effective de la force avec comme objectif fixé par Macron, « des victoires militaires dès le premier semestre 2018 ». Le weekend dernier, Emmanuel Macron était à Niamey au Niger pour visiter les troupes de la force Barkhane mais aussi s’entretenir avec son homologue nigérien Mahamadou Issoufou sur cette nouvelle coalition qui se dessine au dessus de la Force G5 et dont les mécanismes ont été définis au mini-sommet de Paris. « Nous étions ensemble à Bamako au mois de juillet dernier quand ces forces opérationnelles ont été lancées, accélérer ce mouvement, ce fut l’objet de la réunion tenue le 13 décembre dernier à La-Celle-Saint-Cloud avec l’ensemble des chefs d’Etat du G5 Sahel, les ministres et plusieurs de nos partenaires » a rappelé le chef d’Etat français lors du point de presse qu’il a conjointement animé avec le président nigérien.
« Nous avons mis en place ce que nous avons alors appelé la coalition Sahel dans un esprit de parallélisme justement avec la coalition internationale au Levant. Cette coalition a vocation à aider justement les forces du G5 Sahel, à travailler sur le plan opérationnel en coopération étroite avec l’opération « Barkhane » mais à agréger des financements venant justement de bailleurs internationaux, l’Union européenne, de différents pays européens, de pays du Golfe et de pouvoir se déployer le plus rapidement possible ». Emmanuel Macron
La France donc à la manœuvre et désormais l’Arabie Saoudite aussi. Le 30 janvier prochain, une réunion des ministres en charge de la défense de la France, des pays membres du G5 Sahel et des autres partenaires se tiendra à Paris pour finaliser les détails opérationnels du décaissement des fonds annoncés et du déploiement des troupes avant une autre conférence des donateurs le 23 février à Bruxelles pour boucler définitivement le budget.
Par afrique.latribune.fr