Suite à leurs différentes rencontres relatives aux difficultés que la filière bétail-viande, ces temps-ci, et l’échec des négociations entamées avec les services techniques de l’élevage et de la pêche par lettre Circulaire N° 01/2017, du 5 octobre 2017, la Fédération nationale des groupements interprofessionnels de la filière Bétail-viande du Mali (FEBEVIM), le SYNEMAB, le Syndicat des bouchers, la Fédération nationale du lait (FENALAIT), le SYNELPROV, la FIFAM, l’Union des pêcheurs, projettent d’observer une grève de 72 heures (du vendredi 13 au dimanche 15 octobre 2017), sur toute l’étendue du territoire national.
Dans une lettre d’information et de demande de participation aux actions qui seront engagées, dans les jours à venir, en date du 5 octobre dont nous nous sommes procuré une copie, le président de la Fédération nationale des groupements interprofessionnels de la filière bétail viande au Mali (FEBEVIM) demande à l’ensemble des acteurs de l’accompagner pour l’aboutissement de ses revendications sur la table du ministre de l’Élevage. Autant dire que la menace de grève en l’air ne concerne pas que le seul secteur du bétail et de la viande. Il s’agit également des vendeurs du poisson, de la volaille, des pêcheurs… En effet, le 28 septembre dernier, les membres de la Fédération Bétail-viande du Mali (FEVEIM) avaient tenu une grande assemblée générale au Garbal (marché à bétail) de Niamana, au cours de laquelle, il a été décidé de saisir les autorités compétentes pour trouver des solutions urgentes à leurs difficultés, notamment la recrudescence de la violence physique sur les éleveurs et leur bétail dans la zone de Filamana (Yanfolila).
À défaut, ils se réserveraient le droit d’observer une grève du secteur sur l’ensemble du territoire national.
Lors de cette assemblée générale, des victimes directes, venues pour la circonstance, ont fait des témoignages quant à l’atrocité avec laquelle, des éleveurs et propriétaires de bétail font l’objet de la part des populations de Filamana dans le cercle de Yanfolila.
Il ressort de la lettre de la Fédération nationale des groupements interprofessionnels de la filière Bétail-viande au Mali (FEBEVIM) aux présidents des autres corporations, dont nous nous sommes procuré une copie, la satisfaction de certaines revendications par les autorités nationales. Lesquelles revendications qui leur sont déjà parvenues à travers le département de tutelle. La FBVIM exige, dans sa lettre, entre autres l’application stricte de la Loi portant sur la Charte pastorale sur toute l’étendue du territoire malien ; l’impliquer des acteurs de la filière dans toutes les prises de décision les concernant ; la résolution de façon définitive du problème entre éleveurs et agriculteurs dans le Wassoulou ; la sanction des auteurs des exactions subies aux éleveurs et leurs biens pendant le mois de septembre 2017 à Filamana ; le dédommagement des victimes ; la réduction des postes de contrôle sur les axes routiers afin de diminuer les tracasseries de la police, douane, gendarmerie. Parmi les doléances figure également la mise à disposition des points de vente aux marchands de bétail dans toutes les communes du District de Bamako.
Ces revendications précisent la correspondance ont été transmises au ministère de l’Élevage et de la pêche.
Troisième contributeur aux recettes d’exportation du Mali, après l’or et le coton, le sous-secteur de l’élevage et de la pêche, selon les sources officielles, contribue à hauteur de 19 % dans le PIB de notre pays.
Selon les mêmes sources, l’élevage contribue à hauteur de 80 % des revenus pour les pasteurs et 18 % pour les agropasteurs et constitue la principale source de revenus pour plus de 30 % de la population de notre pays et si l’on prenait en compte tous les échanges informels, la part de l’élevage dépasserait largement ces estimations évoquées.
Cependant, il bénéficie moins de 2 % du budget national et seulement 8 à 12 % de la part du budget alloué au secteur du Développement rural.
Par ailleurs, l’effectif du cheptel de notre pays, de source officielle, est estimé à 11 millions de bovins et 36 millions d’ovins/caprins. Ce qui place le Mali au 1er rang des pays d’élevage de la zone UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine) et le 2e pays après le Nigéria dans l’espace CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) par l’importance des effectifs.
Malgré tout, le sous-secteur de l’élevage malien, notamment la filière bétail-viande, est confronté à de nombreuses difficultés qui ont conduit ses acteurs à projeter une grève de 72 heures, à compter du vendredi prochain.
En tout cas, les conséquences d’un débrayage dans le secteur (s’il a effectivement lieu) seront désastreuses, non seulement pour l’économie nationale, mais surtout pour la population qui sera privée de viande, lait, poisson, volaille ou œuf, pendant trois jours.
En tout cas, d’ici là, toutes les parties prenantes sont interpellées afin de trouver des solutions idoines à ces différentes préoccupations de la filière au grand bonheur des consommateurs qui sont les principales et vraies victimes de cette grève.
Affaire à suivre…
Par Sékou CAMARA
Source: info-matin