Les 21, 22 et 23 juin 2019, le village de Doubabougou (que d’aucuns nomment Dougabougou, situé à une dizaine de km de Kati) a refusé du monde, tant l’affluence a battu tous les records jusqu’ici enregistrés. Trois jours durant, des contingents arrivaient de Kati, Bamako, de l’intérieur et l’extérieur du pays depuis l’Europe et l’Amérique.
Pas que des Maliens, mais de simples citoyens aux hautes personnalités de différentes nationalités africaines et étrangères.Tous ont pris l’engagement de répondre présents à cette 23ème cérémonie commémorative de la disparition du Saint de Doubabougou El Hadj Cheick Siramakan Diarra dit Bablé ou Doubabougou Karamoko qui ne nous a jamais quittés. Ses bénédictions nous accompagnent auprès de son digne fils El Hadj Adama Diarra, l’héritier exemplaire sur les pas de son illustre père.
On pouvait lire la satisfaction sur tous les visages, et la joie de la mission accomplie dans les yeux de El Hadj Adama Diarra bien qu’il soit secoué par les nombreuses sollicitations en intermittence avec les prières, les lectures de coran et autres méditations pieuses.
Imams, marabouts, chefs religieux et talibés ont procédé à la lecture du Coran de vendredi à dimanche, jour de la cérémonie officielle des sacrifices qui commémore le départ de Bablé. Racine Sall et de nombreux chanteurs de Zikr ont animé de bout en bout l’événement.
Les adeptes de Soufi Bilal étaient très nombreux à la cérémonie, avec un accoutrement symbolique. Pour tout ce monde, il y a eu à boire et à manger délicieusement : la viande de bœuf, de mouton, la chair de poulet, de pintade, du poisson, tout était au rendez-vous. Et aussi du haricot bien huilé pour les Traoré.
En marge de la cérémonie, nous avons interrogé des participants qui ont bien voulu témoigner pour vous.
Racine Sall : Je viens pour demander la miséricorde du Bon Dieu sur le Saint Cheick Siramakan Diarra. Je sollicite du Bon Dieu qu’il apporte une réponse positive à mes préoccupations. Et chaque année je constate que le Bon Dieu exauce mes vœux à travers les réponses positives à mes préoccupations.
Oumou Diarra et Ramatou Diarra : Nous sommes venues en remplacement de notre père. Chaque année notre père venait ici, il est décédé cette année. Nous sommes venues pour chercher des bénédictions.
Fatoumata Konaté : Kanabougou (Kati). Je suis venue pour travailler dans le cadre de la parenté qui me lie à la famille Diarra. La mère de Siramakan, Nassira Konaté, est la tante à nos pères qui sont les deux Soungalo Konaté, Samba Konaté, Koman Konaté, donc Adama est mon frère. Il y a du monde à accueillir, je suis venue pour apporter mon aide. Je salue tous ceux qui ont effectué le déplacement. Je souhaite la miséricorde de Dieu pour Bablé. Je remercie Adama et ses frères. Que Dieu leur accorde longue vie. Que ce soit continuel dans la santé et la longévité pour Adama, ses frères, tous les amis. Je remercie les épouses de Adama, et souhaite à toi le journaliste, santé et longévité. La salutation finale à tous : AssalamAleykoun, waramatoulaye, wabarkatouhou.
Les prêcheurs ont insisté sur les valeurs humaines recommandées par l’Islam, notamment la piété, le respect de la parenté, etc. Ainsi dira un prêcheur, si tu as mal suite à la coupure d’un couteau, ce n’est pas à cause du sang qui coule, ni de l’air, ni du muscle blessé ou du nerf tranché, c’est parce que le corps pleure la séparation de deux parties soudées.
C’est pourquoi il ne faut pas de séparation entre parents. Ensuite il donnera un exemple de vie familiale très instructif. Dans cette famille, trois frères s’occupaient en partage des dépenses sous l’autorité du père. Le premier enfant était agriculteur et s’occupait de fournir les produits vivriers. Le second était un éleveur et devait fournir un animal à abattre à l’occasion des réceptions. Le troisième, un commerçant, se charger de payer les frais de condiments. Quand le père est décédé, la mère a pris la relève comme autorité dirigeante. A la mort de leur maman, il a fallu trouver celui qui prendra la relève. Difficile équation à résoudre. Alors le grand frère a proposé de consulter sa femme cette nuit, ainsi que ses frères doivent procéder de même l’un après l’autre les deux nuits suivantes.
A son épouse, cette première nuit, le grand frère, cultivateur, dit à sa femme qu’il a décidé de se séparer de ses frères qui ne font que vivre sur son dos. La femme a ainsi répondu : ” Je croyais que tu ne t’en rendais pas compte.
Mais mieux vaut tard que jamais. Tu ne sais d’ailleurs pas à quel point ces deux-là te dénigrent une fois que tu tournes le dos “. Ce fut pareil entre le second, éleveur, et sa femme. Mais quand le benjamin a parlé de séparation, sa femme a sèchement répondu : ” C’est très bien, mais je te prie de me donner juste le temps de faire mes bagages, ensuite tu informeras tes frères de ta décision. Cela ne se passera jamais en ma présence.
Dès cet instant, tout est fini entre toi et moi “. Aussitôt la femme a plié ses bagages pour foncer vers la porte. Le mari s’interpose énergiquement pour l’empêcher de sortir. L’épouse résiste, son mari ne cède pas non plus. Le tiraillement se poursuit jusqu’à réveiller les deux frères et leurs épouses. L’aîné demande à savoir ce qui se passe. Le benjamin explique que sa femme s’oppose à l’idée de la séparation et jure de s’en aller pour que cela ne se passe pas en sa présence. Aussitôt l’aîné a décidé que le benjamin est désormais tout désigné comme l’autorité dirigeante.
Selon le prêcheur, non seulement la séparation est déconseillée dans la fratrie en particulier et dans la parenté en général, en plus la femme se doit d’être tolérante, au-delà d’être patiente. Si elle est seulement patiente, cela veut dire qu’elle se résigne faute de moyens d’action. Si elle est tolérante, cela veut dire qu’elle est capable d’agir mais préfère s’abstenir sans rancune. Et c’est en cela que ses enfants en tirent tout le bénéfice. Des femmes ont été patientes dans le mariage mais leurs enfants n’ont pas connu la prospérité, c’est parce que ces femmes n’ont pas toléré, a dit le prêcheur. En bambara, tolérance signifie ” sabali ” et patience veut dire ” mougnou “.
Par ailleurs, les prêcheurs ont révélé des hauts faits des prophètes, ce qu’ils ont enduré, etc. Aussi, a révélé un prêcheur, si dans les décomptes on attribue trois à l’homme et quatre à la femme, c’est parce que le prophète Mahomet (PSL) a eu trois fils et quatre filles. Et aucun de ses fils n’a pu grandir, tous sont morts avant d’atteindre trois ans. S’ils avaient grandi, ils deviendraient des messagers, or Dieu a dit que Mohamed (PSL) est le dernier messager.
Bref, durant ces trois jours Doubabougou a été un haut lieu d’instruction et de recueillement, à travers chants et récits, lecture de coran et bénédictions.
Nous ne cesserons jamais de le dire, ce qui se passe continuellement à Doubabougou, c’est parce que El Hadj Cheick Siramakan Diarra dit Bablé a été un modèle, une référence à travers ses hauts faits spirituels. Il a purifié les cœurs, soigné les malades, soulagé les misérables, semé la prospérité et beaucoup de bonheur au sein des populations aussi proches que lointaines. Et Bablé n’a jamais quitté ce monde, car avant de prendre repos de ce terre, il a laissé un enfant, son dauphin spirituel, El Hadj Adama Diarra qui, en occupant le trône de son défunt père, continue de satisfaire les nombreuses personnes qui viennent lui demander secours. Et d’année en année, il rassemble un nombre croissant de personnes à Doubabougou.
Ce qui est important à savoir, c’est que si Bablé a disparu de notre vision, il demeure toujours en notre compagnie. Comme dit l’adage, les morts ne sont pas morts. Bablé reçoit les demandes pour votre bien-être : la richesse, la chance, le progrès, le succès, la santé, mais jamais de malveillance. Et Bablé a transmis ses secrets à El Hadj Adama Diarra. Bref, Dougabougou demeure un vivier des miracles et du repentir. Dieu est avec Bablé et son fils. Louange à Allah!
Dors en paix Bablé !
Mamadou DABO
Zenith Bale