Les chefs d’Etat des cinq pays membres du G5 Sahel se retrouvent la semaine dernière au siège de l’Onu où ils ont une fois de plus plaider la cause de leur force conjointe. C’est la conséquence de la mini-tournée diplomatique de 3 jours qu’a entreprise le président en exercice de l’Organisation sahélienne, le chef de l’Etat Ibrahim Boubacar Keita auprès de ses pairs du G5 Sahel.
Avec un seul objectif en ligne de mire : mobiliser les financements nécessaires pour permettre à la force d’être effectivement opérationnelle dans les plus brefs délais.
Le président IBK a engagé une course contre la montre pour affiner un plaidoyer commun en faveur de la force conjointe du G5 Sahel à l’occasion de la réunion qui lui a été consacrée, cette semaine à New York, en marge de la session ordinaire dont les assises se sont tenues au siège des Nations unies.
En trois jours, IBK s’est entretenu avec ses pairs de la sous-région avec lesquels ils ont défini la stratégie à adopter pour convaincre la communauté internationale de leur apporter leur soutien à la mise en œuvre de cette force militaire d’au moins 5 000 hommes destinée à « lutter contre le terrorisme et l’insécurité dans le Sahel ».
Lundi dernier après avoir reçu à Bamako son homologue mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz, le chef d’Etat malien s’est envolé pour le Tchad où il a rencontré le président Idriss Déby avant d’atterrir à Niamey puis de boucler sa tournée à Ouagadougou chez Roch Marc Chritian Kaboré.
A Niamey tout comme à N’djamena et dans la capitale burkinabé, le président en exercice du G5 Sahel n’a pas fait l’économie des raisons de sa mini-tournée express. « Je suis venu à Niamey pour échanger avec mon frère et ami du Niger Issoufou Mahamadou sur notre organisation commune qu’est le G 5 Sahel. Nous avons décidé d’unir n )os forces face aux défis communs », a expliqué le président IBK lors du point de presse qu’il a conjointement animé dans la capitale nigérienne avec son hôte du jour. « Nous avons eu cette imagination, ce bonheur de concevoir un outil de mutualisation de nos moyens en constatant que chacun des cinq Etats pris individuellement dans ce combat asymétrique contre le terrorisme ne dispose que des moyens dérisoires », a rappelé IBK qui a par ailleurs ajouté qu’à travers cette mutualisation de « nos éléments souverains de puissance, nous aurons plus de force, de vitalité et même de capacité d’imagination, de riposte et d’anticipation pour bien mener la guerre qui nous est imposée ».
La tournée a été un véritable succès pour le président en exercice du G5 Sahel car IBK a pu convaincre l’ensemble de ses pairs du G5 Sahel à faire le déplacement de New York.
Mission accomplie pour IBK
Les chefs d’Etat du G5 Sahel sont donc allés à New York avec des arguments qui plaident en faveur de leur force conjointe et c’est ce qu’ils ont défendu ensemble devant la communauté internationale. « Il ne faut pas que les gens croisent les bras pour nous observer. La communauté internationale doit se mobiliser pour venir en aide aux pays du G 5 Sahel afin que cette force conjointe ait les moyens d’accomplir sa mission », a plaidé le président nigérien qui s’appuie sur l’expérience concluante enregistrée dans le cadre de la lutte contre Boko Haram.
La mise en œuvre de la force a certes reçu le soutien du Conseil de sécurité à travers une résolution adoptée le 22 juin dernier mais sans véritable mandat et comble d’infortune, le financement n’a pas suivi. Sur un budget prévisionnel de 420 millions d’euros par an, seul l’Union européenne (UE) a consenti à débloquer 50 millions d’euros. La France a certes promis 8 millions d’euros plus un soutien matériel, mais il sera étalé dans le temps. Les cinq pays membres du G5 ont également mis la main à la poche en mettant 10 millions d’euros chacun sur la table. Le compte est loin d’être atteint car l’enveloppe disponible actuellement n’atteint même pas le quart du budget estimé alors que les opérations militaires devraient débuter dans les prochaines semaines.
A New York, les chefs d’Etat membres du G5 Sahel ont donc une nouvelle occasion de faire leur plaidoyer et de la réaction de la communauté internationale dépendra l’avenir de la force conjointe.
Pour le chef de l’Etat, qui a inauguré samedi dernier le QG de la force conjointe basé à Sévaré dans le centre du Mali, le temps est venu de passer à l’action. Les récentes attaques au Mali, au Burkina et au Niger ainsi que le climat d’insécurité permanent dans lequel baigne toute la région en raison de la montée en force des groupes terroristes imposent aux pays d’aller de l’avant.
Amadou Sidibé
(avec la Tribune Afrique)
Source: lesechos