Le cinéaste a-t-il vu juste ? Oui ! Ce visionnaire par la force du 7ème art s’est positionné comme un prophète de son époque. En réalité, le Voile Secret emporte le cinéphile dans la réalité des sociétés africaines. C’est un tableau magnifique de notre société bamakoise mais aussi un pan “des traditions” au village ! Djibril et Aïda sont amoureux l’un de l’autre, mais le père de Aïda, un homme aisé, ne veut pas donner sa fille en mariage à un mécanicien qu’il traite de “vaurien”! “Le voile secret “ nous dévoile une société sous plusieurs formes, avec points d’achoppement : la cupidité, le mensonge, la soif de l’argent. Les personnages de Maman Salimata et de Chef Sangaré illustrent cela aisément. Le dernier est un Caïd de la drogue et du sexe “marchandé” et la première n’hésite pas à sacrifier la virginité de sa propre nièce et a proposé une autre nièce en mariage contre beaucoup d’argent!
Ces thèmes controversés, mais réels dans notre société contemporaine, riment avec d’autres problématiques comme : l’amour, la compassion, l’amitié vraie, le sexisme, la “place” donnée à la femme dans notre société, le mariage précoce, les grossesses non désirées, l’avortement clandestin, l’œil de la société (le qu’en dira-t-on) etc. « Le Voile Secret » s’installe en maître des jeux sur l’échiquier du cinéma africain. Avec un scénario élaboré avec précision et une trame qui dénonce des faits d’actualité à fort impact, cette nouvelle production malienne signée du Groupe Arc En Ciel donne un goût de tout nouveau tout frais d’un cinéma malien engagé.
Le contenu transporte les téléspectateurs dans un univers aménagé pour séduire au maximum. L’image, le son, les plans, les acteurs, et surtout le scénario apportent une certaine fraîcheur au film et le positionne à un niveau considérable sur le marché du cinéma malien mais également africain. L’image est clean et s’associe parfaitement à l’environnement et au contexte du film. Même si les plans aériens ne sont pas toujours top, avec le côté qualité de l’image, la production confirme que ce film peut conjuguer avec l’esthétique. Le son est agréable, pour donner moins de peine à nos oreilles.
Paul Y. N’GUESSAN
Source: Bamakonews