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Fait divers : LES FAUSSAIRES EXPLORENT UN NOUVEAU MARCHÉ

Les lecteurs assidus de cette rubrique peuvent en témoigner. A de nombreuses reprises, nous nous sommes élevés contre la facilité souvent déconcertante avec laquelle les documents d’identité s’acquièrent dans notre pays. Cette particularité fait les affaires de tous ceux qui pour des desseins inavouables essaient de se faire passer pour des ressortissants maliens. Notre pays accueille de nombreux ressortissants étrangers qui ne sont malheureusement pas tous d’honnêtes gens et qui payent mal en retour la facilité qu’ils ont de s’établir et de se faire accepter ici. La porosité de nos frontières n’est pas pour favoriser une vérification très stricte des entrées et elle booste indirectement la recherche de papiers maliens, qu’il s’agisse de cartes d’identité, de passeports, ou de permis de conduire. Pour venir à bout du phénomène, les autorités policières sont particulièrement vigilantes sur la question des papiers indûment établis, cela malgré des moyens d’investigation souvent insuffisants.

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Mais à côté des délivrances de complaisance, il y a d’autres moyens de se faire donner une identité malienne. Notamment avec l’aide des faussaires dont les techniques de confection de documents officiels se sont considérablement améliorées ces derniers temps. Ces producteurs de faux documents sont d’une inventivité étonnante et à peine les policiers décèlent-ils une filière que les petits malins s’arrangent pour en monter une autre plus sophistiquée et dont les produits sont plus difficiles à détecter.

Notre histoire du jour relate un cas un peu à part. Tout comme sont un peu à part les faussaires qui en sont les personnages principaux. Au lieu de fabriquer des documents administratifs de notre pays pour les vendre à des Maliens qui veulent être en règle en payant moins cher, de jeunes ressortissants du Nigéria ont préféré changer de méthode de travail et de clientèle. Ils proposent des faux passeports CEDEAO et des permis de conduire non maliens. Les premiers portent la mention « République de Guinée ». Les seconds sont frappés du sceau du Nigéria.

Lorsqu’ils ont été arrêtés, les malfaiteurs ont indiqué qu’ils n’avaient aucune peine à écouler leurs « papiers » sur le territoire malien, précisément à Bamako. Ils plaçaient leurs permis de conduire à leurs compatriotes nigérians vivant au Mali. Les passeports, eux, étaient destinés aux ressortissants guinéens. Les faux documents étaient cédés sur le marché informel entre 20.000 et 25.000 FCFA l’unité selon les besoins du, ou des demandeurs. Le pot aux roses vient d’être découvert par les éléments du commissaire divisionnaire Adama S. Coulibaly « Chine » du 11ème arrondissement. Mis aux arrêts et après avoir passé quelques jours dans les locaux dudit commissariat, les faussaires, dont les dossiers sont déjà bouclés, devraient être envoyés devant les tribunaux pour répondre de leurs actes.

PAS FABRIQUÉS SUR PLACE. Après l’arrestation des deux faussaires de documents administratifs, les enquêtes policières se poursuivent pour déterminer si ces bandits opèrent pour le compte d’un réseau dont la tête se trouverait au Nigéria. Si tel n’est pas le cas, il faudrait savoir où et avec quel équipement travaillaient les faussaires. Comment toute cette affaire s’est t-elle présentée ?

Il y a quelques semaines de cela, le chef BR du commissariat du 11 ème, l’inspol Mohamed Coulibaly, recevait une alerte provenant d’un informateur établi à Kalaban coura, le secteur qui relève de l’autorité du commissaire divisionnaire Adama S. Coulibaly « Chine ». Sans vouloir entrer dans tous les détails, le «pion »  a pressé la BR de mener une enquête approfondie sur une bande de faussaires particulièrement actifs. Au chef BR, le pion expliqua que des faux documents constitués de permis de conduire et de passeport étaient en circulation. Jusque là, dans cette affaire, rien ne semblait sortir du délit ordinaire. Mais le fait qui avait fait tiquer l’informateur était que les documents proposés n’étaient pas ceux du Mali. En outre, ces documents s’adressaient à deux communautés étrangères installées en nombre relativement important dans notre pays. Enfin, ils donnaient l’impression de n’avoir pas été fabriqués sur place.

L’officier de police judiciaire a transmis ces bribes d’informations à son chef hiérarchique. Le commissaire divisionnaire Adama S. Coulibaly « Chine » instruisit à ses hommes de la brigade des recherches de prendre le dossier en main et de tout mettre en œuvre pour s’assurer des faussaires. Aussitôt, la machine des éléments de la BR s’est mise en branle. L’inspol Mohamed Coulibaly et certains des ses éléments ne perdront pas de temps pour avancer. Comme ils le font généralement, les limiers ont tissé leur toile tout autour du secteur dans lequel les malfrats ont opéré et sur lequel les policiers avaient déjà des informations plus ou moins précises. En quelques jours, la BR du 11ème Arrondissement parvint à mettre la main sur le premier faussaire. Nous tairons volontairement l’identité de ce dernier comme cela nous a été demandé par nos sources pour des raisons d’investigations pas encore entièrement bouclées.

L’homme arrêté ne pouvait en aucun cas nier ce qui lui reprocher, tant les preuves apportées par les policiers étaient irréfutables et accablantes. Pour se ménager la clémence de la Cour qui le jugera, le malfaiteur préféra se montrer coopératif et orienta sans se faire prier les policiers sur la piste qui pourrait les mener à l’arrestation de ses complices. Mais, avant de passer à table, le jeune homme a souhaité obtenir la garantie de l’anonymat pour, aurait-il dit, « préserver sa vie ». Une fois cette garantie peu habituelle obtenue, le suspect mettra effectivement les policiers sur une bonne piste. Une piste qui permettra de mettre la main sur un des hommes forts de la bande,  un certain Ranfor.

COOPÉRER AVEC LES POLICIERS. Les aveux du repenti firent découvrir aux policiers une affaire encore plus intéressante que prévu. L’OPJ Mohamed Coulibaly et ses éléments de la BR eurent très vite la conviction que le butin final serait des plus intéressants. Ils commencèrent procéder à une perquisition chez le nommé Ranfor. Cette fouille s’avérera payante à plus d’un titre. Elle a permis de rafler une quantité importante de faux passeports CEDEAO et de permis de conduire. Pour nous convaincre de l’importance de la découverte faite par ses hommes, le chef BR n’a pas hésité à nous montrer des échantillons de permis saisis chez le nommé Ranfor (70 documents ont été trouvés) et que la brigade des recherches détient comme pièces à conviction.

Coincé durant son interrogatoire, Ranfor ne pouvait pas lui non plus nier longtemps l’évidence. Après une saisie aussi significative de faux document chez lui, il n’avait que très peu de chance de s’en sortir. Au lieu de perdre inutilement son temps à réfuter l’irréfutable, il a, lui aussi, choisi de coopérer avec les policiers. Comme l’avait fait le premier suspect, Ranfor a à son tour dénoncé un autre complice, un certain Eddy, également ressortissant du Nigéria. Malheureusement pour eux, les limiers ne parviendront pas à lui mettre le grappin sur le troisième homme. D’après notre source, Eddy se serait enfui dès qu’il avait appris l’arrestation de ses deux complices.

Les enquêtes policières permettront de savoir que les faux documents (permis et passeport) étaient cédés à raison de 20.000 à 25.000 FCFA l’unité. Mais les prix pouvaient varier encore à la hausse, selon l’urgence du besoin exprimé par le client. Aujourd’hui les policiers concentrent leurs efforts sur la recherche du lieu de fabrication des faux documents. Toutes les hypothèses sont explorées. Même celle d’un réseau dont le champ d’action dépasserait le seul territoire malien. Il est possible que l’organisation des faussaires vise tout le « marché » de la CEDEAO.

Vu l’ampleur que cette affaire est susceptible de prendre, le compol Adama  S. Coulibaly « Chine » et ses hommes ont logiquement jugé nécessaire de travailler sur le dossier de façon collégiale en collaborant avec Interpol, structure dont l’expertise s’avère nécessaire pour déchiffrer les méandres de ce genre d’affaire. Les enquêtes sont pour le moment bouclées à ce stade, nous a-t-on dit à la police. Quant aux deux faussaires arrêtés pour le moment par le commissariat du 11ème Arrondissement, leurs dossiers ont déjà été ficelés. Selon nos sources, ils devraient (en principe) être transférés au tribunal ce lundi. Une chose est certaine. Vu la gravité des charges qui pèsent sur eux, aucun des deux hommes n’aura besoin pendant un bon moment ni d’un passeport, ni d’un permis de conduire.

MH.TRAORÉ

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