Les travailleurs licenciés de la compagnie Air-Mali-SA courent toujours après leurs droits auprès du Groupe Aga Khan 5 ans après la faillite de la société. Ils demandent également à l’Etat, la création d’une nouvelle compagnie aérienne nationale pour leur permettre de travailler. Afin de satisfaire le besoin d’une compagnie aérienne au Mali, le gouvernement, à l’époque, avait mis en place une commission à cet effet. C’est ainsi que Air Mali, anciennement appelé Compagnie Aérienne du Mali (CAM, code AITA: 15) est devenue une société mixte de droit malien créée en 2005 et dont le capital de 3 milliards FCFA était détenu comme suit: 20 % par l’État, 51 % par le Réseau Aga Khan et 29 % par des investisseurs privés maliens.
Selon les compressés, les actionnaires ont profité de la mise en sommeil de la compagnie pour procéder à sa dissolution et à la liquidation de ses biens sans indemniser les employés qui n’ont bénéficié que du droit correspondant au licenciement pour motif économique.
Selon Mamadou Kida, Technicien en aviation, c’est suite aux évènements de mars 2012 que la direction de la compagnie SN Air Mali, sous l’impulsion de son partenaire stratégique, le Groupe Aga Khan, avait proposé dès le 18 octobre 2012, un plan de restructuration de la société. Mais celui-ci n’a pas été approuvé par l’Etat. Ainsi, trois (3) mois après, le Conseil d’Administration du 11 décembre 2012 a décidé de mettre en sommeil la compagnie pendant neuf (9) mois.
Pour cela dit-il, ils ont décidé de procéder au licenciement du personnel pour motif économique sauf le directeur qui était resté pour assurer la continuité de la boîte.
« Le motif économique invoqué étant réel, la Direction Régionale du Travail, conformément aux dispositions de l’article 277 du code du travail, a autorisé le licenciement des travailleurs tout en demandant à la compagnie de procéder au payement des droits auxquels ils peuvent prétendre. Aussi les travailleurs licenciés devaient bénéficier de la priorité d’embauche dans la même catégorie pendant deux ans en cas de reprise des activités. Malheureusement, ils ont été victimes d’un licenciement abusif, après les deux ans », a déploré Mamadou Kida. Qui ajoutera qu’à leur grande surprise, à la date du 2 mai 2014, soit 15 mois après, les actionnaires de la compagnie ont décidé, au cours d’une assemblée générale extraordinaire, de procéder à la dissolution anticipée de la compagnie et à sa liquidation. Mais bien avant indique-t-il, le directeur général de ladite compagnie, qui était resté jusqu’alors le seul travailleur demeurant à son poste, a été désigné plus tard patron d’Air Burkina. Laquelle compagnie utilise désormais les équipements de SN AIR-Mali SA.
Les ex-travailleurs fondent leur espoir sur le nouveau ministre des Transports
A en croire M. Kida, cette mesure a eu comme conséquences, la vente aux enchères de ses biens, le transfert des aéronefs et de leurs pièces de rechange au Burkina, l’exploitation des avions sous immatriculation malienne hors du territoire et l’organisation des vols conjoints avec Air France. Aujourd’hui dit-il, ils se demandent qui a profité de la somme issue de ces cessions de biens. Cette mise en veille après l’échec de la restructuration n’était donc pour lui, qu’un jeu monté par les actionnaires qui ont profité de la crise de 2012 et de la mise en veille comme couverture afin d’abuser de l’Etat ainsi que des droits des travailleurs. Un plan diabolique qui leur permettrait sans doute, d’échapper au payement des indemnités normales de licenciement des travailleurs. Selon lui, la liquidation des biens de la société a fait perdre à l’Etat plusieurs milliards FCFA.
Pour Mamadou Kida, de nos jours, la création d’une compagnie aérienne pour le Mali est une nécessité. Car le Mali doit avoir sa propre compagnie gérée par les Maliens. Aussi pour lui, il est inadmissible qu’un pays comme le Mali avec deux avions, demeure sans une compagnie nationale.
Mieux, ces avions devaient être équipés par un personnel à 100% malien puisque du personnel qualifié ne manque pas au Mali dans ce domaine.
D’après M. Kida, les travailleurs ont interpellé tous les ministres qui se sont succédé au département en charge des Transports et aucun d’eux n’a donné suite favorable à leurs doléances qui tournent autour de trois points essentiels. Il s’agit du payement du reliquat de leurs droits de licenciement, leur redéploiement comme prévu dans la lettre de licenciement qui leur avait été remise par le conseil d’administration de l’entreprise et la création diligente d’une nouvelle compagnie aérienne au sein de laquelle, ils seront prioritaires à l’embauche. Ces doléances tombent au moment où une nouvelle compagnie aérienne est annoncée dans le ciel malien pour reprendre la place de la SN AIR-Mali SA.
L’espoir des compressés repose désormais sur le nouveau ministre des Transports, Moulaye Ahmed Boubacar qui, en prenant part au 30ème sommet de l’UA à Addis-Abeba, s’est réjoui de la décision de l’UA de créer un marché unique africain du transport aérien visant à libéraliser l’aviation civile sur le continent Africain et à y impulser une intégration économique plus poussée.
Moussa Sékou Diaby
Le Tjikan