Ils avaient formé un réseau qui leur permettait d’écouler armes et munitions sur le marché noir. La collaboration de la population a permis aux limiers de démanteler le groupe
Pour avoir une police performante dans la cité, les limiers s’appuient généralement sur un réseau de renseignements dont l’efficacité ne fait l’objet d’aucun doute. Ainsi, les résultats engrangés sont, dans la plupart des cas, satisfaisants. Le commissaire Yaya Niambélé et ses éléments du 16ème arrondissement viennent de faire la preuve de toute l’efficacité de leur « collaborateurs extérieurs ». Les policiers professionnels de cet arrondissement ont récemment démantelé une bande de trois malfrats. Ces derniers étaient spécialisés dans le trafique d’armes, de munitions et d’accessoires de guerre.
Il s’agit de NB, HD et AP. Connus et reconnus par les policiers comme de véritables bandits de grand chemin, ces trois individus font partie de cette catégorie de malfrats qui ne reculent devant aucun obstacle pour obtenir ce dont ils ont besoin. Ils n’hésitaient pas à faire usage de leurs armes à feu, lorsqu’ils sentaient que leurs intérêts étaient menacés par des intrus comme les collaborateurs des policiers. Selon nos sources, il c’est l’un de ces « pions » de la police qui a usé de tous les stratagèmes possibles pour vendre la mèche aux limiers qui ont fini par mettre le grappin sur la bande des trois, à un moment où ces derniers s’y attendaient le moins. Le « pion » avait étroitement travaillé avec les populations qui ont effectivement collaboré pour que la cité soit débarrassée de ces déchets sociaux.
Nous étions le 8 août dernier. Ce jour-là, le « collabo » anonyme a alerté sa base pour lui filer des informations par rapport à la présence d’individus suspects d’être de véritables trafiquants d’armes dans un des secteurs de Sirakoro- Méguetana, à la périphérie de la ville de Bamako. L’informateur anonyme avait donné des bribes d’informations dont l’analyse obligeait les limiers à agir avec toute l’efficacité requise en pareilles circonstances. Nantis de ces renseignements quasi-irréfutables, les éléments de la Brigade de recherches sont entrés dans la danse. En professionnels, ils ont exploité la piste ouverte par leur « Pion » pour traquer les suspects.
Collaborateurs extérieurs efficaces
Peu de temps après avoir réuni le maximum de renseignements, les éléments de l’Unité des recherches sont descendus sur le terrain avec la ferme volonté de mettre la main sur les malfrats suspectés. En quelques heures de guet en plein jour, les enquêteurs ont constaté que les informations données par leur « Collabo » ne souffraient de l’ombre d’aucun doute. Ils se sont donnés le temps de voir plus clair pour prendre les suspects les mains dans le sac.
Lorsque les policiers ont eu la preuve formelle que deux des trois suspects étaient bel et bien impliqués dans de trafique d’armes et de munitions, ils les ont aussitôt interpellés. Ces deux bandits ont été plus tard identifiés comme NB et HD. Ils ont été, dans la foulée, conduits dans les locaux de la police sans autre forme de procès, pour en savoir davantage sur leur travail à la suite de leurs interrogatoires.
Preuves quasi-irréfutables
L’audition du duo a permis de comprendre un fait qui ne faisait que les charger davantage. Quelques temps plus tôt, à leur arrivée, les limiers avaient constaté que, très discrètement, les deux suspects étaient engagés dans un vif échange. Avec le temps, les enquêteurs ont finalement compris que HD s’apprêtait à acheter des chargeurs vides de pistolet-mitrailleur avec NB. Ce dernier s’avérera par la suite être l’un des principaux fournisseurs du marché noir. Ainsi, les preuves étaient réunies pour les interpeller, afin de comprendre à fond ce marchandage d’un autre genre auquel ils s’adonnaient en plein jour. C’est ainsi que, en fouillant beaucoup plus en profondeur, les policiers ont mis la main sur dix chargeurs vides de pistolets mitrailleurs.
Avec cette découverte, ils ne pouvaient s’arrêter en si bon chemin. C’est ainsi qu’ils ont mené des investigations plus poussées. Celles-ci leur ont permis de comprendre que NB était non seulement le chef de la bande criminelle, mais aussi et surtout, qu’il entretenait, toujours dans le cadre d’achat-vente d’armes, un lien avec des djihadistes qui évoluent dans certaines régions du pays.
En plus de tout cela, s’il faut croire nos sources à la police, le même suspect travaillait en complicité avec des leaders de groupes armés aussi bien à Bamako qu’à Sévaré dans la Région de Mopti. Pire que tout çà, il s’est avéré que NB se ravitaillait en armes non seulement auprès de certains revendeurs sur le « marché noir », mais aussi avec des porteurs d’uniforme servant dans la même région. Puis, sans état d’âme, il les revendait à des groupes armés, évoluant sur place.
Au cours de son audition, il n’a pas hésité à lâcher le nom du porteur d’uniforme avec qui il s’approvisionnait en armes pour ensuite les revendre. Devant les Officiers de police judiciaire (OPJ), le suspect a avoué avoir vendu de nombreuses armes de guerre courant 2020-2021. à propos de son dernier achat d’armes, à la suite duquel il a été interpellé, le malfrat a confirmé qu’il a déjà cédé un fusil mitrailleur (FM) à son client à raison de 3,5 millions de Fcfa.
Au cours de son interrogatoire, l’homme a cité le nom de plusieurs de ses complices résidant aussi bien à Bamako que dans la Région de Mopti. Nos sources confirment d’ailleurs que certaines de ces armes seraient tombées entre les mains de groupes d’auto défense dans des localités où ces derniers sévissent dans la région ci-dessus citée. Ainsi de questions à réponses, le suspect a eu des difficultés à nier quoi que ce soit. Et par des techniques dont ils détiennent seuls le secret, les limiers ont fini par mettre la main sur tous les membres du groupe.
Face aux preuves irréfutables, aucun d’eux n’a nié les faits. La cause était entendue pour le trio de trafiquants d’armes et de munitions. Les limiers n’ont pas traîné avec leur dossier. Tout comme lors de leur interpellation, le dossier de ces invétérés trafiquants d’armes et de munitions ont été également traités avec la même diligence, afin qu’ils puissent rapidement répondre de leurs actes devant la justice. Ils ont été tous déférés devant le Procureur général près du Tribunal de grande Instance de la Commune I du District de Bamako aux fins de droit. Le commissaire de police, Yaya Niambélé, n’a pas passé sous silence la bonne conduite de la population qu’il a, de passage, remercié pour sa pleine collaboration. Chose qui, s’il faut le croire, a permis d’obtenir ce résultat. D’où cet appel à leur intention, de signaler toujours tout cas suspects.
Yaya DIAKITÉ
Source : L’ESSOR