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Faits divers : I – L’OFFENSIVE-ÉCLAIR DES ARNAQUEURS

Le scénario que l’escroc proposa à S. était sans faille et la victime fut persuadée qu’elle allait réussir l’affaire de sa vie

faits   incroyable  logo faits diversIl nous faut tout d’abord démentir un préjugé. Beaucoup pensent que les victimes d’arnaque sur le web sont des personnes d’un niveau d’instruction modeste, peu instruites des complexité de la vie moderne et donc avalant sans méfiance les balivernes que leur débite un escroc beau parleur. Ce portrait-type est entièrement faux. Les arnaqueurs, comme nous l’avons dit hier, ont considérablement affiné leurs techniques. Ils prennent le temps d’étudier leur cible, savent faire la proposition qui accrochera l’attention de leur proie et surtout ont l’habilité de procéder de sorte que le client ait l’impression de mener la danse. Bien des intellectuels, raisonnables et réalistes, se sont ainsi laissés piéger par des gens assez habiles pour exploiter leurs petites faiblesses. Car les escrocs n’ont pas besoin de grand-chose pour lancer leur opération. Il leur suffit de créer la première brèche qu’ils élargiront ensuite. C’est ce qu’ils ont fait avec S.

Celui-ci – tout comme K. le personnage central de notre histoire d’hier – est un de nos lecteurs qui a tenu à partager avec nous l’expérience qu’il a vécue. Une expérience qui l’a mené au bord de la catastrophe. Il s’est rebiffé de justesse et a recouvré à temps sa présence d’esprit. Mais comme on le dit, le boulet n’est pas passé loin et S. a voulu, lui également, mettre en garde les accros du net sur les dangers qu’ils courent sur la toile. Nous vous proposons aujourd’hui la première partie de son histoire.
Notre interlocuteur, qui peut désormais juger à froid de l’habileté de ceux qui ont tenté de le piéger, donne un avis catégorique. « La prolifération des réseaux sociaux, indique-t-il, a accouché d’une nouvelle race d’escrocs très organisés, audacieux et rusés ». S. a aussi eu le temps de reconstituer l’organisation de la bande entre les griffes de laquelle il était tombé. « Ils sont quatre dont une jeune femme à opérer dans la même salle. Ils se répartissent trois zones géographiques du pays et donnent l’impression à leurs victimes qu’ils sont basés hors de Bamako », nous a-t-il indiqué. S. nous a aussi donné le nom des sites les plus prisés des escrocs. Il nous a précisé que chaque site est fréquenté par une catégorie sociale bien précise. Si bien que les escrocs ont déjà une idée du profil des victimes qu’ils ciblent. Ils ne laissent donc aucun détail au hasard. C’est pourquoi ils atteignent un tel niveau d’efficacité une fois qu’ils déclenchent leur opération.

UN CHALEUREUX « ÇA VA ? ». La bande qui avait jeté son dévolu sur S. avait une manière particulière de procéder. Autant la préparation était méticuleuse, autant l’opérationnalisation était simple et directe avec la recherche rapide de résultats décisifs. Ainsi le premier contact que la victime aura avec la bande est une jeune femme, le seul élément féminin du groupe. La séductrice se fait remarquer par le jeu de photos qu’elle poste et qui attire aussitôt l’attention. Intelligemment, la demoiselle écarte les prétendants qui ne lui semblent pas assez raffinés. « Cette jeune fille cherche toujours quelqu’un de sensible, qui serait prêt à lui faire la cour. Généralement ce type d’homme se rencontre chez les néophytes du web », a brièvement expliqué S. La mission essentielle de l’« éclaireuse » est de recueillir le maximum d’informations personnelles sur la cible et d’obtenir de son correspondant un contact direct (c’est-à-dire son numéro de téléphone).
Une fois sa mission accomplie, la jeune fille se retire du jeu. Mais elle prend soin d’éviter une rupture brutale qui désarçonnerait le contact qu’elle a réussi à séduire. Elle trouve un prétexte pour suspendre momentanément leurs échanges et ne manque pas de multiplier à l’endroit de son correspondant les déclarations de tendresse et d’affection. Ce sera au tour de ses complices de prendre le relais avec deux éléments précieux en mains, les renseignements personnels sur la cible et les contacts de celle-ci. Dans le cas de S., les escrocs lancèrent la deuxième phase de leur opération très tôt un matin. D’après la victime elle-même, elle dormait encore à poings fermés lorsque son portable se mit à sonner. Il était sept heures passées de quelques minutes. Etonné par cet appel matinal, l’homme fit quand l’effort de décrocher et se préparait à envoyer promener l’« imposteur », comme il avait qualifié l’appelant. Mais les premières paroles de son interlocuteur le sortirent des brumes du sommeil. S’exprimant avec beaucoup d’assurance, l’escroc qui se disait s’appeler Ali lança un chaleureux « Ça va ? » avant d’appeler S. par son nom et par son prénom. Il s’adressait à son interlocuteur comme si tous deux se connaissaient depuis des lustres.
Ali ajouta, sans permettre à son correspondant de l’interroger, qu’il avait connu S. à Lafiabougou depuis des années. Peut-être que ce dernier ne le reconnaîtrait plus, dit-il, car cette période datait de plusieurs années déjà. S. était littéralement débordé par les manifestations d’amitié de l’autre. Il se contentait de répondre mécaniquement aux salutations qui lui étaient adressées. Une fois les amabilités expédiées, l’escroc entra de plein pied dans le motif de son appel. « Nous avons une urgence, indiqua-t-il à S., et j’ai une très bonne affaire à te proposer de laquelle tu peux tirer avec des millions de francs CFA. Tout commence aujourd’hui. Tu feras tout pour m’envoyer ensuite ma part. OK ?  ». Ali indiqua qu’il travaillait actuellement à Gao pour le compte de la MINUSMA et il avait trouvé une affaire qui pourrait rapporter gros, pourvu qu’elle soit abordée avec sérieux.

L’ARGENT NE SERAIT PAS UN PROBLÈME. Sentant qu’il avait désormais toute l’attention de S., Ali expliqua à son correspondant que son patron était un colonel de l’armée française, servant également à la MINUSMA. L’officier se préparait à retourner à Paris pour une urgence. Il ferait une escale à Bamako pour un projet qui lui tenait à coeur. Le colonel voulait faire construire un hôtel 4 étoiles dans la capitale malienne. La mission de S serait de lui conseiller une « très grande entreprise de construction », capable de réaliser cet ambitieux projet. Ali précisa que l’officier disposait déjà d’un titre foncier sur un terrain sis à la zone ACI 2000. L’escroc Ali fit semblant d’être « honnête » avec S en lui disant que c’était lui-même qui avait recommandé son ami à son patron. « Je lui ai vanté surtout tes qualités humaines et professionnelles », assura-t-il. Donc, le colonel le rencontrerait à Bamako avec l’espoir qu’il ne serait pas déçu de ses prestations. Ali donna à S. l’adresse de l’hôtel où il devait rencontrer le Français. Puis avant de conclure, il assura son interlocuteur que ce dernier aurait sa commission lorsque les deux hommes parviendront à s’entendre pour travailler ensemble. Il s’empressa de recommander à S. de lui envoyer sa part de bénéfices par une agence de transfert d’argent Avant de raccrocher, Ali annonça à S. que le fameux colonel le rappellerait lui-même pour lui donner de plus amples informations sur la suite de cette affaire juteuse qui leur profiterait à tous.
Secoué par cette très bonne nouvelle matinale, S retint son souffle un moment. Il se voyait déjà multimillionnaire. Le scénario, qui lui avait été exposé, avait été tellement bien monté que notre homme n’eut aucun doute sur l’affaire providentielle que l’on lui proposait. « J’étais absolument satisfait d’avoir eu un si bon réveil matinal. J’ai même failli entrer sous la douche avec mon téléphone de peur que le colonel ne m’appelle pendant que je me baignais », a-t-il reconnu avec un sourire ironique.
A peine S. eut-il terminé de prendre sa douche que son téléphona sonna de nouveau. C’était l’appel du colonel annoncé par Ali et auquel il s’attendait d’un moment à l’autre. Au bout du fil, l’appelant qui s’exprimait comme un Français de souche lui confirma tout ce que le nommé Ali lui avait dit auparavant. Il expliqua à S. que son « ami » avait insisté sur ses qualités professionnelles et son sérieux au travail. Le colonel expliqua qu’il avait besoin d’une entreprise rigoureuse, avec de vrais professionnels du bâtiment, pour la réalisation de son hôtel à la zone ACI. La mission de S. serait de trouver l’oiseau rare. L’officier assura que l’argent ne serait pas un problème. « Je tiens à la réalisation de ce projet, conclut-il. Dès que j’arrive ce soir à Bamako, je ferai en sorte que nous nous rencontrions au plus tôt pour que je puisse te remettre le plan de l’hôtel et te montrer le terrain à l’ACI 2000 ».
Avant de raccrocher, le colonel assura son interlocuteur qu’il lui laisserait « quelque chose entre les mains » pour que S. puisse effectuer les démarches pour la réalisation du projet. Après qu’ils se soient séparés, notre homme avoua qu’il remercia longuement Dieu le Tout Puissant pour lui avoir enfin « ouvert les portes du bonheur ». Cela à un moment où il ne s’attendait à une affaire aussi importante. Comme nous l’avons dit, les escrocs avaient pratiqué une tactique qui ressemblait à la guerre-éclair. En quelques heures, ils avaient réussi à convaincre S. qu’il était sur le point de faire l’affaire de sa vie.
Ce fut donc le cœur en fête que S se prépara à rejoindre son lieu travail en attendant de rencontrer l’officier en provenance de la Cité des Askia. Dans sa tête, quelques heures seulement le séparaient du bonheur tant recherché.

(à suivre)
MH.TRAORÉ

source : L’ Essor

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