Après avoir vu naître sur son sol en octobre 2016 la première «Charte contraignante de l’UA sur la sécurité maritime en Afrique», le Togo constitue depuis ce 30 juillet le point de départ d’un renouveau historique dans la coopération sécuritaire et multisectorielle entre la CEDEAO-et la CEEAC, au terme du 1er Sommet conjoint entre les deux sous-régions.
Le 1er Sommet conjoint CEDEAO-CEEAC tenu ce 30 juillet à Lomé autour des défis sécuritaires communs aux deux entités sous-régionales a débordé sur son programme initial, au regard de l’acuité et de l’importance des défis abordés par le huis-clos présidentiel. Le long communiqué final issu des travaux de ce 1er Sommet conjoint balaye un large spectre d’actions urgentes à entreprendre pour relever les défis sécuritaires communs aux populations des deux sous-régions.
Dans une «Déclaration dite de Lomé», les chefs d’Etat de la CEDEAO et de la CEEAC ont pris l’engagement de se concerter dorénavant annuellement sur les questions de paix et de sécurité de leurs sous-régions.
Avoir une vision partagée des menaces et une approche commune des solutions à y apporter est l’esprit de la «Déclaration de Lomé sur la paix, la sécurité, la stabilité et la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent» dans la CEDEAO et la CEEAC. La mise en œuvre des résolutions contenues dans cette «Déclaration précitée» repose essentiellement sur «les acquis de la coopération entre la CEDEAO et la CEEAC dans les domaines de la sécurité et la sûreté à travers le Centre interrégional de coordination» issu des décisions du Sommet conjoint du 25 juin 2013 à Yaoundé (au Cameroun sur la sécurité maritime).
Preuves de la détermination des Chefs d’Etat de la CEDEAO et de la CEEAC à prendre à bras-le-corps les questions sécuritaires dans leurs deux ensembles régionaux, ils ont décidé de mettre sur pied un Comité ministériel de suivi de la «Déclaration de Lomé».
Ce Comité doit se réunir une fois par an pour examiner les avancées dans la mise en œuvre des décisions adoptées dans le consensus de Lomé. Ce consensus relève d’un minutieux examen par le huis-clos présidentiel du 30 juillet 2018 de la situation sécuritaire dans les deux sous-régions.
Des décisions concrètes face à un péril sécuritaire permanent !
Au sortir du 1er Sommet conjoint de Lomé, le raffermissement de la coopération sécuritaire entre la CEDEAO-CEEAC est désormais un acquis certain qui est dans toutes les têtes et tous les esprits. Les dirigeants de ces deux communautés qui représentent environ la moitié des Etats de l’UA (Union africaine) et rassemblent plus de 531 millions d’âmes sont même allés au-delà du simple cadre des défis liés à la paix et à la sécurité ; en plaidant pour un soutien massif de la communauté internationale dans la mise en œuvre de leurs résolutions de ce 30 juillet !
Via le consensus de Lomé, les Chefs d’Etat se sont engagés «à coopérer pour mettre sur pied un Mécanisme d’alerte précoce ouvert à la société civile, aux femmes et aux jeunes» des deux sous-régions pour porter un regard critique sur leur gouvernance politique qui mettrait en péril les acquis régionaux ou inter-régionaux de paix et de sécurité.
L’adoption prochaine «d’un cadre de convergence sur les principes constitutionnels dans la CEDEAO et la CEEAC» participe aussi de cette dynamique. Il en va de même pour le renforcement envisagé avant la fin de l’année 2018 de la coopération anti-criminalité entre les deux communautés économiques régionales. Tout comme, sur un terrain économique, de «la création de pôles moteurs de croissance, générateurs de revenus dans les deux sous-régions».
La situation sécuritaire chaotique en Libye et ses fâcheuses répercussions au nord et au sud du Sahara ont particulièrement retenu l’attention des chefs d’Etats durant leur rencontre conjointe de Lomé.
Ces dirigeants ont de ce fait émis le vœu «d’une sortie rapide de crise dans ce pays», en remettant en selle les missions de bons offices du Président Sassou Nguesso dans le dossier libyen. Par ailleurs, le Sommet conjoint de Lomé a voulu frapper un grand coup diplomatique en plaidant vivement pour que la force du «G5 Sahel soit placée sous le chapitre 7 des Nations Unies», tout en saluant l’engagement et l’action de la force Barkhane au Sahel.
Un appel pressant des Présidents de la CEDEAO et de la CEEAC au personnel politique congolais pour «un respect de l’Accord du 31 décembre 2016 pour une sortie de crise en RDC» ainsi qu’un autre appel à accompagner le redressement de la Centrafrique constituent d’autres aspects marquants de la «Déclaration de Lomé» qui veut passer des promesses aux actions.
Le prochain Sommet conjoint CEDEAO-CEEAC est programmé sur 2020 au Tchad.
Edem GADEGBEKU
La rédaction