Les rideaux sont tombés sur la quatrième Conférence ouest-africaine sur l’agriculture écologique et biologique dont le thème était « Opportunités émergentes de l’agriculture écologique et biologique : Opportunités pour les développements nationaux et régionaux en Afrique », le mercredi dernier à l’hôtel Mandé. De recommandations pertinentes dont la désignation du pays hôte de la prochaine conférence ont sanctionné les travaux de Bamako.
La rencontre de Bamako, malgré le chemin parcouru et les succès enregistrés dans le développement de l’AEB sur le continent africain et en Afrique de l’Ouest en particulier, reconnait que le sous-secteur est encore confronté à de nombreux défis qui ont pour noms, entre autres : la recherche, la documentation et la communication sur ses avantages ; l’insuffisance d’infrastructures de connaissances (recherche, vulgarisation, enseignement) sur l’AEB ; la dépendance de l’AEB des systèmes semenciers conventionnels ; le coût élevé de la certification bio et des produits issus de l’agriculture biologique ; l’inexistence ou insuffisance du marché intérieur ; le manque d’information et d’engagement des consommateurs dans la promotion de l’AEB ; la perception dominante erronée de l’AEB comme une option de luxe, moins pertinente pour l’Afrique ; l’absence ou faible de politiques nationales en faveur de l’AEB, etc.
Sur l’ensemble des préoccupations évoquées, les participants sont parvenus à la conclusion que la meilleure stratégie pour relever les principaux défis susmentionnés reste l’institutionnalisation de l’agriculture écologique et biologique.
Ainsi, il ressort des recommandations que l’institutionnalisation de l’AEB doit tenir compte de la complexité du contexte écologique, économique, politique et socioculturel de l’Afrique et de la région ouest-africaine en particulier, et s’intégrer dans une perspective holistique, inclusive en intégrant la diversité de catégories d’acteurs (décideurs politiques, ONG, secteur privé, recherche/universités, vulgarisation/conseils, organisations de producteurs, associations de consommateurs) du niveau supra au sub-national et vice-versa.
Ainsi, au niveau régional, la rencontre de Bamako a recommandé, sous le leadership de AfrONet et de la Plateforme Ouest africaine de l’AEB, le développement d’un standard régional ouest africain sur l’agriculture écologique et biologique à l’image du Kilimo-hai en Afrique de l’Est afin de baisser le coût de la certification et ouvrir la voie à la possibilité d’un standard unique africain à moyen terme qui aura plus de légitimité politique en termes d’accréditation par l’Union européenne, les États-Unis et le Japon qui constituent aujourd’hui les principaux marchés des produits bio en particulier ; la mise en place d’une coalition régionale sous l’égide de la CEDEAO et du CORAF/WECARD pour l’intégration des principes et valeurs de l’AEB dans les mécanismes et initiatives régionales de développement agricole (recherche-développement, vulgarisation-conseils, commerce) ; la mise en place d’un système régional d’information sur le marché pour les produits de l’AEB plus de transparence et l’amélioration des relations d’affaires dans les chaînes de valeurs agricoles écologique et biologique.
Quant au niveau national, les recommandations ont porté sur l’intégration de l’AEB dans les lois et politiques d’orientation agricole et la prise de décrets et d’actes administratifs valorisant le terroir, les paysages et intégration de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche, et de la foresterie de même que le caractère sacré de la vie (Produire sans détruire) ; le renforcement du dialogue entre la science, la politique, et la société par la promotion de la transdisciplinarité et de l’approche éco-systémique dans la recherche et le développement agricole ; la réforme de l’enseignement et de la vulgarisation par l’intégration des valeurs, principes et standards de l’agriculture écologique et biologique dans les curricula de formation à tous les niveaux d’enseignement général et technique.
De même, la 4e conférence ouest-africaine de Bamako recommande la consécration de 1 % des budgets nationaux à la promotion de l’AEB ; le renforcement de la place et de la position des femmes et des jeunes dans l’agriculture écologique et biologique par la facilitation de leur accès à la formation et l’information sur l’agriculture écologique et biologique.
Au niveau local, il a été recommandé notamment l’appui institutionnel à la promotion du Système participatif de garantie (SPG) pour favoriser le développement du marché local des produits de l’agriculture écologique et biologique ; la valorisation des spécificités socioculturelles, de la tradition et des connaissances des communautés locales dans le développement de l’innovation agricole ; l’intégration des principes de l’agriculture écologique et biologique dans les plans de développement communaux.
Tout en félicitant les autorités maliennes et la commission d’organisation pour la réussite de la 4e conférence ouest-africaine sur l’AEB à Bamako, les participants ont désigné le Ghana comme hôte de la prochaine rencontre en 2019.
En conclusion, il a été demandé à tous les participants et les partenaires techniques et financiers à œuvrer pour la mise en œuvre diligente des présentes recommandations.
Par Sékou CAMARA
Source: info-matin