Après plusieurs semaines de jeûne et d’abstinence du lever au coucher du soleil, les fidèles musulmans du monde et particulièrement du Mali, vont dans quelques jours célébrer la fête marquant la fin du mois de ramadan. L’Aïd el-Fitr ou la fête musulmane est un moment de réjouissance, de convivialité et surtout de partage, mais aussi une période caractérisée par de grosses dépenses à savoir l’achat des habits pour les enfants et les membres de la famille et l’acquisition du bœuf qui servira de repas de fête.
L’ambiance qui prévaut au niveau des ateliers de couture dans la Cité des Balanzans, est loin d’être festive. Moins d’animation et de sollicitations de la part des clients, les maîtres tailleurs dénoncent le marasme ambiant qui règne dans leurs ateliers. Lundi 27 mai, journée ensoleillée, dans l’atmosphère étouffante de l’après-midi, attablé sur une chaise, Cheick Ahmed Tidiane accepte d’arrêter un moment ses machines à coudre pour répondre à nos questions. Ce passionné de la couture, exerce ce métier avec beaucoup d’abnégation et de courage depuis une trentaine d’années.
Selon Cheick Ahmed Tidiane, cette année, l’ambiance dans les ateliers de couture est plutôt morose et les affluences des clients restent désespérément maigres. Il nous explique avec fougue que les affaires ne marchent pas du tout. Cheick Ahmed Tidiane révèle que certains tailleurs qui font du commerce et la couture en même temps, arrivent à tirer leur épingle du jeu en cette période. « Dans la ville de Ségou, les ateliers qui enregistrent le plus grand nombre de clients sont ceux dirigés par des femmes. Elles disposent d’un carnet d’adresses bien rempli, un atout qui permet à ses dernières de vendre leurs étoffes déjà cousues au niveau des services », indique-t-il.
L’autre problématique soulignée par Cheick Ahmed Tidiane a trait au paiement de l’impôt qui lui donne le tournis. « Non seulement les affaires ne marchent pas, il est difficile de nous acquitter de cette taxe, dont le montant reste exorbitant », déplore-t-il. Néanmoins, Cheick Ahmed Tidiane reconnaît que tout bon citoyen doit payer l’impôt. Il urge selon lui, de revoir le montant. Notre interlocuteur explique qu’à l’orée de la célébration de la fête de ramadan, la plupart des commandes concernent les habits d’enfants. Pourquoi ? A en croire Cheick Ahmed Tidiane, face aux difficultés économiques, il est difficile pour bon nombre de personnes d’acheter des vêtements pour toute la famille. La priorité est donnée aux mômes », souligne-t-il, tout en précisant qu’actuellement, la situation est morose et les tailleurs tentent tant bien que mal de survivre au jour le jour.
A l’atelier de couture de Mohamed Traoré, sis au quartier Médine, les clients manquent à l’appel. Ce jeune couturier nous explique que cette année, il a enregistré moins de commandes de couture de pagnes et de bazins. « Les clients se font rares », dit-il. Concernant le prix des coutures, Mohamed Traoré fait savoir qu’il varie entre 4000 et 10 000 Fcfa pour le bazin brodé. Notre interlocuteur reconnaît qu’avec cette chaleur intense, il n’est pas aisé de travailler. Cependant, il déplore le fait que certains clients attendent encore le dernier jour pour apporter leurs tissus.
Dans l’atelier de Bouya Dicko au quartier Bougoufiê, un silence pesant régnait sur les lieux. Plusieurs habits pour la plupart des tissus Wax cousus étaient bien rangés et attendaient désespérément leurs propriétaires. Comme ses prédécesseurs, Bouya Dicko estime que les affaires marchent un peu. En cette période qui rime avec l’aménagement du temps de travail, Bouya Dicko débute son activité à 8H00 pour finir à 04H du matin. Si certains clients tardent à déposer leurs coupons, il explique que cette situation est due en grande partie au manque de moyens. Au moment où nous rencontrions Youssouf Malé, gérant d’atelier de couture au quartier Dar Salam, l’horloge affichait 17 heures. Lui et son apprenti apportaient les dernières touches sur quelques vêtements. Pour Youssouf Malé, le prix de la couture est abordable et varie selon les modèles. A l’en croire, le problème demeure certains clients qui tardent à venir récupérer leurs habits faute d’argent pour payer les frais de couture.
Mamadou SY
AMAP-Ségou
Source: L’ Essor